En tant que spécialiste RH, pouvez-vous décrire le « recruteur de demain » ?
"Le recruteur de demain est un recruteur qui saura naviguer dans un environnement de plus en plus digital. En effet, les profils recherchés évoluent sans cesse et deviennent de plus en plus exigeants. Le recruteur doit donc s’adapter et passer d’une posture passive à une posture active. Il doit, par exemple, développer une stratégie active de communication en partageant du contenu par rapport à son entreprise. Il doit ensuite identifier les bons profils, les contacter et les convaincre de venir à l’entretien. En définitive, le recruteur de demain est le résultat d’un mélange bien dosé entre marketing, commercial et humain."
Justement, les recruteurs sont-ils sensibles à ces nouvelles façons de recruter par l’intermédiaire des nouvelles technologies ?
"Les recruteurs sont effectivement sensibles à ces changements tout simplement parce qu’ils n’ont plus vraiment le choix. S’ils choisissent de rester sur d’anciennes techniques, ils ne font plus correctement leur travail car ils perdent ou n’attirent plus les meilleurs candidats. En effet, on remarque de plus en plus que les candidats se renseignent, cherchent, regardent avant de postuler. Par conséquent, beaucoup de recruteurs, qui reçoivent plus de 200 CV par jour, croient avoir le choix alors qu’en réalité, ils l’ont de moins en moins, surtout s’ils se contentent d’attendre. Le sourcing des candidats devient de plus en plus actif."
Vous parlez de sourcing, mais en quoi cela consiste-t-il ?
"Le sourcing, c’est tout d’abord l’activité d’identification et d’engagement de talents. Mais le sourcing, dans une définition plus anglo-saxonne, est en train de devenir "toute activité proactive d’identification et d’engagement des talents". Autrement dit, le sourcing prend une dimension plus proactive. Au final, mettre une annonce et attendre des réponses n’est plus suffisant, et cela correspond de moins en moins à du sourcing."
Si le recruteur de demain doit se tourner vers le sourcing, est-ce que cela oblige les étudiants qui veulent être recrutés à faire attention à leur e-réputation ?
"Même avant que les recruteurs ne se préoccupent du sourcing, les étudiants devaient être attentifs à leur é-réputation. Ce sont vos futurs collègues, vos associés, vos prestataires qui vont consulter vos profils. Pour prendre conscience de la réalité et de l’importance d’un profil Facebook ou LinkedIn, imaginez qu’une recherche sur trois sur Google correspond à quelqu’un qui tape "Prénom + Nom". Les réseaux sociaux représentent une véritable carte de visite. Pour les candidats - et notamment les cadres ou jeunes diplômés -, les réseaux sont devenus une obligation : c’est donc la réputation et l’employabilité du candidat qui est en jeu."
Si les recruteurs prennent garde aux profils des candidats, est-ce que les étudiants doivent également faire attention aux profils des recruteurs avant de se lancer dans une candidature ?
"Evidemment, si les recruteurs se renseignent grâce aux réseaux sociaux, les étudiants doivent en faire autant et regarder les profils de leurs futurs patrons. Est-ce que vous avez envie de travailler pour une entreprise dont les recruteurs ont mis telle ou telle information avec des photos de mauvaise qualité ? Ensuite, je ne sais pas si l’étudiant doit se méfier, mais la pauvreté "digitale" de certains RH ou recruteurs peut donner une véritable indication de la place du digital et, quelque part, de l’innovation aussi au sein de l’entreprise."
Pour terminer, étant donné que vous formez les recruteurs de demain, quels sont les conseils que vous pouvez donner à un futur candidat ?
"Les candidats doivent eux aussi s’adapter aux nouvelles technologies. S’ils sont très forts pour utiliser Snapchat ou Facebook, il est temps qu’ils se mettent à découvrir et à utiliser LinkedIn ! Ensuite, à mon sens il est indispensable de mettre en avant un projet professionnel clair et bien construit : c’est simple et pourtant très difficile. Etre "étudiant" n’est pas un métier. De ce fait, si un jeune diplômé cherche un métier en particulier, il doit le mettre en avant sur son profil ou CV en définissant son projet. Autant vous dire, qu’inscrire "Etudiant en recherche de stage ou d’emploi", cela ne sert à rien ! Enfin, voici une petite histoire pour terminer, celle d’une de mes étudiantes à Néoma Business School. Celle-ci a décidé de créer son profil sur le réseau social professionnel Viadeo. Elle a donc commencé à recontacter ses anciens maitres de stage. À cette époque, elle cherchait un stage en Chine et n’avait pas réussi à trouver après des mois de recherche intensive… Ce qui est intéressant, c’est qu’en recontactant un de ces anciens maitres de stage sur Viadeo, elle lui a parlé de son projet en Chine et ce dernier lui a dit que son entreprise venait juste d’y ouvrir une filiale. De fil en aiguille, l’étudiante a trouvé un stage en Chine. Ce qu’il faut retenir de cette anecdote, c’est que la technologie est un formidable accélérateur ! Enfin, s’il y a bien deux mots d’ordre pour réussir c’est d’être curieux et audacieux."
Charline Massari
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