CRHNA http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr Centre de recherches d'histoire nord-américaine Wed, 23 Jun 2021 16:08:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7.2 121339144 Prix Jean-Baptiste Duroselle 2019 remis à Vincent Harmsen http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/prix-jean-baptiste-duroselle-2019-remis-a-vincent-harmsen/ Sat, 01 Feb 2020 15:44:17 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=577 Le mémoire de master 2 de Vincent Harmsen, « Quentin Roosevelt (19 novembre 1897-14 juillet 1918), pilote de guerre sur le front français : Une famille présidentielle et les relations franco-américaines », a été honoré par le prix Jean-Baptiste Duroselle 2019

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Réussites à l’agrégation d’histoire concours 2019 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/reussites-a-lagregation-dhistoire-concours-2019/ Wed, 03 Jul 2019 13:30:47 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=538 Le CRHNA est très heureux d’annoncer la réussite à l’agrégation d’histoire (2019) de Clément Berthier et Vincent Harmsen, respectivement 48e et 27e sur 72 reçus. Félicitations aux heureux lauréats.

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Un dernier mot … http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/un-dernier-mot/ Mon, 24 Sep 2018 04:30:58 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=522 Un dernier mot … par Annick Foucrier

 

Le poste de professeur d’histoire de l’Amérique du Nord (encore actuellement le seul en France dans un département d’histoire), a été créé en 1967 à la Sorbonne. Il a été occupé par Claude Fohlen jusqu’en 1988, puis par André Kaspi. C’est une grande fierté pour moi d’avoir succédé en 2006 à des membres aussi éminents de la communauté universitaire.

J’ai pratiqué l’histoire de l’Amérique du Nord définie comme celle des territoires occupés par les trois nations actuelles (États-Unis, Canada et Mexique), des origines à nos jours.

 

Un lieu exceptionnel

Ce fut pour moi un honneur et un bonheur « sans pareil » de fréquenter quotidiennement ces lieux dotés d’un supplément d’âme, dans une Sorbonne qui a su faire rayonner les connaissances et la réflexion. Le monde entier connaît la Sorbonne.

La salle F605 (la « bibliothèque Claude Fohlen – Amérique du Nord ») est d’abord une bibliothèque, fondée par Claude Fohlen avec l’aide inestimable des ambassades des États-Unis et du Canada. Depuis 2006 elle a accueilli divers dons : ceux de Claude et Jeannine Fohlen, de Jacques Portes, ainsi que le fonds de l’association France Louisiane, et compte à ce jour près de 10 000 ouvrages, dont beaucoup sont uniques en France.

Que soient remerciés les étudiants qui ont aidé à transporter les livres, à les inventorier avec l’aide des bibliothécaires (merci Alicia et Boris), ainsi que les ouvriers de l’université qui ont installé des bibliothèques, des étagères, et avec le vidéoprojecteur et le store-écran ont équipé la salle pour y permettre la tenue de séminaires très actifs.

 

Des étudiants enthousiastes

Dans ce lieu que beaucoup ont qualifié de « magique », j’ai eu le privilège de travailler avec de nombreux étudiants, d’ouvrir ces jeunes esprits à une meilleure connaissance de l’histoire de l’Amérique du Nord souvent réduite à des stéréotypes simplistes, de guider leurs premiers pas dans la recherche et d’encourager leur passion, pour les amener selon leur motivation et leurs possibilités jusqu’au master puis à la thèse. Et ce n’étaient pas seulement des jeunes de milieux favorisés, comme beaucoup se l’imaginent. J’ai eu parmi mes étudiants de nombreux boursiers, et la plupart devaient travailler pour payer leurs études. J’ai eu aussi des étudiants étrangers qui devaient surmonter en plus le handicap de la langue. J’ai aidé chacun à aller le plus loin possible.

Je les remercie vivement de m’avoir fait confiance. Leur présence m’a donné la force de surmonter les drames de la vie.

Avec l’aide d’Alain Dallo, j’ai voulu pratiquer une pédagogie innovante en master 1, un travail d’analyse statistique en histoire démographique, appuyé sur les recensements fédéraux pour Chicago. Il s’agit d’une recherche fondée sur l’utilisation de sources de première main et d’archives, dans le cadre d’un travail d’équipe, et qui a été suivie par un voyage d’une semaine à Chicago. Une aide financière de l’UFR d’histoire ainsi que de la Chaire des Amériques a rendu possible trois années de suite ce voyage. Qu’ils en soient remerciés.

Lorsque j’étais étudiante, Erasmus et les échanges interuniversitaires n’existaient pas. Grâce à ma bourse des IPES, au programme Greyhound 99$ pour 99 jours, et avec l’autorisation de mon enseignant référent (Merci Pierre Sorlin), j’avais pu prendre un semestre sabbatique et parcourir l’Amérique du Nord de l’est à l’ouest et du nord au sud et rapporter une moisson extraordinaire de souvenirs, d’observations, de diapositives, de rencontres, de questions, qui ont décidé de mon avenir. Dès mon arrivée à Paris 1 en 2006 j’ai été soucieuse de favoriser la mobilité des étudiants. J’ai fait entrer l’université  Paris 1 dans le consortium Micefa (Mission interuniversitaire de coordination d’échanges franco-américains) avec l’aide de Nancy Merritt, qui en était à l’époque la directrice, et dans le circuit des Congrès interuniversitaires Nafta. Comme déléguée à l’international de l’UFR d’histoire, j’ai pu travailler avec les collègues de la Maison internationale (mention spéciale à Véronique Ténèze qui n’a jamais ménagé son temps et sa peine) et les autres délégués d’UFR, dans cette si jolie villa art nouveau de la rue Arago. Les étudiants ne savent pas suffisamment le temps et l’énergie nécessaires pour leur permettre de réaliser leur rêve de séjour à l’étranger.

J’ai aussi eu grand plaisir à participer aux activités de la Commission franco-américaine Fulbright, avec Françoise Gaulme puis avec Arnaud Roujou de Boubée. Merci pour ce soutien si utile à l’élargissement de l’horizon mental des étudiants et à une meilleure compréhension mutuelle des jeunesses dans le monde.

J’ai apprécié la présence d’auditeurs libres dans les cours magistraux de licence, qui outre le mélange intergénérationnel fait partie de la mission de l’université de diffuser largement les avancées des connaissances.

 

La recherche internationale

Cette mobilisation de la recherche est un des pôles des activités du CRHNA, lieu actif de colloques, de journées d’études, de conférences, de réunion de groupes de travail avec des chercheurs d’autres universités de France mais aussi d’Europe, des États-Unis, du Canada et du Mexique.

Je suis reconnaissante envers les collègues qui m’ont aidée à m’améliorer constamment, ceux qui m’ont formée, ceux qui m’ont accompagnée, ceux qui continuent avec le même idéal de permettre à de jeunes esprits de réaliser leur potentiel, de devenir ce qu’ils sont.

 

Une carrière atypique et exceptionnellement longue

Ma carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. Pur produit de la méritocratie républicaine, progressant grâce aux concours (Ecole normale d’institutrices, IPES, Capes, Agrégation) et à la recherche (maîtrise, thèse),  j’ai eu la chance et le privilège de pouvoir apprendre, partager et de continuer à progresser toute ma vie.

 

Je souhaite de belles années d’enseignement et de recherche à Hélène Harter, élue professeur d’histoire de l’Amérique du Nord et directrice du CRHNA.

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Annonce du Xe colloque Mexico-Francia, 3-6 avril 2019 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/annonce-du-xe-colloque-mexico-francia-4-6-avril-2019/ Mon, 24 Sep 2018 03:56:10 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=518 Xe Colloque International «México Francia…» Mémoires et sensibilités : Regards sur les migrations franco-mexicaines. Du 3 au 6 avril 2019

 

Comité d’organisation

Annick Foucrier, Université Paris-I Panthéon-Sorbonne

Jean-Marie Lassus, Université de Nantes

René Ceceña, UNAM-France

Javier Pérez Siller, Benemérita Universidad Autónoma de Puebla

Informes y contacto:

E-Mail: Xcoloquemexicofrancia@gmail.com

 

Ce Xe colloque « México Francia » s’articulera autour des regards sur les migrations franco mexicaines à partir de trois axes :

– Nouveaux regards

– Construction des regards

– Dialogues avec l’historiographie mexicaine

 

Comité Scientifique

Claude Bataillon

Jacqueline Covo-Maurice

Annick Lempérière

Jean Meyer

 

Benemérita Universidad Autónoma de Puebla

Centro de Estudios Mexicanos, UNAM-Francia

Université de Paris-I Panthéon-Sorbonne

Université de Nantes

 

Cet événement permettra d’établir un bilan sur la construction d’un objet d’étude – le sens des migrations franco mexicaines dans l’histoire et la culture -, sur l’utilisation d’une perspective – la mondialisation – et sur l’utilité d’une problématique – la sensibilité générée par le phénomène de migration. En même temps, il offrira l’opportunité de situer les productions du projet « México Francia » dans l’univers de l’historiographie mexicaine – diffusée aux États-Unis, au Mexique et en Europe – afin d’évaluer ses apports, d’identifier ses limites et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche. Cette démarche apparaît nécessaire afin de rénover et de poursuivre une aventure intellectuelle qui fédère actuellement une cinquantaine d’historiens et d’étudiants issus d’universités mexicaines, françaises et étasuniennes.

Nous lançons un appel à la communauté scientifique pour réfléchir sur les regards, qu’ils soient endogènes ou exogènes, construits dans le champ de l’étude des migrations franco mexicaines et, ainsi, identifier leur contribution et leur sens, du point de vue de l’historiographie. Nous vous invitons à proposer vos communications pour le Xe Colloque International «México Francia» qui aura lieu du 3 au 6 avril 2019 dans les locaux de l’UNAM-France et Paris-I Panthéon-Sorbonne, à Paris.

Nouveaux regards

Il ne suffit pas de décrire ou de reconstruire le passé, il faut également s’efforcer de le penser, de l’interroger et de mettre en lumière les problèmes qu’il pose (L.Fevbre), de réfléchir sur la stratégie ou la poétique (G.Bachelard) de l’écriture pour transmettre ses résultats. Depuis quelques années l’étude sur les migrations franco mexicaines a trouvé sa place dans le vaste champ de l’historiographie et elle est considérée aujourd’hui comme un élément constitutif de l’histoire et la culture mexicaines.

Ce constat apparaît également chez les collègues européens et étasuniens dont l’intérêt pour les phénomènes migratoires en général (G.Noriel) ou plus particulièrement pour les migrations françaises vers les Amériques (Y.Frenette, H.Otero) se focalise sur des périodes déterminées – Intervention, Porfiriato, Révolution, Première Guerre mondiale – et sur des thèmes spécifiques comme la circulation des savoirs et des modèles (F-X. Guerra), les acteurs des migrations (Passeurs culturels, S. Gruzinski), les mécanismes de métissage et la citoyenneté (N. Green), les communautés, les associations et la vie quotidienne (A.Foucrier).

Ce colloque sera l’occasion d’explorer l’ensemble de ces perspectives, de révéler de nouvelles sources, de mettre en avant des problématiques de questionnement et, surtout, d’engager une vaste réflexion sur la construction des regards. Comment penser l’histoire des migrations franco mexicaines ? Quelles sources utiliser ? Quels éléments sélectionner pour son étude ? Á quelles échelles d’analyse ? Quelle place, quel rôle ont les migrations dans l’histoire et la culture franco mexicaines ?

Il nous importe de connaître des propositions de recherche et de réflexion sur les migrations au sens général qui utilisent différentes échelles d’analyse – flux migratoires, collectivités, entreprises, institutions, capitaux, objets, technologies, idées, modes, modèles – et proposent des approches novatrices afin d’alimenter une réflexion collective.

 

Grille d’analyse ou construction du regard ?

La proposition de recherche du projet «México Francia» s’appuie sur une conception à la fois singulière et élargie de «l’autre» (S.Todorov) : passé, individu et mémoire. Elle prend également ses racines dans des propositions méthodologiques complémentaires : la perspective de la mondialisation (F.Braudel, I. Wallerstein) et la problématique qui résulte de la construction des sensibilités (A.Farge, A.Corbin). Cet horizon conceptuel est naturellement alimenté par le cortège des nouveaux objets historiques qui se sont révélés ces dernières décennies – représentations, sentiments, passions – soulevant ainsi de nouveaux questionnements tels que : «affecter et être affecté» (M.Moroña, I.Sánchez Prado), les émotions (G.Vigarello), la relation entre les émotions et la mémoire (E.Traverso) ou encore la sagesse génératrice de plaisir et de douleur (J.Moscoso)…qu’il s’agisse des migrants qui arrivent avec de nouvelles aspirations ou de la communauté de réception qui se voit impactée par les étrangers.

Avec une intensité variable, l’ensemble de ces outils sont devenus un guide pour la recherche, une boussole qui oriente les réflexions et une stimulation pour écrire et transmettre les résultats de notre aventure intellectuelle. Le colloque sera une opportunité pour pratiquer une sorte d’«auto-histoire» (M.Agulhon) et s’interroger, à la lumière de sa production historiographique personnelle, sur l’usage de ces outils dans la construction d’un regard – une sorte de voyage intérieur – que chacun de nous a généré tout au long de ces deux décennies. Á quelle échelle appliquons-nous la perspective de la mondialisation? Quels indices, signes, causes ou conséquences pouvons-nous identifier dans cette perspective? Quelles sont les articulations observables entre migrations et mondialisation, entre tradition et modernité? Quelles hypothèses historiques soulèvent ces binômes? Comment pouvons-nous comprendre les affects, les émotions et les passions que les migrants ressentaient avant leur départ et comment percevaient-ils leur rencontre avec la communauté de réception? Comment ces sentiments et ces attachements étaient-ils représentés et quelle était leur signification?

La problématique de la construction des sensibilités, complexe pour ce qui est de sa définition, imprévisible quant à sa portée, créative dans ses propositions, pose beaucoup de questions. Comment l’utiliser pour l’histoire des migrations? Sous quels aspects se convertit-elle en guide pour la recherche, en prisme pour l’analyse, en stratégie d’écriture du passé? Jusqu’à quel point contribue-t-elle à expliquer les aspirations à la modernité induites par la francisation de la société mexicaine? Quels conflits d’interprétation provoque-t-elle? En d’autres termes, quelles pratiques mettons-nous en oeuvre pour construire un regard sur l’histoire des migrations? Et surtout, quel fut le parcours de ces pratiques historiques – entre permanences, transformations et déconstructions (J.Derrida) – qui ont produit ces regards?

