Qu’est-ce qui fait désormais la différence au moment d’entrer sur le marché de l’emploi ?
"Il me semble qu’un projet professionnel très précis, singulier, étayé par des expériences professionnelles et extra-professionnelles (engagement associatif, formation diplômante ou non, lectures, conférences, voyages…) en lien avec les postes ciblés peut permettre de se différencier. Il est bon que la candidature soit bâtie à partir de ce projet professionnel, avec des outils affinés : un pitch travaillé et retravaillé, des profils sur les réseaux sociaux avec des mots-clés bien choisis, un CV qui présente le parcours du candidat en mettant en valeur tout ce qui étaye le projet professionnel et le poste ciblé, une lettre de motivation courte et incisive, etc. D’autres éléments permettent également de faire la différence, comme un savoir-être adapté aux situations de recrutement (entretiens individuels ou collectifs, mises en situation…) et aux personnes rencontrées (adaptation en fonction des interlocuteurs). Par ailleurs, une expertise qui motive et passionne le candidat interpelle souvent les recruteurs."
Le digital prenant une place de plus en plus importante, quelle stratégie doit-on adopter sur cet aspect ?
"De nos jours, il est indispensable de travailler sa e-réputation et ses différents profils sur les réseaux sociaux. Beaucoup de recruteurs ne vont plus chercher les CV dans leurs bases de données ou leurs boîtes mail, mais ‘googlisent’ les profils des candidats en ligne. Il est également important que l’ensemble des profils du candidat soit cohérent. Par ailleurs, de plus en plus nombreux sont les candidats qui créent et qui développent un blog en lien avec leurs centres d’intérêt ou alimentent ceux des autres, en publiant des articles ou en répondant à des interviews. Pour des métiers notamment créatifs et d’image, qui font appel à une certaine sensibilité, il est très important d’avoir accès aux réseaux sociaux spécialisés comme Instagram ou Pinterest."
Quels sont les obstacles et les difficultés que les étudiants et les jeunes diplômés doivent contourner au moment de rentrer sur le marché de l'emploi ?
"Certains jeunes ont peur et pensent qu’ils manquent d’expérience. Ils doutent de ce qu’ils peuvent apporter à une entreprise, à un dirigeant, ou à une équipe. Ils butent sur les offres d’emploi où il est indiqué ‘candidat expérimenté’, ils se lancent dans de multiples candidatures non personnalisées et non adaptées tant à l’offre d’emploi à laquelle ils postulent qu’à leur projet professionnel. Je les invite, de ce fait, à bien travailler leur candidature et à avoir un peu d’audace ! En effet, l’enjeu est de dépasser sa peur de ‘demander’ à des personnes de les rencontrer pour étayer, affiner son projet professionnel… Ils craignent bien souvent de déranger leurs interlocuteurs alors que les entretiens réseau sont la clé pour valider un projet professionnel et, pourquoi pas, devenir le candidat d’une offre du marché ‘caché’. ‘L’audace a du génie, de la puissance et de la magie’, affirmait Goethe. Depuis 2007, je coache des dirigeants et leurs équipes. J’accompagne également des personnes qui souhaitent faire évoluer leur trajectoire de carrière : la persévérance et la patience finissent souvent par récompenser les candidats, même les plus jeunes !"
Y-a-t-il des clichés existants et qu'il faut absolument effacer concernant l'insertion professionnelle ?
"Beaucoup pensent qu’il y a des secteurs où l’on ne peut pas trouver d’emplois car ils sont décrits comme ‘bouchés’. Je pense que nous pouvons inviter les jeunes à laisser raisonner cette phrase : ‘Trouvent ceux qui savent ce qu’ils cherchent.’ Il m’apparaît que ce n’est pas de savoir quels sont les secteurs qui emploient, mais d’avoir un projet professionnel très précis qui permet de candidater à des offres d’emploi ciblées… Et d’avoir davantage de chances d’être recruté. Un autre écueil à éviter serait de ne postuler que par l’intermédiaire de candidatures spontanées à des offres d’emploi. 75 % des postes sont sur ce qui est appelé le ‘marché caché’ : ce sont des postes pour lesquels aucune offre d’emploi n’est publiée. Il est donc nécessaire de développer son réseau, notamment pour accéder à ce marché caché de l’emploi ! Alors, vous me direz : ‘mais certains jeunes n’ont pas de réseau ?!’ Les nouvelles approches réseau et les outils puissants tels que LinkedIn permettent à chacun de développer son propre réseau, ne serait-ce qu’à partir des professeurs, des maîtres de stage, des conférences, des contacts associatifs que les étudiants ont rencontré au cours de leurs études."
Comment développer et valoriser ses talents et ses compétences, sur son CV comme dans sa lettre de motivation ?
"Je reviens à nouveau sur l’importance d’avoir un réel projet professionnel très précis. Nous pouvons inviter les jeunes à répondre à ces questions : que voulez-vous faire ? A quel type de poste ? Dans quel type d’organisations : multinationale, PME, start-up, associations, institutions… ? Dans quel pays ? Avec quel type d’équipe ? Avec quelle éthique ? Puis, lorsqu’ils ont répondu à ces questions, ils peuvent décliner un projet professionnel en 3, 10 et 30 lignes. Ensuite seulement, j’invite les jeunes à rédiger leur pitch, leur CV et leur lettre de motivation. Ces outils doivent mettre en valeur les talents, les savoir, les savoir-faire, les savoir-être, les expériences du jeune en lien avec son projet professionnel. Sa candidature sera ainsi cohérente et singulière. Alors, vous allez me dire : mais si le jeune n’a pas d’expériences en lien avec son projet professionnel ? En réalité, en creusant bien, nous retrouvons toujours des ‘traces’ d’expériences professionnelles et extra-professionnelles dans son histoire. Il peut également se mettre en route pour alimenter ses expériences en lisant des articles spécialisés, en allant à des conférences, en envisageant des formations complémentaires, ou encore en développant son réseau dans l’univers professionnel qu’il cible. Valoriser ses talents et ses compétences, c’est aussi se montrer ‘expert’ de son sujet : communiquer sur les articles qu’on a lus, les événements auxquels on a assisté, les personnes qu’on a rencontrées, les expériences extraprofessionnelles en lien avec son projet professionnel."
Comment maximiser ses chances de réussite lors d'un entretien de recrutement ?
"Il me semble qu’il faut avoir préparé son entretien comme si tout dépendait de soi, et y aller confiant comme si tout dépendait de la vie ! Préparer son entretien, c’est ‘googliser’ le profil du recruteur, se renseigner sur l’entreprise, connaître son pitch par cœur, s’apprêter à avoir un discours authentique et cohérent. Au cours de l’entretien, il me semble que l’essentiel est de trouver l’‘espace commun’ qu’il y a entre le candidat et le recrutement pour que les synergies soient rapidement identifiées entre les deux interlocuteurs, et que l’échange soit tourné au plus vite vers l’avenir : ‘Et si vous intégriez ma Direction sur la mission ‘A’, quelles recommandations feriez-vous ?’ Réussir son entretien, c’est aussi le laisser vivre au-delà du rendez-vous… Savoir remercier de manière singulière et sobre le recruteur qui vous a reçu. Rester patient quand la réponse du recrutement tarde, en sachant que le temps du candidat est différent de celui des entreprises. Je souhaite à chacun beaucoup de persévérance, de patience un brin d’audace et bonne chance."
Plus de conseils : Chrysoline Brabant, executive coach : www.ehoconseil.com – chrysoline.brabant@ehoconseil.com
Louis Bertrand pour #LeSorbonnaute
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