Le 2 mars dernier, un mois très exactement après la toute première conférence ‘E2PME’ (pour ‘Economie Politique et Management de l’Entrepreneuriat et des PME’), une deuxième édition a été organisée autour du sujet du microcrédit. A cette occasion, Frédéric Lavenir, président de l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique) avait été convié à partager avec les étudiants sur ce sujet, en abordant notamment leurs principes ainsi que leurs impacts en France. « Je suis très ému d’être dans un amphithéâtre : cela me ramène dans mes années d’étudiant à l’université », a-t-il tout d’abord confié en introduction de cette conférence organisée par l’INEES (International Network in Economics and Entrepreneurship for Science), le PRISM SEE, et en collaboration avec Les Jeudis des Entrepreneurs. Il faut dire que Frédéric Lavenir a, en une vingtaine d’années, enregistré un parcours de qualité en débutant au ministère de l’Economie et des Finances avant de rejoindre l’Adie, à partir des années 2000, et de devenir le président, depuis septembre 2016, de cette association qui a pour objet d’aider, notamment sous forme de microcrédits, l’implantation de créateurs d’entreprise en manque de moyens.
Un vraie tournant dans l’aide sociale
Comme l’a ensuite expliqué Frédéric Lavenir, le modèle de microcrédit vient à l’origine du Bangladesh, où il a été inventé par Muhammad Yunus, un banquier ayant notamment reçu le prix Nobel de la Paix pour ce mode de financement. Ces prêts de petits montants visaient en effet à permettre aux commerçants, agriculteurs et autres artisans de lancer ou de développer leurs activités, grâce l’achat de matières premières. A la suite du succès de ces microcrédits, ces aides sont progressivement arrivées en France. Les entreprises concernées prennent ainsi bien souvent la forme de petits commerces, tels que des pizzerias, des crêperies ou encore des commerces ambulants.
La création de l’Adie, en 1989, a marqué un véritable tournant dans l’aide sociale, offrant la possibilité de prêter à des personnes n’ayant pas, dans d’autre cas, l’occasion d’avoir accès à des crédits. Avec 20 000 prêts enregistrés l’année passée, pour un montant moyen de l’ordre de 4000 euros, l’association a pris une envergure sans équivalence nationale et permet de changer des vies. « Les bénéficiaires ne sont pas des assistés : ils sont aussi capables que n’importe qui dans ces conditions ! », a notamment insisté Frédéric Lavenir, qui entend bien souvent les gens dire : « Ce n’est pas pour moi ! »
Mais l’Adie n’est pas seulement un fonds d’investissement : elle propose aussi un accompagnement à la création sur un plan technique et humain. Cela fonctionne d’ailleurs correctement : au bout de deux ans, 76 % des entreprises sont toujours en vie, ce qui est à peu près équivalent aux chiffres communiqués par l’INSEE pour les entreprises de cette catégorie. Le taux de remboursement de 95 % est, lui aussi, dans la norme.
Une véritable spirale de bien-être
Le modèle économique proposé dans le cadre du microcrédit est relativement simple et prend la forme d’une spirale de bien-être. L’exemple proposé par Frédéric Lavenir est un groupe de trois femmes, dans la banlieue d’une grande ville. Une d’entre elles fabrique des produits artisanaux, et les deux autres des plats cuisinés. Sans fonds, elles auraient été dans l’impossibilité de gagner assez d’argent pour vivre correctement (500 euros par mois). Avec un prêt de l’ordre de 1000 euros, elles augmentent leur revenu mensuel équivalent au SMIC. En se portant caution entre elles et grâce à des petites formations de l’Adie, celles-ci sont capables de gérer leurs petites entreprises. En un mois, le prêt initial est remboursé : les femmes ont changé que ce soit professionnellement comme humainement : elles sont devenues des véritables entrepreneuses et ont gagné confiance. En augmentant le prêt suivant, le revenu progresse et ces femmes arrivent in fine à ouvrir un compte en banque avec autorisation de découvert et bientôt la possibilité de réaliser un prêt beaucoup plus conséquent. Résultat : des entreprises sont nées et se sont développées !
L’intervention de Frédéric Lavenir n’était pas seulement un discours sur l’innovation, comme le sont les microcrédits et les micro-franchises, mais également un moment humain sur le partage et l’égalité des chances que chacun peut et se doit d’avoir !
Charlotte Sostivint pour #LeSorbonn@ute
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