Les sources : limites de la recherche ou enrichissement du regard ?

La majorité des membres qui animent le projet «México Francia» conçoit les sources comme une construction dans laquelle s’ordonnent les traces laissées par les hommes – authentiques ou non – avec les interrogations formulées par l’historien à partir du présent dans un horizon culturel déterminé (L.Febvre).

L’esprit qui anime le projet est de créer une communauté coopérative qui partage les sources et les questions dans le but de faire progresser la recherche. Dans cette perspective, il apparaît essentiel de promouvoir la collaboration avec le Centre des Archives Diplomatiques de Nantes (CDAN), les Archives Historiques et Diplomatiques de Mexico (AHDM) ainsi qu’avec les musées et les associations de descendants de migrants qui conservent des traces inestimables de leurs mémoires familiales. Dans le même temps, l’équipe de « México Francia » assure la diffusion de précieux documents à travers des publications – par exemple le Registre de la population française au Mexique de mai 1849, L’album d’honneur de tous les Français résidant au Mexique partis pour la France, 1914-1918 – ou en les proposant gratuitement en ligne sur le site du Laboratoire virtuel México Francia (www.mexicofrancia.org). Depuis son ouverture au public, en novembre 2009, le module Testimonios (témoignages) de notre laboratoire virtuel propose des documents sonores, des images, des textes et des vidéos qui ont été visionnés ou téléchargés plus de 80 000 fois.

Cependant, si les documents constituent toujours la base de la reconstruction du passé (Langlois et Seignobos), après vingt ans de pratique historique, il semble opportun de s’interroger: Quels types de documents avons-nous utilisés pour nos recherches ? Quels procédés – de critique et de méthode – avons-nous appliqués pour identifier et valider ces documents ? Quels outils utilisons-nous ou construisons-nous pour extraire et exploiter les informations que contiennent ces documents ? Comment les faisons-nous «parler» ? En d’autres termes, quelles sont les «recettes» que nous suivons pour transformer une trace du passé – document authentique ou non – en une source pour nos recherches ?

Ce colloque sera l’occasion d’évaluer la construction des sources, d’en révéler certaines encore inexplorées et de réfléchir sur les relations complexes entre les pratiques de l’historien dans la construction des sources et son rôle, quelquefois déterminant, dans l’écriture du passé (R.Chartier).

Dialogues avec l’historiographie et nouvelles perspectives

Durant presque deux décennies les membres du projet «México Francia» ont contribué à la publication de plus d’une vingtaine d’ouvrages. Certains sont le fruit d’un effort collectif et furent inspirés par des journées d’études ou bien des colloques internationaux: en premier lieu, la série Mexico Francia : memoria de una sensibilidad común, siglos XIXe-XXe vols. I-VI (1998, 2004, 2010, 2014, 2016) ainsi que Les Français au Mexique : Migrations et absences vol.I (2015), également Savoirs, réseaux et représentations, vol.2 (2015). D’autres sont le fruit de colloques nationaux sur des thématiques plus précises comme les études régionales ou les histoires de vie : Eugène Latapi (2004), Los Barcelonnettes en México (2008), El sueño inconcluso d’Émile Bénard (2009), Franceses del México colonial al contemporáneo (2011). D’autres, encore, sont le résultat de discussions ayant eu lieu pendant des journées d’études organisées avec la collaboration de différentes institutions : Le Mexique terre de migration (Cahiers de l’ALHIM, Paris-8, 2009), Enfermedad, epidemias, higiene y control social (2013) ou bien sont issus de thèses d’étudiants élaborées en cotutelle sur L’image de la France au Mexique (2011), sans oublier les ouvrages individuels et les nombreux articles.

Il s’agit d’une riche et abondante production scientifique – basée sur des sources de première main et des documents iconographiques exceptionnels – traitant d’aspects et de problèmes qui mettent en lumière le sens des migrations franco mexicaines dans l’histoire. Si la majorité des travaux apporte des connaissances nouvelles et repousse les frontières du passé, nous n’avons pas encore réalisé de bilan sur leur pertinence, leur impact ou leur influence sur l’historiographie et les sciences humaines. Quels ont été les apports du projet «México Francia» ? Quelles connaissances ont été produites et comment ont-elles influencé l’étude de nouveaux thèmes dans l’histoire mexicaine ou française ? Enfin, de quelle manière et jusqu’à quel point, cette production a-t-elle contribué à la transition de la «vieille» histoire nationale (F.Florescano) vers une histoire interconnectée (S.Subrahmanyam) ou mondiale (P. Boucheron) ?

Ce colloque lance un appel à la communauté académique afin de réaliser, ensemble, un bilan minutieux et critique des forces et des limites du projet de recherche «México Francia» dans le paysage de l’historiographie mexicaine diffusée aux États-Unis, au Mexique et en Europe. C’est sur cette base que s’établira un dialogue comparatif avec les chercheurs qui travaillent sur les migrations françaises vers d’autres latitudes – Canada (Y.Frenette), États-Unis (N.Green), Argentine (H.Otero), Brésil (L.Vidal), Pérou (P.Riviale), Indochine, Algérie et Tunisie – pour identifier les thèmes et les perspectives connexes et ouvrir de nouvelles pistes de recherche qui contribueront à la connaissance des migrations. Cette confrontation permettra d’explorer le sens de ce phénomène dans l’histoire et la culture et de déterminer ses apports et ses enseignements pour faire face aux défis générés par le nomadisme actuel.

 

Méthodes de travail

L’instauration d’une dynamique favorisant le plus vaste échange d’idées renforcera ces perspectives. Les différentes communications seront réparties par axes d’analyse, auxquels seront consacrées une ou deux sessions pendant les journées du colloque. Elles seront présentées sous forme de synthèses et ne devront pas excéder 20 minutes de temps de parole, afin de donner la priorité au débat.

C’est pourquoi les communications seront accessibles aux participants sur le site du laboratoire virtuel www.mexicofrancia.org quelques jours avant le colloque afin que leur lecture puisse nourrir la discussion ; elles seront enrichies par cette réflexion collective, donnant ainsi la possibilité à leurs auteurs de les affiner en vue de leur publication dans les chapitres du VIIIème ouvrage du projet «Mexico Francia». La qualité des communications et la participation active des chercheurs et du public pendant les journées du colloque assureront son succès et la notoriété de notre publication.

Les langues du colloque sont : français et espagnol

Dates à retenir

12 octobre 2018

Les personnes intéressées envoient le titre de leur communication, avec un résumé de 250 mots, ainsi qu’un bref CV.

31 octobre 2018

Après examen des propositions, le Comité d’organisation envoie les lettres d’acceptation, ainsi que le programme prévisionnel.

14 février 2019

Réception des communications par courriel électronique.

21 mars 2019

Les communications seront disponibles sur le site du Laboratoire virtuel México Francia: www.mexicofrancia.org

 

 

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Colloque du 30 novembre 2007 sur « Les 40 années du CRHNA » http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/colloque-du-30-novembre-2007-sur-les-40-annees-du-crhna/ Tue, 31 Jul 2018 12:42:52 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=498 Le 30 novembre 2007, le Centre de recherches d’histoire nord-américaine et le Centre de recherches d’études canadiennes – avec le soutien de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, de l’UMR IRICE (CNRS 8138), de l’ambassade du Canada et de la Chaire des Amériques de l’université Paris 1 – organisaient un colloque sur « 40 années d’histoire de l’Amérique du Nord en Sorbonne (1967-2007) ».

Ce colloque a donné lieu à des témoignages précieux sur l’histoire du Centre et les études d’histoire nord-américaines en France pendant une période marquée en grande partie par la guerre froide. Différentes raisons en ont retardé la publication, mais les communications suivantes, qui ne constituent qu’une partie des discussions, se font l’écho des activités qui se sont déroulées dans ce lieu sous la direction de Claude Fohlen puis d’André Kaspi.

 

Communication de Claude Fohlen (premier professeur d’histoire de l’Amérique du Nord à Paris 1) sur « Les origines du Centre et la constitution de la bibliothèque » (actuellement Bibliothèque Claude Fohlen – Amérique du Nord)

La création de ce centre est liée à celle d’une chaire d’histoire nord-américaine (Canada & États-Unis) dans la Sorbonne d’avant 1970. Ce fut l’aboutissement d’une longue gestation dont il m’appartient de retracer les étapes.

Dans les années 60, la section d’histoire de la Sorbonne était centrée, dans la meilleure tradition universitaire, sur l’Europe, avec des ouvertures, pas forcément permanentes, sur les îles britanniques, l’Allemagne, l’Europe centrale et la Russie, les relations internationales. À l’occasion d’une question d’agrégation, des cours étaient professés sur tel pays étranger concerné, par des non-spécialistes, à titre exceptionnel. Tel fut le cas d’un excellent cours de Louis Girard sur les États-Unis au XIXe siècle. La seule nouveauté pendant ces années fut l’ouverture sur l’Afrique francophone, avec la création de chaires d’histoire, dont l’une détenue par Charles-André Jullien, un spécialiste de l’Afrique du Nord. Il n’empêche que l’histoire extra-européenne avait un champ très restreint dans un monde en pleine mutation, car les études classiques exerçaient alors une domination écrasante.

Au début des années 60 quelques signes avant-coureurs apparurent. Dans le climat de guerre froide qui sévit alors (Kennedy est président des États-Unis), les Américains font un énorme effort dans le domaine culturel pour mieux faire connaître leur pays. C’est l’époque de la création des associations nationales d’études américaines (AFEA…) qui se fédérèrent dans l’association européenne (EAAS) et tinrent des congrès périodiques. La littérature et la civilisation américaines prennent pied dans les universités, sans que l’histoire y soit représentée. Il est vraisemblable que l’ambassade américaine a exercé des pressions auprès des autorités françaises pour une diffusion plus large de la culture d’outre-Atlantique. C’est ainsi qu’en 1962-63 Daniel Boorstin, de l’Université de Chicago, était venu comme visiting-professor à la Sorbonne, en principe pour deux ans. Ne parlant pas le français, il eut très peu d’auditeurs et fut vite découragé par le système universitaire, la mesquinerie de ses collègues et l’absence de relations sociales et surtout d’un faculty club où se relaxer, boire un verre avec des collègues, lire les journaux. Au bout de quelques mois, il tira sa révérence pour enseigner en Scandinavie, où les étudiants comprenaient l’anglais.

Mais la Sorbonne elle-même commençait à muer. À Pierre Renouvin succéda, dans la chaire des relations internationales, Jean-Baptiste Duroselle, qui avait une expérience directe des universités américaines, pour avoir enseigné à Notre-Dame (Indiana), Brandeis et Harvard. Partisan résolu de l’ouverture, en sa qualité d’assesseur du doyen, il poussa à la création de nouveaux postes sur les pays extra-européens, si bien qu’il obtint en 1967 deux enseignements nouveaux, Amérique du Nord et Chine, et m’engagea à poser ma candidature pour le premier poste.

Il y avait alors peu, pour ne pas dire pas, d’historiens américanistes sur le marché universitaire et le hasard voulait que j’en fusse un. Ayant participé (sur la recommandation de Renouvin) à un séminaire d’histoire américaine à Salzburg en 1951, où j’avais suivi l’enseignement de John Hope Franklin et Henry Steele Commager, fait le cours d’agrégation à Lille et à l’ENS de Saint-Cloud sur l’histoire économique des États-Unis de 1860 à 1929, enseigné en 1957-58 l’histoire de France à Yale, j’étais considéré comme un spécialiste, et c’est ainsi que lors de la création aux PUF de la Nouvelle Clio, je fus chargé en 1962 du volume sur l’Amérique, nord et sud, par le médiéviste Robert Boutruche, ce qui me valut une bourse Fulbright partagée entre Princeton et Berkeley, avec, au retour, un bref séjour au Canada, où j’assistai à un colloque franco-canadien à Laval, avec la participation d’Ernest Labrousse et Alphonse Dupront. C’est au cours de ce séjour que s’élabora la Nouvelle Clio, dans des entretiens avec les historiens locaux.

Les directeurs de la collection, Boutruche et Lemerle, avaient une vue simpliste des réalités extra-européennes. Toute l’histoire américaine en 300 p., c’était un défi en tout cas pour moi, et je m’adressai donc à mon camarade Pierre Chaunu, qui me fit comprendre à sa façon que 100 p. ne lui suffiraient pas. Nous obtinmes ainsi des PUF la scission en deux volumes, l’un pour le Nord, l’autre pour le Sud, mais Chaunu abandonna l’entreprise au profit de François Chevalier. Ma contribution, L’Amérique anglo-saxonne, parut en 1965 et connut un grand succès, car elle comportait une approche novatrice du sujet, à la fois un bref aperçu historique et surtout une mise au point des questions controversées. La première édition, épuisée en trois ans, fut traduite en italien, espagnol et portugais. La seule ombre vint du Québec, où le titre déplut souverainement et me valut un froid persistant avec la majorité des historiens francophones. Une réédition sortit en 1969, et une refonte totale, avec Jean Heffer et François Weil en 1997 sous un nouveau titre, moins attractif. C’est ce manuel qui fit ma réputation d’américaniste et me donna quelques titres pour poser ma candidature à ce poste, auquel il n’y avait d’ailleurs aucun autre prétendant. C’est ainsi qu’en 1967 je fus facilement élu pour tenir sur les fonds baptismaux l’histoire nord-américaine à la Sorbonne, en associant États-Unis et Canada.

Cette date est symbolique, ou plutôt théorique, car dans l’immédiat je ne pus rien faire, en raison de l’accumulation des difficultés. D’une part, le poste créé était une maîtrise de conférences, dans laquelle on ne pouvait nommer un professeur. Il fallut attendre dix mois et se livrer à une multitude de démarches pour débloquer la situation et me verser mon traitement. La section d’histoire ne me considérait pas comme l’un des siens si bien qu’il fallut attendre le 10 mai 68 pour être convoqué à une assemblée, qui se tint rue Michelet, à l’Institut d’histoire de l’art. Surtout, rien n’avait été prévu pour mon enseignement, qui se borna à quelques rencontres avec des étudiants tentés par l’histoire américaine. La vague de 68 passa là-dessus, et c’est véritablement à la rentrée de 68 que l’histoire américaine fit son introduction officielle dans les programmes. Au début de l’été, sur la route d’Ann Arbor, où j’avais accepté de faire des cours pour gagner un peu d’argent, puisque je n’étais pas payé en France, je m’arrêtai à New York, pour, entre autres, rencontrer André Kaspi, qui avait passé l’agrégation alors que j’étais au jury et m’avait favorablement impressionné. Enseignant au lycée français de New York, il m’avait été recommandé par Duroselle, avec qui il faisait sa thèse, pour devenir mon assistant, ce qui ne souleva aucun difficulté. Dès lors l’histoire américaine était prête à démarrer.

