Comme beaucoup d’étudiants syriens ayant dû fuir leur pays, Ghaith Amin a connu un parcours particulièrement mouvementé et tourmenté. Après avoir obtenu son diplôme de géographie à l’université de Damas, la plus importante et ancienne institution d’enseignement supérieur de Syrie, il a été contraint et forcé de partir et de quitter son pays, à cause de la guerre. « J’ai obtenu un diplôme de niveau bac+4 : les trois premières années portaient sur la géographie générale, et la quatrième était une spécialisation en Système d’Information Géographique (SIG) et télédétection », précise Ghaith. Avant d’ajouter : « Mon plus mauvais souvenir date de ce jour, quand j’ai été obligé de quitter mon village… Depuis, je n’ai plus revu ma famille, et j’espère revoir mes proches un jour ! »
De la fuite à la volonté de poursuivre des études
Le 5 juillet 2014, il arrive ainsi en Turquie, à Istanbul. Plus d’un an après, le 8 août 2015, il se lance dans une première tentative de traversée par la mer pour rejoindre l’Italie. « Ça a été un échec car nous étions 36 personnes dans un petit bateau pneumatique de 3,5 m… J’ai dû retraverser à la nage 800 m pour rejoindre la terre… » Quelques jours après, le 14 août 2015, à 23h30, il se lance dans une deuxième tentative, toujours par l’intermédiaire d’un bateau pneumatique. Ce sera la bonne ! « Nous avons voyagé pendant 1h30, jusqu’à l’île de Chios, mais le bateau est tombé en panne à 2 km de la terre. Les passeurs ont jeté le moteur et les valises à l’eau… Je suis descendu avec quatre autres personnes pour escorter le pneumatique vers la terre : il y a avait 12 enfants et 9 femmes… Après 3h20 de nage, nous sommes arrivés sur une île, en Grèce, à 5h30 du matin, le 15 août ! »
Une arrivée particulièrement compliquée
Mais l’arrivée en Grèce a été beaucoup plus compliquée qu’espérée. « J’ai été emmené dans un camp et on nous a pris nos téléphones. Le lendemain, on nous a donné un papier disant que nous devions quitter le territoire dans un mois… Je suis allé dormir dans un parc pendant trois jours, puis j’ai réservé un bateau pour aller à Athènes où je suis resté 9 jours… » A peine le temps de souffler et de récupérer que Ghaith poursuit sa fuite en avant et atterrit, le 27 août, à Rome, en avion, grâce à une fausse pièce d’identité. Dès le lendemain, il embarque dans un train pour Turin, avant de prendre un bus pour Lyon, où il arrive le 28 août. « Quand je suis arrivé en France, j’ai commencé à chercher toutes les façons possibles pour continuer mes études. J’ai alors trouvé deux bourses possibles pour les étudiants syriens réfugiés : la première à Toulouse, la seconde à Paris, plus précisément à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. J’ai opté pour cette deuxième et j’ai déménagé pour suivre ce programme car intégrer cette université et faire mes études supérieures dans un tel établissement était un véritable rêve pour moi ! »
Un programme de qualité mais à peaufiner
Ghaith se présente ainsi à l’université et est accueilli par la Direction des relations internationales, qui étudie en détails sa candidature, comme pour tous les étudiants réfugiés ayant postulés aux programmes proposés. Accepté et intégré, sa première année au sein de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne lui permet d’apprendre la langue française. « J’ai trouvé le programme de qualité, et j’espère que tous les établissements parisiens et français vont proposer des cursus adaptés car de nombreux étudiants syriens, ayant entre 18 et 30 ans, ont vraiment besoin d’aide pour poursuivre leurs études et leur intégration », souligne le jeune homme. « Nous étions 24 étudiants dans la classe FLE, tous de nationalité syrienne, ayant pour conséquence que de nombreuses conversations se déroulaient en langue arabe, en plus de l’existence de plusieurs niveaux, notamment durant le deuxième semestre… De ce fait, j’ai décidé d’étudier tout seul aussi pour obtenir le diplôme d’études en langue française DELF B1, qui comprend plusieurs parties : une compréhension de l’oral, une compréhension des écrits, une production écrite et une autre orale. Je l’ai bien préparé et je l’ai finalement réussi ! Pour autant, je pense qu’il serait mieux que les nouveaux étudiants aient une vingtaine d’heures de cours par semaine, à la place des 12h actuels, et dans des classes dont l’effectif ne dépasserait pas une quinzaine d’étudiants, si cela est possible », ajoute-t-il.
Une volonté à toute épreuve
Ghaith Amin continue de se concentrer sur le développement de ses compétences linguistiques, et est en train de préparer sa prochaine rentrée en master 1. « Je vais faire tout mon possible pour réussir ma première année de master. Par la suite, je souhaite m’inscrire et faire un master 2 recherche, avec un sujet de thèse de recherche scientifique qui soit très important ! », confie le jeune homme, volontaire et ambitieux. « Mon rêve le plus cher, sur le plan professionnel, serait de devenir un des plus importants chercheurs en géographie ! »
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