La menace pénale
La séance s’ouvre par un élan de nostalgie. Alors que défile à l'écran un mur de texte comme ceux inaugurant chaque épisode de la série de Georges Lucas, un petit orchestre de cuivres reprend avec talent le thème principal d'Un Nouvel Espoir. Puis sont accueillis les juges, la partie civile, les avocats de la défense - dont quelques noms célèbres (Hervé Témime, Eric Dupond-Moretti, Patrice Spinosi…) - provoquent l'euphorie dans la foule. Enfin, alors que les lumières s'éteignent et que l'orchestre joue les premières notes de la marche impériale, l'accusé, tout de noir vêtu, accompagné de deux stormtroopers, fait une entrée fracassante. Certes, la voix d’Edmond Fréty, trop aigue, semble un peu détoner avec le timbre iconique du légendaire seigneur Sith. Mais force est de reconnaître que le costume est très réussi. Après cette longue introduction de près d’une demi-heure, le procès peut commencer, suivant les étapes habituelles d'une véritable séance.
L’attaque des témoins
En premier lieu, parole à l’enquêteur, Adrien Rivierre, dont l'intervention est interrompue par un duel au sabre laser défectueux et des enregistrements d'appels de Dark Vador à SOS Amitié et Nicolas Sarkozy. Le ton est donné. A la surprise générale, les frères Bogdanoff montent ensuite à la barre des témoins, le temps de quelques blagues sexuelles, avec plusieurs références à Temps X, une émission dont le public d’antan est aujourd’hui majoritairement mort, remarque la défense… Autre invitée de marque, Annick Girardin, secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie, prend le micro pour reprocher au "marcheur céleste" les conséquences désastreuses de ses actions sur l'écologie sidérale. Après un bref témoignage d'un certain Jawad, soi-disant l'hôte du djihadiste de l'espace, un interlude musical laisse à la partie civile le temps de préparer son offensive.
La revanche des juristes
Bien qu'inégale, celle-ci se montre impitoyable. On retiendra avant tout les talents d'orateurs des représentants des porteurs de masques respiratoires, accablés par la mauvaise image répandue par le suppôt de l’empereur. Avant la délibération du jury, l'heure est au plaidoyer de la défense, dont les remarques sarcastiques ont rythmé le procès. Dépassée par le nombre, elle se rattrape par sa célébrité et sa maîtrise de l'exercice. Seulement, le dossier d'un général génocidaire et tyrannique se trouve être fort difficile à défendre - qui l'eut cru ? Plutôt que de défendre l’accusé, Patrice Spinosi attaque la Cour. Antoine Vey, lui, évoque la difficile enfance de son client, qui aurait été molesté par ses deux tuteurs Jedis. Enfin, l'intervention d’Eric Dupond-Moretti témoigne autant de l'éloquence du prestigieux avocat que de sa complète inculture en matière de science-fiction. C'est sans doute l'envolée lyrique de Dark Vador lui-même qui, par sa franchise et son émotion, fait pencher l'assemblée en sa faveur. Acclamé par la foule près de quarante ans après sa première apparition à l'écran, la verve d'Anakin Skywalker lui vaut d'être acquitté par le sénat intergalactique. "Ainsi s'éteint la justice", dirait sa bien-aimée. "Sous une pluie d'applaudissements."
Adrien Pflug pour #LeSorbonnaute
© Photo / Humans of Paris / Marco Hazan
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