X

Dans quel cadre et avec quels matériaux ? Dans ce domaine où il n’existait rien, tout était à créer. Il y avait bien à la Sorbonne des centres spécialisés, d’orientation généraliste, dont aucun n’était prêt à accueillir l’histoire américaine, qui semblait exotique dans ce milieu traditionnel. Pas d’autre solution que de créer un centre autonome, éventuellement avec l’Amérique latine (qui n’existait pas encore).

En réalité, il fallut attendre la scission de 1970 pour débloquer véritablement la situation. Le département d’histoire éclata alors entre quatre des nouvelles universités (Paris 1, 4, 7 et 8), la très grande majorité se partageant entre Paris 1 et Paris 4. Ce fut un véritable cas de conscience de faire un choix, entre ces deux pôles. Malgré quelques départs vite oubliés (J.-B. Duroselle et Jacques Droz vers Paris 8), l’histoire contemporaine se divisa moins que les autres sous-sections, la majorité optant pour Paris 1, dont le noyau était formé de juristes et d’économistes avec lesquels elle semblait avoir plus d’affinités qu’avec les humanités classiques, ce que l’avenir ne devait pas confirmer, les juristes et économistes ayant un esprit corporatiste très développé, mais le choix était fait. Quelques contemporanéistes, qui avaient opté pour telle université nouvelle, revinrent rapidement au bercail.

Dès lors, il devenait possible d’ancrer solidement l’histoire américaine dans cette nouvelle université.

Pour ce, il fallait d’abord trouver des locaux, alors que la Sorbonne éclatait déjà à l’intérieur de ses murs. Si mes souvenirs sont exacts, on me trouva une pièce, que je partageais d’ailleurs avec d’autres, au 3e étage, près de la bibliothèque Lavisse. Un peu plus tard, sans que je puisse donner de date, Paris 1 occupa une partie de l’aile sud, abandonnée par les sciences. Il s’agissait de locaux vétustes, avec des installations électriques désuètes, voire dangereuses, qui attiraient fort peu de monde, parce qu’ils étaient à l’écart du mythique escalier C, tout en ayant l’avantage d’exister. C’est là que fut logé le centre, à côté de celui des relations internationales, un centre qui avait ainsi une existence de fait, sinon de droit, car je n’ai aucun souvenir d’avoir reçu une notification quelconque de sa création. Mais, dans l’euphorie de l’après 68, cela n’avait aucune importance. Le centre participait en tant que tel à la manne budgétaire de Paris 1 et, en sa qualité de nouveau venu, il bénéficiait de quelques avantages.

Les premiers crédits permirent à la fois de créer un bureau pour le directeur, avec un téléphone, d’installer des rayonnages, et de commander les ouvrages de base. Dans l’atmosphère de guerre froide de l’époque, le rôle des services culturels américains et canadiens a été prépondérant, pour des raisons différentes. Les Américains, qui n’avaient pas encore découvert les pays en voie de développement, portaient tous leurs efforts sur l’Europe car ils redoutaient la contagion du communisme, particulièrement en France, où le vote communiste était inquiétant. Dans ce contexte, les services culturels étaient très étoffés, très actifs, et disposaient d’importants moyens financiers pour répandre généreusement les productions américaines de tous genres et faire venir des conférenciers. Paris y tenait une place importante, avec des universitaires de premier plan dans des postes d’attachés culturels, comme Gordon Wright, professeur à Stanford, fin connaisseur de la France. D’autres universitaires gravitaient dans ces postes et collaboraient directement avec les instituts et centres de recherches. L’histoire américaine a largement profité des dons, des libéralités et des facilités offertes par ces services. La liaison avec les intéressés était assurée par Christiane de Gueldre, demeurée en fonctions jusqu’à ces dernières années. En outre, j’étais membre de la commission Fulbright depuis 1969, à une époque où la présidence était assurée par Duroselle, ce qui me procurait une ouverture remarquable sur les Américains en France.

Et le Canada n’était pas en reste, dans le contexte des affrontements avec le Québec de la révolution tranquille, et dans son désir de promouvoir sa culture en se démarquant de son grand voisin. L’ambassade du Canada et le centre culturel canadien des Invalides ont très largement contribué à la création du centre et à la construction de la bibliothèque. Là aussi j’ai eu des interlocuteurs tout à fait remarquables, comme René de Chantal, Jean Fredette, Gilles Duguay ou Émile Martel, et j’en passe, avec la collaboration amicale, efficace et souriante d’Orietta Doucet-Mugnier qui a tenu un rôle essentiel dans les services culturels. C’est ainsi que cette bibliothèque s’est peu à peu constituée et est devenue un lieu incoutournable pour les étudiants.

Il serait injuste de passer sous silence le rôle d’un autre homme, Sim Copans, alors directeur du centre américain de la place de l’Odéon, devenu le lieu de rendez-vous de tous les américanistes de Paris. Sim a organisé des réunions, des colloques, des déjeûners pour me faire rencontrer des Américains. Sa personnalité chaleureuse a largement contribué à cimenter la communauté des américanistes, et son influence a rejailli sur le centre. C’est lui qui m’a aidé à organiser les premiers colloques exclusivement historiques, qui se sont d’ailleurs tenus dans les locaux de la place de l’Odéon.

X

L’histoire américaine commençait à attirer des étudiants en petit nombre, à la fois parce que c’était une nouveauté et, au moins au début, une exclusivité de Paris 1. C’était l’époque de l’après maccarthysme et de la guerre du Vietnam, où l’actualité se mêlait à l’histoire. Il y avait un désir de mieux connaître l’Amérique, dans une ambiance qui lui était majoritairement hostile, à la fois dans les partis de gauche, alors très puissants, non moins que dans ceux de droite imprégnés de gaullisme et de nationalisme, sans parler des intellectuels, à l’exception de quelques esprits libres comme Raymond Aron, et des universitaires. Comment, dès lors, organiser l’enseignement ?

N’étant pas américaniste de formation, puisque je m’étais orienté vers l’histoire économique, qui avait alors les faveurs des thésards en raison du rayonnement d’Ernest Labrousse à la Sorbonne, j’ai eu beaucoup de difficultés à lancer à la fois l’enseignement et le centre. Il se trouve que par ma thèse j’avais pris largement contact avec l’histoire américaine, puisque l’épicentre en était la guerre de Sécession, mais mes seuls contacts directs avaient été le séminaire de Salzburg en 1951, l’année passée à Yale en 1957, où j’enseignais exclusivement l’histoire de France, et la bourse Fulbright en 1963. Aux yeux des Américains, j’étais un historien de la France, et Daniel Boorstin me l’avait bien fait sentir, et Charles Kindleberger, avec qui je déjeûnais au MIT, m’avait fait remarquer que j’étais meilleur sur la France que sur son pays. C’était plutôt décourageant pour créer un enseignement nouveau.

L’organisation d’un enseignement sur l’Amérique du Nord au niveau du 1er cycle et de la licence n’offrait aucune difficulté, à la différence de ce qui se passait pour la maîtrise et le doctorat. Ces difficultés se situaient à plusieurs niveaux :

– Tout travail sur un pays étranger soulève la question des sources à utiliser, ce qui attire peu d’étudiants, la majorité préférant travailler sur la France eu égard à leur faiblesse en langues étrangères.

– Je n’avais moi-même jamais travaillé sur les sources américaines pas plus que sur les ressources existant en France sur l’Amérique du Nord, ce qui était un gros handicap quand il fallait distribuer des sujets à des étudiants qui savaient rarement sur quoi ils voulaient travailler.

J’ai donc eu des sueurs froides et des insomnies à chaque rentrée quand des étudiants venaient me demander des sujets de maîtrise. Je les puisais dans le domaine diplomatique, le cinéma, l’immigration française, l’anti-américanisme, les voyageurs, la presse. Cela offrait déjà une large palette, avec l’inconvénient qu’il s’agissait d’histoire franco-américaine plus que d’histoire américaine. Il est évidemment plus facile de travailler sur l’Angleterre, l’Italie ou l’Espagne. Pour ma part, j’ai toujours déploré de n’avoir pu conclure aucun accord au niveau de la maîtrise avec des universités canadiennes ou américaines, afin de permettre à des étudiants de travailler sur place.

Le séminaire de maîtrise était un séminaire généraliste destiné à initier les étudiants à la recherche qui était, pour la plupart d’entre eux, un domaine vierge. Leur expliquer, entre autres, ce qu’étaient les archives, qu’on n’y trouvait pas tout, loin de là, la diversité de la documentation imprimée, les précautions à prendre pour la presse. Leur apprendre à faire une bibliographie, en distinguant entre les sources manuscrites, les sources imprimées et les ouvrages consultés. Au fur et à mesure de leurs travaux, ils exposaient leurs résultats pour ouvrir une discussion.

La plus grosse difficulté a été l’organisation d’un séminaire de doctorat. Cette difficulté était double. D’une part, il n’y avait pas de candidats, et il fallait donc éveiller des vocations, ce qui a demandé du temps. Les thèses alors en cours portaient toutes sur les relations franco-américaines et ressortissaient donc du domaine des relations internationales, qui relevait de Duroselle. D’autre part, il fallait trouver des intervenants pour animer ces séminaires et ouvrir de nouveaux horizons. Dans ce domaine, j’ai été très aidé par les services culturels des deux pays qui me signalaient les historiens ou conférenciers de passage en France. Nombre d’entre eux ont animé le séminaire, Frank Freidel, John Higham, David Brion Davis, John Blassingame, Richard B. Morris, John Garraty, Eric Foner, Robert Fogel, Eugene Genovese, Willie Lee Rose, et j’en oublie beaucoup. En outre, pendant deux ans des historiens québécois ont dirigé un séminaire, puis l’expérience est restée sans suite.

Tout ce travail n’aurait pas été possible sans la participation de collaborateurs qui ont fait une belle carrière universitaire. Ce fut d’abord André Kaspi, venu des relations internationales, avant d’être mon successeur, puis Jean Heffer, historien économiste porte-parole de la cliométrie en France, Jacques Portes, transfuge du Canada aux États-Unis, Hélène Trocmé, qui a fait entrer les gratte-ciel dans l’histoire américaine, Nicole Fouché, qui m’a accompagné dans ma tâche pendant une quinzaine d’années. Le centre leur doit beaucoup et je profite de cette rencontre pour leur dire mon amitié et ma reconnaissance, même s’ils ne sont pas tous présents.

X

Tels ont été les modestes débuts de ce centre entre 1967, ou plutôt 1970, et mon départ à la retraite en 1988. Il était certes moins prestigieux que d’autres, ne serait-ce que parce qu’il était plus récent. Il n’en demeure pas moins qu’on peut dégager quelques aspects positifs. D’abord, qu’il existe un enseignement permanent sur l’Amérique du Nord, et que Paris 1 a joué un rôle de promoteur, entraînant à sa suite de multiples créations à Paris comme en province. Ensuite, fait unique en France, Paris 1 associe dans un même centre l’ensemble de l’Amérique du Nord, traduisant ainsi une de mes idées chères, ne pas dissocier ces deux pays qui sont à la fois semblables et très différents. C’est l’originalité de Paris 1, et j’en suis très fier. Cette association se retrouve dans la bibliothèque, qui fournit un instrument de travail très précieux et indispensable. Mon ambition avait été de fédérer des centres de recherche trop dispersés dans un ensemble plus large, regroupant d’autres pays extra-européens, en particulier l’Amérique latine. J’ai échoué et souhaite que mes successeurs réussissent dans cette entreprise qui ne peut que valoriser le centre d’histoire d’Amérique du Nord.

 

Communication de Jean Heffer sur « L’histoire américaine et moi à Paris 1: Quinze ans en terre de mission (1969-1984) »

Je ne prétends pas faire une étude de l’enseignement et de la recherche au Centre d’histoire nord-américaine de l’Université de Paris 1, de 1969, date de mon arrivée dans ce Centre, à 1984, date de mon départ pour l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. En effet, je n’ai conservé aucune documentation écrite de cette période – ce qui est assez lamentable pour un historien –  et je vais devoir faire appel à mes souvenirs et mes impressions dont on sait combien ils sont parfois fortement déformés avec le recul des ans. Néanmoins le thème de terre de mission me paraît convenir assez bien, vu la faible visibilité de l’histoire de l’Amérique du Nord dans le paysage historiographique français des années 1970, années de turbulences universitaires consécutives aux événements de mai 1968. Je m’efforcerai, en décrivant mon expérience, d’être le plus lucide possible, et je rappellerai que cette expérience est nécessairement limitée par les fonctions de maître-assistant que j’occupais alors. De ce qui était à l’origine une toute petite oasis dans un vaste désert intellectuel, comment ont pu être bâties les bases, non pas d’un mouvement de conversion massif, mais d’une communauté suffisamment étoffée pour devenir un lieu d’échanges fructueux ? Voilà quelques faits que je soumets à votre réflexion critique.

  1. L’histoire américaine en France en 1969

Sur les débuts de l’histoire américaine en France, Claude Fohlen qui en est l’incontestable doyen, a déjà écrit tout ce qu’il y avait à en dire et il n’est pas nécessaire de redire des choses que vous connaissez tous. En histoire, la Sorbonne ignorait presque totalement les États-Unis. Seul, Louis Girard, historien des politiques publiques sous le Second Empire et du libéralisme, s’était dévoué pour faire un cours en 1960, sur L’histoire sociale des États-Unis, 1865-1914. Cet oubli de l’histoire de ce qui était alors la plus grande puissance mondiale allait être réparé avec la création en 1967 d’une chaire spécifique dont le Centre d’histoire nord-américaine est aujourd’hui l’héritier. Cette chaire ne pouvait être attribuée qu’à Claude Fohlen, le seul connaisseur de l’historiographie nord-américaine ; en effet, si des professeurs comme Jean-Baptiste Duroselle et René Rémond écrivaient sur les États-Unis, ils ne les abordaient, le premier que sous l’angle des relations internationales dans l’entre-deux-guerres, le second qu’à travers le prisme de la pensée et de la vie politique française sous la monarchie libérale. Au contraire, dans son Amérique anglo-saxonne de 1815 à nos jours, paru en 1965, Claude Fohlen réalisait une remarquable synthèse de l’état de l’historiographie des États-Unis et du Canada au début des années 1960, c’est-à-dire avant que ne déferle la vogue des new histories. Dès lors, les bases institutionnelles étaient posées. Mais les circonstances n’ont guère été favorables à l’essor de la « jeune pousse » (startup). De même que la Roche Tarpéienne est proche du Capitole, 1967 précède 1968 et ses événements qui ont bouleversé l’université française. L’année universitaire 1967-68 s’est achevée dans la pagaille et les enseignements n’ont guère repris avant février 1969.

Ces auspices défavorables jouaient tout particulièrement contre l’histoire américaine, car l’antiaméricanisme, nourri par la guerre du Vietnam, atteignait des sommets. Gauchistes et communistes décriaient un pays dépeint uniquement comme impérialiste ; les gaullistes apportaient leur voix au chorus. Bref, l’Amérique apparaissait comme le Mal. L’argumentation reposait sur des caricatures ; elle relevait de l’esprit militant beaucoup plus que de l’analyse scientifique, mais elle avait le vent en poupe. Les jeunes chercheurs ne devaient pas se sentir particulièrement attirés vers l’histoire d’une nation décrite d’une façon aussi schématiquement noire. Dans les départements d’études anglaises, où l’américain était d’ailleurs réduit à la portion congrue par rapport à la noble langue de Shakespeare, il y avait bien certains anglicistes qui avaient une approche historique, mais, pour la plupart d’entre eux, leur idéal semblait être de se contenter de servir de truchements entre la France et ce qu’écrivaient leurs maîtres à penser d’outre-Atlantique.

Dans ce tableau plutôt sombre, il y avait cependant un début de lueur. Pierre Renouvin et son successeur, Jean-Baptiste Duroselle, avaient lancé de jeunes chercheurs sur un programme portant sur les relations franco-américaines à partir de 1914 – un programme d’histoire des relations internationales qu’ont mené à bien dans les années 1970 Denise Artaud, André Kaspi et Yves-Henri Nouailhat, auteurs de thèses réputées. Mettant à profit leur connaissance des archives diplomatiques et militaires françaises, ils ont réussi à se tailler une place originale face à leurs collègues américains. La France, autant que les États-Unis, était l’objet de leur enquête. Mon cas, lui, se situait à part.

  1. Mon lent parcours vers l’histoire américaine

Je n’étais pas prédestiné à faire de l’histoire américaine. L’anglais n’était pas ma langue vivante dans l’enseignement secondaire. Après l’agrégation, en 1957, j’avais rencontré Fernand Braudel et me préparais plutôt à travailler sur la Révolution mexicaine de 1911. C’est pourquoi j’avais appris l’espagnol pendant mon service militaire (1958-1960). Néanmoins il m’est apparu que la connaissance de l’anglais était désormais indispensable. Pour cela, quand on m’a proposé un poste de professeur d’histoire au Lycée français de New York, j’ai accepté pour deux ans (1963-1965), sans avoir pour autant l’intention de me lancer dans une thèse sur les États-Unis. Au bout d’un an, ayant fait le tour des joies de l’enseignement, je décidai qu’il fallait m’occuper plus substantiellement en trouvant un sujet de recherche. En septembre 1964, au Congrès de la French Historical Studies Association qui se tenait à l’Université de Newark (Delaware), où Claude Fohlen enseignait ce semestre-là, j’eus l’occasion de le rencontrer ainsi que Jean-Baptiste Duroselle. Comme ma matière de prédilection était l’histoire économique, ce dernier m’orienta vers François Crouzet, professeur à Nanterre, qui accepta de diriger le sujet de thèse que je lui proposai, le mois suivant, après un rapide survol bibliographique à la New York Public Library : mon enquête porterait sur le port de New York de 1860 à 1900 dans la continuité du livre de Robert Albion, The Rise of New York Port, 1815-1860 (1939).

C’est donc mon séjour à New York qui a suscité ma vocation d’historien des États-Unis, et non l’inverse. En effet, avant 1964, je n’avais qu’une très vague idée de l’histoire américaine. Comme la question était une des dix au programme du concours de l’ENS, j’avais bénéficié en khâgne d’un cours d’André Alba sur les États-Unis de 1865 à 1914. Dans mon enseignement au lycée, le chapitre portant sur les États-Unis était situé en fin de programme et je n’ai jamais réussi à l’atteindre ; seulement en terminale, je traitai des années vingt et de la Grande Dépression. J’avais donc tout à apprendre, ce que je fis en commençant mes dépouillements d’archives, en 1964-65. Après une interruption de deux ans pendant laquelle je préparai à Toulouse ma thèse de troisième cycle sur La Manufacture des tabacs de Toulouse au XIXe siècle, j’obtins une bourse de l’American Council of Learned Societies en 1967-68 qui me permit d’avancer considérablement mes travaux à New York et à Washington et de me familiariser avec la new economic history. De retour en France, en septembre 1968, après les événements, j’avais donc acquis une formation assez solide et je suppose que c’est la raison pour laquelle Claude Fohlen, sur le conseil d’André Kaspi, assistant à la Sorbonne depuis peu, me demanda de présenter ma candidature comme assistant en février 1969, alors que j’enseignais au lycée Carnot à Paris. Les besoins en enseignants dans l’enseignement supérieur étaient soudain devenus énormes, du fait de la préférence des étudiants pour les TD au détriment des cours magistraux. Dans ces conditions, mon élection fut très facile et je rejoignis le Centre d’histoire nord-américaine, aux côtés de Claude Fohlen et d’André Kaspi. François Crouzet me proposa spontanément de céder la direction de ma thèse à Claude Fohlen. Je fus promu maître-assistant en juin 1969, d’abord à la Sorbonne, puis, quand celle-ci eut éclaté, en 1970, à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

  1. Le Centre d’histoire nord-américaine de la Sorbonne à Paris 1

Le Centre d’histoire nord-américaine qui partageait un local à cette époque avec le Centre de l’Amérique latine, au dernier étage de l’escalier C, près de la bibliothèque Lavisse, n’allait pas échapper à la tourmente qui s’abattit sur la Sorbonne en 1968-1970. Le ministère, désireux de se débarrasser d’un monstre ingérable, avait décidé de faire éclater la vieille et prestigieuse Sorbonne en plusieurs universités nouvelles qui se composeraient elles-mêmes sur la base de leurs affinités scientifiques ou idéologiques. Rien n’aurait théoriquement empêché le gros département d’histoire de rester uni dans une même université, mais deux faits ont joué dans le sens contraire. D’une part, la domination passée exercée par des historiens comme Pierre Renouvin et André Aymard suscitait de vives rancœurs des autres disciplines, notamment de la sociologie et de la psychologie : pour eux, il était impératif que l’histoire éclatât entre plusieurs universités. De l’autre, cette exigence trouvait des oreilles intéressées chez ceux de nos collègues qui se situaient aux extrêmes du continuum idéologique. La droite extrême conduite par Roland Mousnier décida de rejoindre Paris IV, conçue à l’origine comme un bunker où seraient cultivées les valeurs traditionnelles. À l’opposé, les gauchistes emmenés entre autres par Emmanuel Leroy-Ladurie, Jean Chesneaux, André Burguière entendaient construire leur propre forteresse à Paris VII. La grande majorité des collègues d’histoire contemporaine choisit de participer à la construction de Paris 1, spécialisée dans les sciences sociales (économie, science politique, histoire, géographie, philosophie, sociologie) et le droit. Rapidement mis au point, ce qui lui valut le numéro 1 très envié, ce projet scientifique apparaissait cohérent et « pluridisciplinaire », ce dernier critère étant survalorisé dans les discours de l’époque. Paris IV aussi avait un projet cohérent fondé, lui, sur la littérature et les sciences humaines. Si les sections d’histoire ancienne, médiévale et moderne se divisèrent entre les deux universités, ce ne fut pour ainsi dire pas le cas des contemporéanistes. Seuls deux ( ?) professeurs (Jean Ganiage et François Crouzet) passèrent à Paris IV avec leurs rares assistants. Quant aux contemporéanistes partis pour Paris VII dans une université dominée par les sciences exactes et la médecine, il s’agissait essentiellement de spécialistes de l’Asie orientale (la « révolution culturelle » maoïste suscitait encore beaucoup d’enthousiasme) et d’africanistes. On peut donc dire qu’en histoire contemporaine, Paris 1 était le principal héritier de la section d’histoire de la Sorbonne. Les autres partaient ; nous, nous restions.

Pour ma part, je n’ai joué qu’un rôle marginal dans ces négociations. Personnellement, j’étais très favorable à la création de Paris 1. Par le type d’histoire économique que je commençais à pratiquer, je me sentais très proche des économistes et je percevais tout ce que je pourrais retirer d’une collaboration étroite avec eux. Partisan d’une histoire largement ouverte aux autres sciences sociales, j’imaginais qu’on pourrait sortir notre discipline de sa fâcheuse tendance à se considérer comme la mère de toutes les autres sciences humaines et sociales. N’ayant aucun goût pour les extrêmes de droite ou de gauche, je n’avais donc aucun état d’âme quand je me suis rattaché à Paris 1, comme chaque enseignant avait le droit de le faire. Je ne suis cependant pour rien si le Centre d’histoire nord-américaine est devenu une composante de la nouvelle université. C’est Claude Fohlen qui a pris la décision et c’est lui qui peut expliquer pourquoi il a fait ce choix. Faisons un peu de contrefactuel. Si Claude Fohlen avait préféré aller avec le Centre à Paris IV (on peut exclure Paris VII), qu’auraient fait ses deux maîtres-assistants ? Il était traditionnel dans l’ancienne Sorbonne que les assistants suivissent le professeur auquel ils étaient rattachés, mais tout venait d’être bouleversé par la formidable secousse de 1968 ; les rapports hiérarchiques en étaient substantiellement modifiés : les maîtres-assistants et les assistants avaient gagné en pouvoir, et cela d’autant plus légitimement que c’étaient eux qui devaient prendre en charge les flux d’étudiants, alors que nombre de professeurs brillaient par leur invisibilité. Dans ces conditions, qu’aurait fait André Kaspi ? je n’en sais rien ; c’est à lui de fournir une réponse, s’il trouve la question pertinente. Pour ma part, autant que je me souvienne, j’aurais choisi de rester à Paris 1, sans rompre pour autant avec mon directeur de thèse, car j’ai toujours mis les démarches scientifiques à l’écart de l’agitation politique et syndicale. Je n’aurais eu aucune peine à rallier le Centre d’histoire économique et social dirigé par Pierre Vilar. Mais les histoires se terminent heureusement souvent par une happy end : ce contrefactuel n’est qu’un cauchemar. Claude Fohlen appartient à la majorité des contemporéanistes qui décidèrent de fonder Paris 1.

Paris 1 n’avait pas la belle homogénéité idéologique de Paris IV, mais c’est précisément ce qui faisait son charme et son attrait. En histoire contemporaine, chez les professeurs, le spectre des tendances politiques s’étendait des communistes au centre droit modéré, et tout ce monde hétéroclite vivait cependant dans une entente relativement bonne. Les clivages idéologiques étaient atténués, d’autant que chacun disposait d’une large autonomie dans son Centre. Je garde le souvenir d’une coexistence pacifique entre les communistes et leurs compagnons de route (Soboul, Vilar, Portal), les socialistes (Droz, Serres, Person) et les sensibilités du centre ou du centre-droite (Girard, Duroselle, Chevalier et Fohlen). Bref, Paris 1 était une université où il faisait bon vivre et où l’on pouvait développer un programme d’enseignement et de recherche.

  1. Mon enseignement d’histoire américaine

De 1969 à 1984, mes horaires d’enseignement n’ont été que partiellement consacrés à l’histoire nord-américaine. En effet, l’abondance de personnel permettait d’assurer une répartition stricte des fonctions assumées par les deux corps des professeurs et des maîtres-assistants/assistants. Le clivage, loin de lui être imposé, était d’ailleurs revendiqué par le collège B. Aux professeurs, les cours magistraux, les directions de séminaires de maîtrise et de thèse ; aux membres du collège B, les TD. Dans ces conditions, la majorité de mes horaires légaux (6 heures par semaine) ne pouvait être accomplie au sein du Centre. J’ai consacré une bonne partie de mon temps d’enseignement en premier cycle aux UV d’introduction à l’histoire contemporaine et d’introduction aux méthodes historiques, notamment à la statistique appliquée à l’histoire. L’histoire nord-américaine ne figurait en premier cycle que comme une option à l’introduction aux méthodes historiques, avec un cours donné par Claude Fohlen, sans aucun TD. Restaient deux niveaux auxquels pouvaient intervenir les maîtres-assistants : l’agrégation/CAPES et la licence.

Les questions d’agrégation portaient très rarement sur les États-Unis et, quand ce pays était retenu, c’était toujours en compagnie des nations européennes. En fait, j’ai fait plus de TD sur l’Angleterre (au XVIIe siècle et à l’ère victorienne) que sur l’Amérique du Nord. Comme je lisais couramment l’anglais, les collègues ne me disputaient pas cette tâche, alors que d’ordinaire, la préparation à l’agrégation était considérée par certains comme une distinction. Les États-Unis me semblent avoir été englobés à deux reprises dans des thèmes économiques : le premier portant sur l’évolution économique et sociale dans l’entre-deux-guerres, tandis que le second traitait de l’évolution économique des principales puissances du milieu du XIXe siècle à 1914 (ce sujet a fait l’objet d’un excellent livre de Yves-Henri Nouailhat publié en 1982). L’amphithéâtre était rempli de candidats attendant qu’on leur traite le futur sujet du concours ; je préférais mettre l’accent sur le commentaire de document, notamment sur les séries statistiques que les étudiants, même ceux qui se flattaient de posséder des rudiments mathématiques, ne savaient pas analyser. Pour décrire l’ambiance, un de mes auditeurs revus récemment m’a révélé qu’on disait : « Avec Heffer, c’est l’enfer », mais qu’au moins on y apprenait la rigueur scientifique. À ces occasions, j’ai été amené à faire des conférences à l’ENS et dans des universités de province (Clermont-Ferrand, Dijon, Limoges, Le Mans, Lyon-II, Reims, Lille-III). Là, comme à Paris, je me retrouvais en terre de mission quand je devais expliquer la croissance économique avec une fonction de Cobb-Douglass ou quand je disséquais la démarche de Fogel sur le prétendu rôle indispensable des chemins de fer dans la croissance économique des États-Unis au XIXe siècle. On pouvait mesurer aisément à quel point l’Amérique du Nord était, d’un point de vue historique, une terre quasi inconnue, alors qu’au même moment, la culture américaine envahissait les écrans et les chaînes musicales.

Le programme de licence se composait d’un cours donné par Claude Fohlen et d’un ou deux TD que nous nous partagions souvent par semestre, d’abord avec André Kaspi, jusqu’à son départ comme professeur à Lille III vers 1975, puis avec Jacques Portes. En concertation avec Claude Fohlen, on changeait de sujet tous les ans (parfois un thème était étalé sur deux ans), si bien qu’on ne se répétait jamais et qu’on était amené en une quinzaine d’années à couvrir un très vaste champ chronologique (de l’Amérique coloniale au XXe siècle) et thématique (économie, société, vie politique, relations internationales, l’Ouest). Seul le domaine de l’histoire culturelle me semble avoir été négligé. Les premiers TD que j’ai faits en 1969 portaient sur les États-Unis de 1815 à 1860 (Philippe Bernard, spécialiste des techniques militaires de la Première Guerre mondiale, faisait partie de l’équipe) et j’ai eu l’occasion d’expliquer aux étudiants la démarche économétrique de Conrad et de Meyer sur la rentabilité de l’esclavage – ce qui était assez peu dans l’esprit du temps. Pour moi, personnellement, cet enseignement de licence a été extrêmement bénéfique. Il m’a permis de couvrir une énorme bibliographie américaine que je n’aurais jamais eu l’opportunité de connaître si j’étais resté concentré sur ma seule recherche individuelle au CNRS. Loin de perdre son temps en s’éloignant de son champ d’enquête privilégié, on gagne par ce type d’investissement un élargissement des problématiques et une ouverture aux innovations méthodologiques. L’enseignement tel que nous le donnions permettait d’échapper aux dangers de l’ultra-spécialisation qui guette tout chercheur en sciences sociales et humaines. Pour mener à bien cette tâche, on a constitué à partir de rien une bibliothèque d’un bon niveau. Il faut à ce propos remercier tout particulièrement l’Ambassade des États-Unis qui nous a donné des fonds pour acheter de nombreux livres outre-Atlantique et qui s’est montrée généreuse en dons d’ouvrages – sans demander en contrepartie la moindre allégeance. On peut d’ailleurs regretter que cette manne se soit en bonne partie tarie à partir de la fin des années 1970, suite aux difficultés engendrées par les chocs pétroliers. Si l’on ajoute les ressources disponibles dans diverses bibliothèques parisiennes (BN, Sorbonne, American Library in Paris de la rue Camou, etc.), les étudiants qui voulaient travailler sur les États-Unis ne manquaient pas de sources, même si les richesses n’étaient pas comparables avec celles des grandes universités d’outre-Atlantique.

Encore eût-il fallu qu’ils voulussent consacrer les efforts nécessaires ! En moyenne, il y avait peu d’étudiants par TD : autour d’une dizaine, parfois plus, parfois moins. Le taux d’encadrement leur était donc très favorable. Nous exigions plus de travail que nos collègues des autres domaines : nous donnions 8 notes par an, dont 2 de partiels, à quoi s’ajoutaient 4 travaux écrits (2 dissertations, 2 commentaires) et 2 exposés oraux. Conformément à la loi du moindre effort, il se peut que ces exigences aient détourné certains étudiants de l’Amérique du Nord vers des contrées plus laxistes, mais ce n’est pas la seule raison de la faiblesse des effectifs : intervenait aussi l’effet d’un antiaméricanisme virulent alimenté jusqu’en 1975 par la guerre du Vietnam. Si personnellement j’ai beaucoup bénéficié de l’enseignement en licence, je ne suis pas certain que le bilan ait été très positif pour des étudiants trop enclins à la paresse et à des lectures minimales, surtout en anglais, une langue qu’ils maîtrisaient généralement mal. Je ne pense pas avoir suscité beaucoup de vocations pour l’histoire américaine, un peu comme les missionnaires protestants du XIXe siècle qui passèrent de longues années avec des effectifs squelettiques de convertis en Chine ou en Micronésie avant que ne s’ouvre une fenêtre d’opportunité. Restait l’autre pan de notre fonction : la recherche.

  1. Le centre de recherche

Comme je l’ai déjà dit, les maîtres-assistants ne s’occupaient ni des mémoires de maîtrise (sauf une année où Claude Fohlen était aux États-Unis), ni des thèses. Je n’en dirai donc rien.

Le Centre était un lieu favorable pour poursuivre les recherches que j’avais commencées sur le port de New York en 1964-65 et en 1967-68 ; j’avais accumulé des masses de données qu’il me fallait traiter et compléter. Grâce à l’organisation semestrielle des enseignements et à l’absence de charges administratives, je pouvais faire des séjours d’un mois à Londres pour travailler à la British Library, ou fréquenter les bibliothèques parisiennes. Je ne suis pas retourné aux États-Unis dans les années 1970. En septembre 1980, l’Ambassade m’envoya en mission pour préparer un rapport sur la Sécurité sociale outre-Atlantique, l’idée étant de montrer aux Français que, contrairement à ce qu’ils croyaient, les Américains n’étaient pas dépourvus de couverture sociale face à la maladie, au handicap et à l’âge de cessation d’activité. Au terme d’une enquête menée à New York et à Washington, auprès des ministères, des compagnies d’assurance, des mutuelles, des syndicats, j’aboutissais à la conclusion que les États-Unis, sans le proclamer haut et fort, se rapprochaient beaucoup, pour l’immense majorité des citoyens, des régimes sociaux-démocrates européens. Comme Ronald Reagan venait d’être élu avec un programme ultra-libéral rompant avec l’ordre du New Deal finissant que j’avais observé, l’Ambassade jugea plus prudent de ne pas publier officiellement mon texte, qu’elle ronéota sous forme de brochure émanant du Centre d’histoire nord-américaine. J’eus l’occasion de retourner aux États-Unis en juillet-août 1982 avec une bourse Fulbright, pour achever mes recherches avant de passer à la rédaction de ma thèse complétée en novembre 1983 et soutenue en mars 1984. Un délai de vingt ans pour venir à bout d’une thèse d’État n’était pas considéré comme scandaleux à l’époque. En fait, si mon travail s’est étendu sur une période aussi longue, c’est essentiellement pour des raisons méthodologiques. La new economic history avait initié une nouvelle approche en histoire économique, en rupture avec les méthodes d’un Ernest Labrousse et d’un Fernand Braudel. Il fallait se donner une sérieuse formation en économie et en statistique. Le traitement des séries statistiques n’aurait pu se faire avec les moyens de calcul traditionnels dont j’avais expérimenté les limites dans ma thèse de troisième cycle à Toulouse. La percée est venue du Centre de calcul de Paris 1, lié au département d’économie, où Jean-Paul Trystram et son équipe avaient mis au point en 1974 un logiciel très facile d’utilisation, le BDP4, et où je pouvais disposer librement du TSP pour l’analyse des séries temporelles. De ce point de vue, le choix de Paris 1 s’avérait extrêmement fructueux ; je n’aurais pas pu trouver des conditions aussi favorables à Paris IV.

En outre, Claude Fohlen avait mis sur pied tous les lundis après-midis un séminaire de doctorat qui reste, à mes yeux, la pièce maîtresse de la recherche au Centre d’histoire nord-américaine. Le séminaire ne portait pas sur un sujet précis développé sur toute l’année, mais reposait sur des conférences aux thèmes variés donnés principalement par des universitaires américains et canadiens de passage à Paris. Ils y parlaient de leurs travaux en cours qu’ils replaçaient dans un cadre historiographique. Je me souviens y avoir entendu des chercheurs aussi célèbres que Robert Fogel et Douglass North, les futurs prix Nobel d’économie, Oscar Handlin, Eugene Genovese, Frank Freidel, Eric Foner, Lee Kennett, Robert Remini, John Garraty, John Hope Franklin, John Higham, Otto Klineberg, Willi Paul Adams sans oublier une multitude d’autres venus pendant ces quinze années nous ouvrir l’esprit sur les vastes chantiers qui s’ouvraient en histoire américaine avec la prolifération des new histories. Claude Fohlen était l’organisateur de ces échanges ; c’est une de ses grandes contributions que je me plais de saluer aujourd’hui, car j’y ai beaucoup appris au contact d’historiens qui ne pratiquaient pas nécessairement le même type d’histoire que moi et me sensibilisaient à la richesse des problématiques américaines. Si, dans mon cas, le bilan du séminaire du lundi, que j’ai suivi jusqu’en 1988, alors que j’étais passé depuis quatre ans à l’EHESS, est très positif, je ne sais s’il en a été de même pour les autres auditeurs. Nous étions peu nombreux, moins d’une dizaine en moyenne, et peu osaient intervenir dans les discussions, peut-être par timidité ou par peur de ne pouvoir exprimer en anglais les nuances de leurs éventuelles remarques. Dans le cadre du séminaire intervenaient aussi les étudiants préparant une thèse : entre autres, Jacques Portes, Olivier Zunz, Nicole Fouché, Elise Marienstras et moi-même. En 1985, quand je quittai Paris 1, l’histoire américaine restait encore, malgré quelques progrès, une terre de mission ; les effectifs étaient trop peu nombreux pour constituer une communauté de taille critique. Néanmoins la semence était en terre, prête à germer.

Conclusion

De crainte que la tonalité de mon propos ne paraisse trop pessimiste, je tiens à souligner que j’ai passé près de seize merveilleuses années au Centre d’histoire nord-américaine de Paris 1, de février 1969 à décembre 1984. J’y ai travaillé avec des collègues fort sympathiques : Claude Fohlen d’abord, qui gérait l’institution avec bonhomie, tolérance et une grande ouverture d’esprit ; je ne me souviens pas avoir eu le moindre différend avec lui, bien que nous ne partagions pas toujours les mêmes options méthodologiques, André Kaspi, puis Jacques Portes avec qui je me suis très bien entendu. La sérénité qui régnait au Centre évitait de perdre son énergie dans de futiles et stupides querelles comme celles qui affectaient d’autres centres. Dans la seconde moitié des années 1980, l’histoire américaine retrouvait de l’attrait, au moment où l’étoile du communisme pâlissait fortement, en URSS comme en Chine. Peut-être y a-t-il d’autres raisons qu’il n’est pas de mon propos de cerner aujourd’hui. Si le Centre a été menacé dans son existence en 1988, ce ne fut heureusement qu’une fausse alerte, car on était à la veille d’un bel essor que devait enregistrer le colloque de mai 1993 organisé par François Weil et moi-même. Nous écrivions à juste titre dans l’avant-propos de Chantiers d’histoire américaine (Belin, 1994) « Il y a vingt-cinq ans, un tel livre n’aurait pu être écrit par des Français, pour la simple raison que trop peu de chercheurs s’intéressaient alors à l’histoire des États-Unis » (p. 7), et nous concluions : « L’ère du refus est bien terminée » (p. 8). Le Centre d’histoire nord-américaine de Paris 1 peut se flatter d’avoir joué un rôle important dans cette évolution. Je ne peux que l’encourager à poursuivre dans cette voie à l’avenir.

 

Communication d’hélène Trocmé sur: « Le Centre de Recherche d’Histoire Nord-américaine : Un pont vivant entre la France et l’Amérique du Nord »

L’amicale invitation d’Annick Foucrier à participer à cet anniversaire du Centre de Recherche d’Histoire Nord-américaine m’est parvenue aux États-Unis l’été dernier, alors que j’étais entrain d’explorer les richesses de la bibliothèque du Musée Américain du Textile à Lowell, dans le Massachusetts. J’y ai été très sensible et ai d’emblée donné mon accord.

Mais au cours des semaines suivantes, en y réfléchissant, j’ai découvert un certain nombre de raisons qui pourraient me détourner de prendre part à cette célébration : à l’éloignement géographique de ma résidence actuelle venait s’ajouter la distance intellectuelle et affective qui s’installe après quelques années de retraite heureuse. En outre, j’éprouvais une certaine réticence face à la démarche de « bilan » qui était suggérée : que resterait-il, après un examen critique, de ces dix années de travail intense et passionnant ? Peut-être pas grand-chose après tout…

En dépit de ces pensées contradictoires, j’ai tenu à être présente parmi vous, peut-être en raison de l’attraction un peu « magique » qu’exerce ce Centre sur ceux qui y ont travaillé.

Les souvenirs que je rappellerai en feront peut-être sourire quelques-uns mais n’évoqueront rien pour la plupart d’entre vous. Au-delà du ton volontairement léger que j’ai choisi d’adopter pour cette brève intervention, je voudrais esquisser devant vous un bilan très partiel, et forcément très partial, de ce qui, à mon sens, est la contribution du CRHNA aux études américaines en France dans cette dernière décennie du XXème siècle.

J’ai en effet passé exactement dix ans au CRHNA, de 1990 à 2000, et j’ai eu le plaisir de partager la responsabilité de son fonctionnement avec André Kaspi : une collaboration très positive, toujours agréable, et me semble-t-il plutôt fructueuse.

À mon arrivée dans l’UFR d’Histoire de Paris 1, je faisais nettement figure d’outsider. Historienne et historienne de l’art de formation, j’avais enseigné aux États-Unis d’abord, puis passé une vingtaine d’années à Strasbourg et à Paris VII, dans des Départements d’Études Anglophones. J’y enseignais alors cette discipline si floue que personne n’a jamais pu la définir vraiment : la civilisation américaine ! De ce passé professionnel, j’avais conservé des moeurs étranges et des idées bizarres:

– je laissais ouverte la porte du bureau, afin de signaler aux étudiants ma présence et ma disponibilité.

– j’expliquais aux étudiants d’histoire étonnés, qu’ils se devaient de lire l’anglais aussi aisément et aussi fréquemment que le français, et qu’ils pourraient aussi essayer de comprendre des orateurs anglophones !

– j’intégrais l’histoire de l’art et de l’architecture aux enseignements classiques d’histoire et surtout j’illustrais mes cours avec des projections de diapositives, toutes choses qui à l’époque, en Histoire à Paris 1, n’étaient pas considérées comme bien sérieuses…

Pour moi cependant, venir à Paris 1 était une sorte de « homecoming » : non seulement j’y avais fait mes études d’histoire, mais j’avais régulièrement et avec bonheur suivi les séminaires de Claude Fohlen pendant les dix années précédentes. Je suis donc arrivée dans ce Centre animée d’un certain enthousiasme, ce qui n’est évidemment pas suffisant pour être un bon enseignant-chercheur, mais contribue un peu, me semble-t-il, à la qualité du travail accompli.

Pour dresser un court bilan de ces dix années, j’ai choisi d’évoquer d’abord les principaux enseignements que nous avons mis en place, puis de m’attarder un peu plus longuement sur certains aspects de la recherche, avant de conclure par quelques remarques sur les lieux.

  1. Enseignements :

Initiation : Une des tâches les plus importantes, mais sans doute pas la plus facile, consiste à initier les étudiants débutants à un champ de connaissances qu’ils ignorent. Le cours d’initiation à l’histoire nord-américaine, en deuxième année de DEUG m’a donc été confié. Avec l’aide d’une bourse de « complément de formation » du gouvernement du Canada, j’ai refondu ce cours pour intégrer complètement l’histoire du Canada à celle des États-Unis, de manière à présenter à ces jeunes le continent nord-américain dans son unité et sa diversité. Cet enseignement à mes yeux était presque une « mission » : débarrasser les étudiants de leur gangue de préjugés anti-américains, et les aider à comprendre l’histoire nord-américaine dans son originalité et sa spécificité, tout en écartant toute vision exceptionnaliste.

Tolbiac était alors comme toujours un territoire imprévisible et rebelle, et malgré l’ingratitude de la tâche, je crois avoir contribué à éveiller dans ces grands amphis agités quelques vocations d’historiens américanistes ou canadianistes.

J’en veux pour preuve le fait qu’ils étaient toujours plus nombreux à poursuivre leur cursus d’histoire américaine en licence, à la Sorbonne, avec André Kaspi et moi-même, et à se passionner pour les périodes étudiées (les années Kennedy et Johnson, la guerre froide et le maccarthysme) ou les thèmes choisis (immigration, urbanisation). En outre, au hasard des programmes de concours, certains de ces cours thématiques se sont développés en cours et travaux dirigés de CAPES et d’agrégation, ce qui a permis à la fois d’en élargir et approfondir le contenu, de travailler à la publication de recueils de documents.

2. Recherche :

Initiation  à la recherche :

Pour la Maîtrise (théoriquement achevée en une année, mais en réalité très souvent en deux), André Kaspi et moi-même nous sommes partagé les tâches d’initiation aux méthodes de recherche et de direction des mémoires.

André Kaspi dirigeait généralement les mémoires traitant de questions politiques et de relations internationales, et plus particulièrement ceux consacrés à l’histoire politique et sociale du second XXème siècle (après 1945), qui attirent toujours un très grand nombre d’étudiants.

Pour ma part, j’ai pris en charge les travaux d’étudiants portant sur le XIXème siècle et la première partie du XXème, sur les questions d’histoire urbaine, d’histoire culturelle (Musées, Expositions, conservation du patrimoine, questions religieuses) et sur l’histoire du Canada.

Tout enseignant d’histoire américaine connaît la difficulté qu’il y a à trouver, pour des étudiants français, des sources primaires permettant d’entreprendre une véritable recherche. Nous avons bien entendu continué, comme nos prédécesseurs, à puiser dans les sources diplomatiques portant sur les relations franco-américaines, dans celles provenant des institutions américaines à Paris, dans les témoignages de voyageurs ou de journalistes permettant d’apprécier les regards croisés d’un peuple sur un autre.

Mais je voudrais m’attarder ici un peu plus longuement sur un exemple particulièrement intéressant de fonds documentaire, qui nous a permis d’orienter de petits groupes d’étudiants vers des recherches d’histoire urbaine.

Il s’agit du fonds américain de la Bibliothèque Administrative de la Ville de Paris, fruit de la politique d’échange de documentation entre la ville de Paris et des villes ou administrations étrangères, particulièrement nord-américaines, au tournant des XIXème et XXème siècles. Le noyau initial de ce fonds, qui a miraculeusement échappé à l’incendie de l’ancien Hôtel de Ville en 1871, était constitué d’ouvrages précieux collectés par Alexandre Vattemare à partir des années 1840. L’idée, comparable à l’esprit qui régissait les Expositions Universelles dans le domaine de la technique et de l’industrie, était d’échanger des informations sur la gestion municipale.

Monsieur Pierre-Alain Tilliette, conservateur chargé de ce fonds, et auteur des deux magnifiques volumes du catalogue imprimé du fonds américain*, a été une aide précieuse pour toute notre petite équipe d’étudiants et de chercheurs, ne ménageant jamais sa peine ni son temps pour les guider dans leur exploration de la collection, leur signaler un volume ou une série importante, et leur rendant fort agréable le travail dans la magnifique salle de lecture du dernier étage de l’Hôtel de Ville. C’est ainsi que nombre de nos étudiants ont pu réaliser des monographies d’histoire urbaine en analysant, pour la période 1870-1900, et pour des villes données (New York, Brooklyn, Boston, Montréal, Ottawa, Washington D.C. et d’autres encore..) l’évolution des travaux publics et de l’urbanisme, de la criminalité ou de la santé publique, l’organisation du système éducatif ou de la police, etc… Certains de ces mémoires de maîtrise ont connu de beaux prolongements en DEA et thèses de doctorat (Ingénieurs civils, Nouvelle-Orléans..).

Ce n’est pas tout : en dehors de cette approche très concrète de l’histoire urbaine, le fonds américain de l’Hôtel de Ville possède également de nombreux documents sur les administrations locales, étatiques et fédérale, qui ont servi de point de départ à de solides études par exemple sur le système universitaire ou la législation du travail dans l’État de New York, ou sur le développement de l’État fédéral qui a accompagné et orchestré l’expansion américaine de la fin du XIXème siècle : la création du Bureau d’Immigration , les premiers parcs nationaux, les travaux du Bureau d’Ethnologie, la création des collèges d’agriculture, point de départ des grandes universités d’État, le développement de la marine et l’administration de nouveaux territoires comme l’Alaska ou les Philippines.

Je pourrais encore citer d’autres recherches, notamment sur les Expositions Universelles et la participation américaine à ces échanges internationaux. À mon sens il reste d’ailleurs encore beaucoup à faire pour exploiter le trésor que constitue ce fonds américain.

Séminaire de DEA/Doctorat :

J’évoquerai d’un mot seulement les séminaires de doctorat d’André Kaspi : ouverture. En effet, à la tradition, déjà solidement établie par Claude Fohlen, de recevoir des intervenants américains et canadiens en séjour ou de passage à Paris, il a ajouté la coutume d’accueillir de très nombreux chercheurs d’autres disciplines ou d’autres spécialités, en provenance d’autres institutions françaises: géographes, sociologues, politologues, démographes, journalistes, archivistes et conservateurs, historiens des religions (le séminaire a été consacré à la place de la religion dans l’histoire nord-américaine pendant deux années) et j’en passe. Cette ouverture correspondait bien entendu au désir de faire sortir l’histoire nord-américaine de son « splendide isolement », en la situant dans un champ d’études beaucoup plus large, et en l’enrichissant des expériences acquises dans d’autres domaines. La fréquentation du séminaire par de très nombreux « fidèles » sortis depuis longtemps du cursus universitaire a montré, me semble-t-il, tout l’intérêt de cette démarche. Et le fait qu’André Kaspi soit également responsable à Paris 1 d’un séminaire sur l’Histoire de la Shoah allait bien sûr dans le même sens.

D’ailleurs, certains des colloques que nous avons organisés en partenariat relevaient eux aussi de cette approche pluridisciplinaire, comme par exemple celui sur les relations franco-américaines dans le domaine de la technologie (IHRIC- Fondation Singer-Polignac) tandis que d’autres étaient plus classiquement universitaires comme celui sur les Américains et la France de 1917 à 1947 avec l’Université de Reims, ou encore en 2000, celui sur le Canada et le Pacifique, organisé avec l’aide de l’Ambassade du Canada.

3. Les lieux :

En commençant ce court exposé je vous annonçais quelques réflexions sur les lieux. S’il est exact, selon les mots souvent cités de Winston Churchill que « we shape our buildings and our buildings shape us », on ne peut en effet faire l’économie de parler de l’implantation physique du Centre de Recherche d’Histoire Nord-américaine au cœur de la Sorbonne (et à proximité de l’Institut Pierre Renouvin avec qui nous avons toujours eu des relations de bon voisinage), de l’influence de cette implantation sur son rayonnement extérieur et de l’impact de ces lieux sur le travail qui s’y fait.

La Sorbonne, lieu prestigieux s’il en est… mais d’un aspect tellement décrépit, je dirais même crasseux, que j’en ai bien souvent éprouvé de la honte avec nos visiteurs étrangers, qui eux nous accueillent toujours au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, au Japon, dans des locaux fonctionnels, propres et agréables. J’allais donc chercher nos invités à la porte, sur la Place de la Sorbonne et m’arrangeais pour leur parler beaucoup en arpentant les couloirs conduisant au Centre, pour essayer d’éviter qu’ils ne regardent de trop près les murs tapissés de couches successives d’affiches en lambeaux, ou les fils électriques pendouillant dans l’escalier crasseux.

Le Centre proprement dit avait moins de raisons de les horrifier. Il a été considérablement amélioré dans les années 90 avec la construction de la mezzanine qui a permis une bien meilleure utilisation de la place, et au total une salle très conviviale.

C’est pourquoi, en terminant je voudrais seulement dire que ce qui a compté à mes yeux durant les dix années que j’ai passées au Centre, c’est que le travail accompli l’a toujours été dans une atmosphère de liberté et d’amitié chaleureuse : c’est cela que le CRHNA doit s’efforcer de préserver, en quelque lieu que ce soit.

Je voudrais terminer sur une comparaison architecturale : John Roebling, l’ingénieur qui dessina le magnifique et audacieux pont suspendu reliant Brooklyn à Manhattan, avait voulu que cet ouvrage « facilite la communication et la compréhension » entre les hommes. Le Centre de Recherche d’Histoire Nord-Américaine me semble avoir été, depuis sa création il y a quarante ans, l’une de ces passerelles tendues entre l’Amérique et la France, et je forme des vœux ardents pour qu’il le reste encore longtemps pour de nombreuses générations d’étudiants.

* Pierre-Alain TILLIETTE, Catalogue du Fonds des Etats-Unis d’Amérique, Collections de la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris,  Vol.I, 1997, Vol .II, 1999.

On pourra également consulter la liste des mémoires soutenus à partir de ce fonds, dans les différentes éditions de la brochures annuelle du CRHNA puis dans le Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin.

 

Communication d’Hélène Harter sur: « Entre France et Canada : la contribution du CRHNA aux études canadiennes »

Consacré à l’histoire de l’Amérique du Nord, le CRHNA abrite un centre dédié spécifiquement à l’histoire du Canada : le Centre de recherches d’études canadiennes (CREC). Son histoire est étroitement liée à celle des études canadiennes en France. L’intérêt des intellectuels français pour le Canada est ancien. En 1907, André Siegfried publie Le Canada, les deux races [1]. Il y présente les comptes-rendus des voyages qu’il a effectués dans ce pays depuis 1898. Plus près de nous, le géographe Raoul Blanchard[2] consacre plusieurs études au Canada dans les années 1960. On ne parle pas cependant encore d’études canadiennes. Les travaux sur le Canada sont alors le fait d’individus isolés. Au Canada même, le concept d’études canadiennes ne va pas de soi[3]. Il faut dire que l’identité nationale est fragile. Le Canada est une colonie jusqu’en 1867 et, encore à cette date, il ne devient pas un État à part entière. Dominion, il a le contrôle de sa politique intérieure mais dépend d’une autre puissance – la métropole britannique – pour sa politique étrangère. La fin de la tutelle britannique en 1931 ne résout pas toutes les questions identitaires. De manière très symbolique, ce n’est qu’en 1965 que le Canada se dote de son propre drapeau[4]. Aux forces centrifuges exercées par le Québec qui revendique la reconnaissance de ses particularismes au sein de la Confédération – et pour les plus extrémistes l’indépendance –, s’ajoute l’influence économique et culturelle grandissante des États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C’est d’ailleurs la relation complexe avec le puissant voisin du Sud qui favorise la structuration des études canadiennes dans les années 1970. Le mouvement part du Canada, puis, gagne le reste du monde. Le rapport Symons, publié en 1975, joue un rôle déterminant en incitant les Canadiens à mieux connaître leur culture et leur histoire ; ce qui leur permettrait de se différencier des États-Unis[5]. Reprenant cette idée, le ministère canadien des Affaires étrangères soutient activement les initiatives des universitaires étrangers qui prennent le Canada pour objet d’étude. Ceux-ci sont alors essentiellement européens, et pour beaucoup français. La France s’impose comme un pilier des études canadiennes ; une place qu’elle conserve aujourd’hui encore. Un premier centre universitaire dédié à l’étude du Canada ouvre ses portes à Bordeaux en 1976. Aujourd’hui, on en compte 18. Par leur intense activité, ils légitiment en France l’étude d’une aire culturelle qui, à défaut d’être mal aimée comme les États-Unis, reste encore mal connue et mal comprise. La tâche est vaste tellement sont forts les stéréotypes qui réduisent le Canada au souvenir de la Nouvelle-France, au « lointain merveilleux de la France » évoqué par Michel Tournier[6], à la ruralité, à un pays neuf sans histoire ou encore à l’expérience québécoise. C’est en 1988, à l’initiative de Claude Fohlen, que le centre de recherches d’études canadiennes de Paris 1 voit officiellement le jour après deux décennies de recherche sur le Canada au CRHNA. Cette ouverture s’inscrit dans la deuxième vague de création de centres d’études canadiennes, celle des années 1980. Le CREC prospère dans les années suivantes sous les efforts conjoints des directeurs du CRHNA (Claude Fohlen, puis André Kaspi à partir de 1988 et Annick Foucrier à partir de 2006) et d’Hélène Trocmé qui m’a transmis le relais des études canadiennes en 2000. Ayant fait moi-même mes études au CRHNA, c’est avec le double regard, celui de l’étudiante qui a suivi les travaux du CREC durant les années 1990 et celui de l’enseignant-chercheur, que je vais tenter de dresser un panorama des travaux du CREC et de sa contribution à l’aventure intellectuelle des études canadiennes.

1.      L’histoire au cœur du CREC

La première originalité du CREC tient à sa structuration autour de la discipline historique. On y dispense des enseignements sur l’histoire du Canada sur l’ensemble du cursus, de la licence au doctorat. Le CREC forme ainsi des spécialistes de l’histoire du Canada et de l’Amérique du Nord mais fait également mieux connaître ce pays à des étudiants qui se dirigent vers d’autres formations, tels le journalisme ou les sciences politiques. Le premier jalon de la formation est le cours d’initiation à l’histoire de l’Amérique du Nord dispensé en deuxième année de licence ; cours qu’a initié Hélène Trocmé dans les années 1990[7] et que j’assure désormais. À partir de leur troisième année d’étude, les étudiants en histoire de Paris 1 peuvent commencer une spécialisation en suivant en histoire contemporaine un cours consacré à l’histoire des États-Unis et du Canada. Le Canada peut devenir ensuite un objet de recherche à part entière pour ceux qui entreprennent un master d’histoire au CRHNA[8]. Des dizaines de mémoires ont ainsi été réalisés au fil des années sous la direction de Claude Fohlen, André Kaspi, Hélène Trocmé, Annick Foucrier et moi-même. Les séminaires organisés par ces enseignants-chercheurs ont également contribué au rayonnement des études canadiennes en s’ouvrant, au-delà des chercheurs du Centre, aux étudiants en histoire ayant choisi une autre spécialisation et aux auditeurs libres, fidèles année après année ; un phénomène qu’on retrouve également lors du cours magistral de troisième année de licence.

Le développement des études canadiennes à Paris 1 a été rendu possible par l’inscription du centre de recherche au sein de l’UFR d’histoire, et notamment au sein du Centre Renouvin[9] et de l’UMR 8138 IRICE dirigée par R. Frank[10]. La localisation en Sorbonne a constitué également un atout. Dès les années Fohlen, le CRHNA est devenu un lieu de rencontres intellectuelles et conviviales pour les chercheurs qui travaillent sur l’Amérique du Nord. La grande chance du Centre est d’avoir ses locaux en Sorbonne ; un bâtiment prestigieux mais où les mètres carrés sont rares. Cela signifie pouvoir disposer d’une salle de séminaire, d’un bureau pour les chercheurs mais également d’une bibliothèque. C’est grâce aux dons de l’ambassade du Canada à Paris que s’est constitué le noyau de la bibliothèque canadienne. Hébergée un temps dans le bâtiment de Paris 1 situé rue Malher, elle réintègre la Sorbonne à l’automne 1993 à l’issue des travaux de modernisation et d’agrandissement du CRHNA. Désormais, un espace lui est clairement dédié. Quelques jeunes chercheurs du Centre en assurent le fonctionnement. Parmi les tâches importantes qu’ils ont mené à bien ces dernières années, notons la mise en ligne du catalogue du fonds documentaire[11]. Celui-ci est désormais accessible sur les sites du SUDOC, de l’université Paris 1 et bien sûr du CRHNA[12]. Il permet à de nouveaux publics, par forcément universitaires, d’accéder aux ressources documentaires et aux activités du centre.

Le CREC se distingue également par sa manière d’aborder l’histoire du Canada. On y étudie le Canada dans toute son ampleur historique, depuis l’arrivée des premiers colons jusqu’au temps présent. Une telle approche rompt avec l’organisation des études historiques françaises qui sépare histoire moderne et contemporaine selon une coupure qui a peu de sens pour l’espace nord-américain. Les thématiques envisagées sont également très larges. Cours et séminaires font aussi bien appel à l’histoire politique et des relations internationales qu’à l’histoire économique, culturelle et sociale. Les étudiants de L3 ont pu ainsi ces dernières années étudier l’immigration au XIXe et au XXe siècle, l’urbanisation, les loisirs ou encore les guerres et la construction des nations. Une même logique prévaut en master. Par ailleurs, des séminaires permettent d’aborder les méthodes spécifiques à l’histoire nord-américaine, de réfléchir aux grandes questions historiographiques mais aussi de développer des thématiques spécifiques autour des origines de la guerre froide, des contacts et des échanges entre l’Amérique du Nord et l’Europe dans le domaine religieux, de l’Ouest ou encore des rapports entre l’Amérique du Nord et le monde. Le choix est également fait d’analyser le Canada dans sa double identité francophone et anglophone et de réfléchir aussi bien à l’échelle provinciale que fédérale et locale quand les Français s’intéressent avant tout au Québec francophone. Cette province a été aux origines de l’histoire canadienne et contribue très fortement à l’identité biculturelle et multiculturelle du Canada actuel, mais n’oublions pas qu’elle ne concentre plus que 24% de la population canadienne. Cette approche permet qui plus est de dépasser la double historiographie qui structure l’écriture de l’histoire au Canada : une historiographie en anglais écrite par et pour les anglophones, une historiographie en français faite par et pour les francophones.

Une autre particularité du CREC tient à son inscription au sein du CRHNA, le seul centre de recherches en France à avoir pour objet à la fois l’histoire du Canada et des États-Unis. Alors que d’ordinaire l’histoire de ces deux pays donne lieu à des recherches séparées, la nature même d’une chaire consacrée à l’histoire de l’Amérique du Nord conduit à mener des études comparatives. Travailler sur une aire culturelle étrangère implique forcément cette démarche puisqu’on est conduit à penser son objet dans la complexité de son histoire mais également par rapport à l’expérience française/européenne. La notion d’américanité nous y invite aussi. Il ne s’agit pas comme l’explique Yvan Lamonde d’une acceptation inconditionnelle de l’américanisation mais du sentiment de la part des populations nord-américaines d’appartenir au continent américain et d’avoir une spécificité par rapport aux autres ères géographiques[13]. Dans l’esprit des travaux de Seymour Lipsett[14], nous ajoutons un second niveau à la comparaison en nous interrogeons sur la spécificité du Canada dans le contexte nord-américain[15]. En effet, bien que le Canada et les États-Unis soient séparés par une frontière de 7 500 kilomètres, celle-ci n’a jamais réellement constitué une barrière à la circulation des hommes, des capitaux, des techniques et des idées. D’ailleurs, en ce début de XXIe siècle, 200 millions de personnes circulent entre les deux États.

Ces problématiques guident les recherches des étudiants au niveau de la maîtrise[16] puis de la thèse[17]. Leurs travaux se nourrissent de travail sur le terrain outre-Atlantique mais ils sont également rendus possibles par l’existence à Paris d’archives et de collections bibliographiques portant sur le Canada. Les fonds documentaires de la Délégation générale du Québec et du Centre culturel canadien constituent le point de départ par excellence pour qui entreprend une recherche sur le Canada en France. Mais d’autres lieux disposent également de fonds canadiens d’une grande richesse : le Quai d’Orsay pour qui travaille sur les relations internationales mais aussi la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris. Son fonds canadien s’est constitué dans le dernier quart du XIXe siècle au moment où le programme d’échanges de documents municipaux entre Paris et les villes du reste du monde occidental est à son apogée[18]. À l’initiative d’Hélène Trocmé, et grâce au soutien éclairé de son conservateur, Pierre-Alain Tilliette, des travaux de recherche ont pu être ainsi menés sur des thèmes aussi divers que le conflit linguistique anglo-français en Ontario entre 1863 et 1927, les ouvriers à Montréal au tournant du XXe siècle, l’immigration au Québec et en Ontario à la fin du XIXe siècle, la santé et l’hygiène à Montréal à la fin du XIXe siècle, les quartiers ouvriers de Montréal et la Grande Dépression ou les transformations d’Ottawa au lendemain des années 1930.

Bien que l’histoire soit au cœur des activités du CREC, le centre s’est cependant nourri des apports des autres disciplines. Civilisationistes, politologues, géographes interviennent régulièrement dans ses séminaires. Le CREC ne pouvait être donc que partie prenante de l’aventure de la Société d’Études Nord-Américaines[19]. Dans les années 1990, Hélène Trocmé a d’ailleurs été le pilier des séances de la SENA consacrées au Canada. L’avenir du Québec et du Canada, le multiculturalisme, le Canada et l’ALENA, la création du Nunavut, autant de thèmes qui ont permis d’approfondir notre connaissance du Canada contemporain. La pluridisciplinarité a également été à l’honneur dans le groupe de travail sur les villes nord-américaines et le monde mis sur pied par André Kaspi et Hélène Harter au début des années 2000 dans le cadre de l’UMR IRICE. Il a donné lieu à de fructueuses collaborations avec les géographes, notamment avec Cynthia Ghorra-Gobin. La pluridisciplinarité est également de mise dans les colloques du CREC. En décembre 1989, dans le cadre de l’AFEC, Claude Fohlen a ainsi organisé avec R. Mane, M. Fabre et Cl. Chaline de l’université de Créteil un colloque sur les métropoles en mutations. En janvier 1991, à l’initiative d’André Kaspi, le CREC a collaboré au colloque Le Canada, quel avenir ? organisé par Gérard Conac du Centre de droit constitutionnel de Paris 1. En février 2000, c’est Hélène Trocmé qui conçoit un colloque international sur le Canada et le Pacifique. En octobre 2006, André Kaspi et Hélène Harter organisent avec Pierre Lagayette, le directeur du Centre de recherches sur l’Ouest américain et l’Asie-Pacifique anglophone de Paris IV, un colloque international sur Fêtes publiques, fêtes privées en Amérique du Nord [20]. Centre de recherches en histoire, le CREC se veut ouvert aux spécialistes de l’Amérique du Nord quel que soit leur champ d’expertise.

2.      Le CREC et le réseau des canadianistes

Si le centre tire sa force de son inscription en Sorbonne et dans le CRHNA, il bénéficie également de son insertion au sein du réseau des canadianistes français. On ne peut pas parler des études canadiennes en France sans parler de l’Association française d’études canadiennes. L’AFEC a été créée en mai 1976. C’est la plus ancienne association nationale européenne dédiée aux études canadiennes après sa consœur anglaise[21]. Le colloque annuel qu’elle organise, les rencontres qu’elle favorise entre les membres des 18 centres de recherches français consacrés aux études canadiennes, sa revue Études canadiennes/Canadian Studies en font le pivot des études canadiennes en France. Les membres du CREC jouent un rôle actif dans la vie de l’association. Rappelons que Jacques Portes a été rédacteur en chef de la revue en 1993. Quant à Claude Fohlen, il en a été le président de 1986 à 1994. Aujourd’hui encore, il participe aux travaux de l’AFEC bien que professeur émérite depuis près de 20 ans. L’AFEC a permis, année après année, de nourrir des collaborations fructueuses entre les canadianistes français. Le CREC et ses membres ont ainsi noué des relations étroites avec le Centre d’études canadiennes de l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III dirigé par Jean-Michel Lacroix ; sans oublier les collaborations dans le cadre du programme des conférenciers avec notamment les centres de Valenciennes et de Nantes dirigés respectivement par Nathalie Lemarchand et Françoise Lejeune[22]. La concrétisation en 2007 du PPF « Canada en devenir : Utopie, prophétie, prospective », organisé autour de Bernadette Rigard-Cellard et du Centre d’études canadiennes de l’université de Bordeaux III, nous donnera à coup sûr encore plus de possibilités de développer les synergies entre le CREC et nos autres collègues canadianistes. Les activités canadianistes en France ont prospéré en France grâce au rôle de l’AFEC mais aussi grâce à l’appui du service des relations universitaires de l’Ambassade du Canada et de leur directrice Orietta Doucet-Mugnier. Au-delà des aléas de la vie politique canadienne et des fluctuations des politiques culturelles et universitaires à Ottawa, le CREC, comme tous les centres de recherche français dédiés au Canada, a pu compter sur sa compétence et sa chaleureuse disponibilité mais également sur le soutien logistique et financier de ses services pour l’organisation de ses activités scientifiques.

Centre se consacrant à l’étude du Canada, le CREC s’inscrit dans des réseaux internationaux : le réseau européen des études canadiennes mais également le Conseil international des études canadiennes qui réunit à travers 39 pays les associations nationales et plurinationales consacrées aux études canadiennes comme l’AFEC. Grâce aux liens tissés au fil des années, le CREC invite régulièrement dans ses séminaires et dans les colloques qu’il organise des universitaires canadiens. Nous avons eu ainsi la chance de recevoir des historiens comme John Dickinson et Paul-André Linteau mais également des politologues comme Serge Denis et Philip Resnick, des sociologues comme Joel Novek, des spécialistes de l’éducation comme Jean-Pierre Charland, des anthropologues tel Denis Gagnon. Nous avons accueilli des universitaires québécois de l’université Laval (Jocelyn Letourneau, Laurier Turgeon, Richard Jones etc.), de l’université de Montréal (Bruno Ramirez, Yves Landry, Jacques Rouillard etc.), de l’UQAM (Paul-André Linteau etc.) et de l’université de Sherbrooke (Gilles Vandal) mais également des collègues venus de l’université d’Ottawa (Pierre Savard, André Cellard, Serge Denis etc.), de celle de Winnipeg (Joel Novek, Denis Gagnon) ou de l’université de Colombie-britannique (Philip Resnick). Au CREC, le Canada se conçoit dans la diversité tant dans les objets de recherche que par les conférenciers invités.

L’insertion internationale est également le fait des étudiants. Grâce au programme d’échanges CREPUQ[23], nombre de nos jeunes chercheurs ont pu pendant leur année de maîtrise (puis de master 1) étudier au Québec et travailler directement sur les fonds d’archives canadiens. Depuis le début des années 2000 des échanges sont également possibles avec l’université de Toronto, ce qui permet désormais à nos étudiants de découvrir également la dimension anglophone du Canada. Ce séjour outre-Atlantique conforte souvent leur vocation de canadianiste et pour certains permet de poser les bases d’une future thèse. On peut regretter que les échanges se fassent davantage en direction du Canada que dans l’autre sens. La signature récente d’une co-tutelle de thèse avec l’université de Montréal[24] constitue cependant un signe encourageant.

Conclusion

Grâce aux nombreux enseignements dispensés et aux recherches menées ces dernières décennies, le Canada est devenu un objet d’étude à l’université française. On ne peut que s’en réjouir à l’occasion de ce colloque qui célèbre les 40 ans du Centre de recherches d’histoire nord-américaine. Bien du travail reste cependant à accomplir. Si l’avenir peut paraître incertain en ces temps de recomposition de l’université française et de refonte des programmes culturels et universitaires du ministère canadien des Affaires étrangères, des raisons d’être optimistes existent cependant. Dans un monde de plus en plus globalisé, l’étude des « mondes étrangers »[25] constitue plus que jamais une nécessité. Étudier le Canada prend d’autant plus de sens que celui-ci se retrouve souvent en pointe et/ou au cœur des grandes questions contemporaines : l’environnement et le réchauffement climatique[26], Internet et les nouvelles technologies, les migrations internationales et la gestion de la diversité, l’intégration régionale, les relations avec les États-Unis, la première puissance du monde etc. Au-delà de ses évolutions intérieures –  aussi bien locales, provinciales que nationales –, il nous faut donc penser le Canada à l’échelle mondiale, mais également à celle de l’espace nord-américain – une démarche qui prend tout son sens dans un centre de recherche ayant une double dimension canadienne et états-unienne –  et à travers ses relations avec l’Europe dans l’esprit de l’UMR IRICE. L’objectif est ambitieux mais la présence dans l’assistance de nombreux étudiants et anciens étudiants représente incontestablement un signe prometteur pour l’avenir des études canadiennes.

[1] Siegfried (André), Le Canada, les deux races, Paris, Armand Colin, 1907.

[2] Raoul Blanchard, Le Canada français, province de Québec, étude géographique, Paris, A. Fayard, 1960.

[3] Cf. Luca Codignola, La Constitution d’une identité canadianiste. Les premières années (1981-1991), Ottawa, CIEC, 1991.

[4] Le Red Ensign, portant l’Union Jack et l’écu des armoiries royales du Canada, est alors remplacé par l’unifolié.

[5] T.H.B. Symons, To Know Ourselves/Se connaître, Ottawa, The Association of Universities and Colleges of Canada, 1975, 2 vols. Ce document est à l’origine du rapport de James Page au Secrétariat d’État du Canada, Réflexions sur le rapport Symons. L’état des études canadiennes en 1980 (Ottawa, Ministère des Approvisionnements et Services, 1980, 257 p).

[6] Michel Tournier, Canada, Journal de Voyage, Montréal, La Presse, 1977.

[7] Ce cours s’est accompagné de la publication avec Jeanine Rovet d’un manuel sur la Naissance de l’Amérique moderne : Les États-Unis et le Canada, XVIIe-XIXe siècle (Paris, Hachette, 1997).

[8] Jusqu’à l’entrée en vigueur du LMD, les étudiants faisaient une maîtrise en quatrième année puis en cinquième année un DEA d’histoire contemporaine des mondes étrangers et des relations internationales. Les recherches sur le Canada s’inscrivent aujourd’hui dans le cadre du master d’histoire recherche de Paris 1, option « histoire contemporaine des mondes étrangers et des relations internationales », spécialité « histoire de l’Amérique du Nord ».

[9] Le Centre Renouvin réunit des centres dédiés à l’étude des mondes étrangers contemporains et des relations internationales : le Centre de recherches d’histoire nord-américaine (CRHNA), le Centre de recherches d’histoire de l’Amérique latine et du monde ibérique (CRALMI), le Centre d’histoire des relations internationales contemporaines (CHRIC), le Centre de recherches et d’histoire de l’Europe centrale contemporaine (CRHECC) et le Centre de Recherches sur l’Histoire des Slaves (CRHS).

[10] UMR 8138 Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe.

[11] Elle a été pilotée par les services de documentation de l’université.

[12] Le SUDOC offre un catalogue informatisé national des fonds des bibliothèques universitaires (http://www.sudoc.abes.fr. Pour le site du CRHNA : http ://ameriquedunord.univ-paris1.fr.

[13] Yvan Lamonde enseigne à l’université McGill à Montréal. Lamonde (Yvan), « L’américanité : inflation du mot, de la notion ? », Le Devoir, 1er octobre 2001. L’américanité est notamment employée pour expliquer que le Québec regarde de plus en plus vers les États-Unis et de moins en moins vers la France. Les premiers à réfléchir sur l’américanité sont les pays d’Amérique latine qui s’émancipent au XIXe siècle. La notion d’américanité trouve par contre peu d’écho aux États-Unis. Les Américains, contrairement aux Canadiens, ne se posent pas de question sur leur identité nationale.

[14] Lipset (Seymour), Continental Divide: The Values and Institutions of the United States and Canada, New York, Routledge, 1991.

[15] On notera qu’à Paris 1 l’étude du Mexique relève de la chaire d’histoire de l’Amérique latine et du monde ibérique et non du CRHNA.

[16] Un certain nombre d’entre eux ont d’ailleurs été distingués par le prix du meilleur mémoire de maîtrise  de l’Association française d’études canadiennes (AFEC) : Sandrine Romy en 1992 pour une recherche sur Les Canadiens face au régime de Vichy, Alexandra Durand en 1997 pour un mémoire intitulé Franciser les allophones au Québec et enfin Bénédicte Laplane en 2004 pour une maîtrise sur Les relations entre la France et les Canadiens français (1763-1812). Auxile Aussel a été primé par la Société d’études nord-américaines (SENA) en 1999 pour un mémoire de maîtrise sur La généralité de Paris, foyer d’émigation vers le Canada au XVIIIe siècle. Le catalogue des mémoires soutenus au CREC et déposés à la bibliothèque est consultable en ligne sur le site du CRHNA. Pour une analyse des travaux de recherche des étudiants du CREC, on lira la contribution de Paul Schor.

[17] Adrien Lherm a ainsi soutenu en mai 2002 une thèse consacrée à la fête d’Halloween dans les Îles britanniques et les pays nord-américains du XVIIe siècle à nos jours. Parmi les thèses en cours, notons celle d’Anthony Grolleau-Fricard sur Le Québec et le Canada dans le Courrier des États-Unis, celle de Caroline François sur Les artistes canadiens à Paris, 1880-1914 ou encore celle de Jean-Sébastien Kreutzer sur L’industrie du disque au Canada.

[18] Sur cette question on lira avec profit : Tilliette (Pierre-Alain), « Le fonds étranger de la Bibliothèque administrative de la ville de Paris », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, 6, automne 1998, p. 138-146. Tilliette (Pierre-Alain), « Alexandre Vattemare et la bibliothèque américaine de la ville de Paris », Les collections de la Bibliothèque administrative de la ville de Paris, États-Unis, volume 2, Paris, Mairie de Paris, Direction des Affaires culturelles, 2002, p.11-54. Le catalogue du fonds canadien a été publié : Les collections de la bibliothèque administrative de la Ville de Paris, Colonies. 1, Paris, Mairie de Paris, 1992, p. 95-151.

[19] La SENA, dont la fondation a d’ailleurs lieu en 1988 au CRHNA à l’initiative d’André Kaspi, réunit tous les chercheurs qui s’intéressent à l’Amérique du Nord, quelle que soit leur affiliation disciplinaire.

[20] Ce colloque a fait suite à une journée d’études qui s’est tenue le 16 septembre 2005.

[21] Celle-ci est fondée un an plus tôt, en 1975.

[22] Le programme des conférenciers, géré par le biais de l’AFEC, permet de financer la venue d’universitaires et d’experts canadiens qui donnent des conférences dans plusieurs centres de recherches.

[23] Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec

[24] Evelyn Lockett prépare sous ma direction et celle de Samir Saul une thèse de doctorat sur Les militaires noirs américains en France de 1917 à 1967 : interface entre francité et américanité.

[25] Je reprends ici la formulation de notre master d’histoire intitulé « histoire contemporaine des mondes étrangers et des relations internationales ».

[26] N’oublions pas non plus les nouveaux enjeux géostratégiques liés au réchauffement climatique : le Passage du Nord-Ouest, la voie maritime qui relie l’Atlantique et le Pacifique par l’océan Arctique, devenue navigable grâce au recul de la banquise, devient ainsi source de revendications et de tensions entre le Canada et la Russie.

 

 

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Avis de publications http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/avis-de-publication/ Thu, 19 Jul 2018 17:54:42 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=489 Annick Foucrier a publié:

  • Annick Foucrier, À travers l’Ouest : L’expédition d’exploration dirigée par Meriwether Lewis & William Clark, 1803-1806, Éditions la Lanterne magique, 2018, 240 p., ISBN: 978-2-916180-25-0.
  • Annick Foucrier, «L’Amérique du Nord au XVIIIe siècle : des empires coloniaux français et anglais à ‘l’invention de la république’», Déborah Cohen, dir., Etat, pouvoirs et contestations politiques dans les monarchies française et britannique et dans leurs colonies américaines (vers 1640-vers 1780), ellipses, 2018, pp.111-123.
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    Le 14 juillet 2018, Vincent Harmsen a présenté ses recherches sur Quentin Roosevelt et les relations franco-américaines à Château-Thierry, Aisne http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/14-juillet-2018-vincent-harmsen-presente-sa-recherche-sur-quentin-roosevelt-a-chateau-thierry/ Thu, 12 Jul 2018 09:34:37 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=472 Le samedi 14 juillet 2018, à Château-Thierry, Aisne, à partir de 9h30, Vincent HARMSEN a donné une conférence très appréciée à la Maison de l’Amitié France-Amérique, sur « Quentin Roosevelt » à l’invitation du maire M. Sébastien Eugène, du député M. Jacques Krabal, du président du Comité d’Entente des Associations Patriotiques d’Anciens Combattants de Château-Thierry, M. Michel Léon, du Conseiller Municipal délégué aux relations avec les Associations Patriotiques, M. Bernard Marliot, et du Conseil Municipal de Château-Thierry.
    Plusieurs gerbes ont ensuite été déposées en mémoire de Quentin Roosevelt, fils du président Theodore Roosevelt abattu avec son avion le 14 juillet 1918.

    Voici la conférence de Vincent Harmsen, enregistrée par Vincent Bervas:

     

    Et voici la conférence donnée par Vincent Harmsen le 13 juillet à Château-Thierry sur la jeunesse de Quentin Roosevelt, enregistrée par Vincent Bervas:

     

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    Etudiants Master 2 2017-2018 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/etudiants-m2-2017-2018/ Sun, 01 Jul 2018 13:41:10 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=542 Master 2

    Clément Berthier, Histoire et représentations au cinéma : Cuba dans l’imaginaire américain au regard des relations américano-cubaines (1898-2014)

    Vincent Harmsen, Quentin Roosevelt (19 novembre 1897-14 juillet 1918), pilote de guerre sur le front français : Une famille présidentielle et les relations franco-américaines

    Alexandre Pomier, La logistique et le ravitaillement dans les guerres de Crimée (1853-1856) et de Sécession (campagne de la Péninsule, 1862), prémices de la guerre industrielle

    Johan Wurzburg, Genèse de la « Black Metropolis » : Les stratégies de lutte des élites afro-américaines de Chicago dans la tourmente raciale des années 1920 et 1930

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    Soutenances de master 2, session juin 2018 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/soutenances-de-master-2-session-juin-2018/ Tue, 26 Jun 2018 14:07:19 +0000 http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/?p=465 Les étudiants du CRHNA ont brillamment soutenu leurs mémoires de master 2:

    Clément BERTHIER, Histoire et représentations au cinéma : Cuba dans l’imaginaire américain au regard des relations américano-cubaines (1898-2014), 2e membre du jury M. James Cohen (Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle). Mention Très Bien

    Vincent HARMSEN, Quentin Roosevelt (19 novembre 1897-14 juillet 1918), pilote de guerre sur le front français : Une famille présidentielle et les relations franco-américaines, 2e membre du jury Mme Claire Delahaye (Université Paris Est – Marne la Vallée). Mention Très Bien

    Alexandre POMIER, La logistique et le ravitaillement dans les guerres de Crimée (1853-1856) et de Sécession (campagne de la Péninsule, 1862), prémices de la guerre industrielle, 2e membre du jury M. Frédéric Dessberg (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan). Mention Très Bien

    Johan WURZBURG, Genèse de la « Black Metropolis »: Les stratégies de lutte des élites afro-américaines de Chicago dans la tourmente raciale des années 1920 et 1930, 2e membre du jury Mme Hélène Le Dantec-Lowry (Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle). Mention Très Bien

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    La bibliothèque Claude Fohlen – Amérique du Nord http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/la-bibliotheque-claude-fohlen-amerique-du-nord-crhna/ http://ameriquedunord-dev.univ-paris1.fr/la-bibliotheque-claude-fohlen-amerique-du-nord-crhna/#respond Tue, 26 Jun 2018 08:45:58 +0000 http://127.0.0.1:8080/wordpress/2014/10/19/la-bibliotheque-claude-fohlen-amerique-du-nord-crhna/ Horaires d’ouverture 2018-2019

     

    La bibliothèque est fermée pendant les vacances universitaires.

     

    La bibliothèque du CRHNA rouvrira en septembre 2018

    Horaires à déterminer

    La bibliothèque est accessible aux étudiants à partir du niveau L3 (Licence). Elle est ouverte à tous les lecteurs qui ont besoin de consulter ses collections uniques en France. 20 places assises.

    Catalogue

    Poste Internet pour la recherche documentaire.

    Prêt à domicile pour les lecteurs inscrits (2 livres maximum pour 2 semaines, durée renouvelable une seule fois; caution de 30 euros en liquide, restituée au retour des livres).

    Bibliothécaires

    M. Stéphane Guillerez

    Livres acquis récemment

    • Serge RICARD, Théodore Roosevelt et l’Amérique impériale, PUR, 2016.
    • Rachel CARSON, Printemps silencieux, Wildproject Editions, 2014.
    • Jean-Marc ZANINETTI, Les espaces de l’Amérique du Nord (Canada, États-Unis, Mexique), PUF, 2012.
    • Gilles HAVARD, Histoire des coureurs de bois, Amérique du Nord, 1600-1840, Paris, Les Indes Savantes, Collection Rivages des Xantons, 2016.
    • Nelcya DELANOE, Joëlle ROSTKOWSKI, La présence indienne aux États-Unis : Anthologie d’un défi à l’oubli, L’Harmattan, 2015.
    • Joyce APPLEBY, Shores of Knowledge: New World Discoveries and the Scientific Imagination, New York, W. W. Norton & Company, 2013.
    • Carolyn MERCHANT, Major Problems in American Environmental History (Major Problems in American History Series) Wadsworth Publishing, 3rd Edition, 2011.
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