Pourquoi soutenez-vous U-Report, l’outil numérique créé par l’UNICEF pour recueillir la parole des jeunes ?
« Notre société a besoin de se renouveler, d’être plus pragmatique et de laisser les citoyens de tous âges apporter de nouvelles idées à ses dirigeants. Dans ce monde numérique, où l’information circule de plus en plus vite, l’UNICEF constitue un point de repère partout dans le monde. La force de l'UNICEF se matérialise, une nouvelle fois, avec U-Report, qui illustre l’importance de donner la parole aux jeunes. Notre société doit être diversifiée pour avancer ensemble vers un destin meilleur. Les avis qui vont ressortir de ces sondages montreront ces forces collectives qui peuvent se rassembler autour de valeurs communes. Récemment, j’ai participé, dans le cadre de la COP22, au livre blanc « Femmes santé climat ». Le fait qu’un récent sondage d’U-Report porte sur « L’eau, une ressource vitale qui nous concerne tous » illustre l’importance que nous devons attacher à la préservation de cette Terre, qui nous a été confiée provisoirement et que nos enfants devront à leur tour préserver. Nous devons cesser de détériorer la Terre. Dans tous les pays du monde, l’eau est devenue si précieuse qu’il faut tout faire pour que cette ressource redevienne inépuisable et non-polluée. »
Quelles actions et thèmes de l’UNICEF vous touchent tout particulièrement ?
« J’ai été très touché d’être contacté par l’UNICEF dans le cadre de cette campagne, qui valorise les jeunes et qui nous guide vers notre avenir. L’UNICEF apporte partout dans le monde une aide, une bienveillance, un altruisme et du bénévolat qui sont remarquables. Il m’a semblé évident que je devais apporter, à mon niveau, une goutte d’eau pour essayer de l'aider. Nos réseaux virtuels et réels peuvent servir à véhiculer des idées et des valeurs. Chacun à notre échelle, nous pouvons contribuer. Il est de notre devoir de participer à la protection des enfants dans le monde. »
Vous dites que, si vous étiez président, vous lutteriez contre le chômage. Que feriez-vous plus spécifiquement pour lutter contre le chômage des jeunes ?
« Ayant vécu une situation de plan social puis de chômage, j’ai découvert, pour rebondir, la force des médias et des réseaux sociaux pour rendre plus visibles ses compétences professionnelles. Après avoir retrouvé rapidement un travail, il m’a semblé important d’expliquer et de partager sur les méthodes utilisées pour qu’elles servent à d’autres personnes en recherche d’emploi.
Lorsque Sandrine Chauvin m’a proposé de réaliser, pour LinkedIn, cette tribune dans le cadre des Présidentielles 2017, j’ai orienté volontairement son contenu vers l’aide aux demandeurs d’emploi. A cette occasion, j’ai découvert que la lutte contre le chômage n’avait jamais été classée comme ‘Grande cause nationale’, alors que ce dispositif augmente les avantages des dispositifs d’Etat pour les associations qui participent pendant l’année considérée à la diminution de ce problème. Ce fut ma première proposition. Ensuite, j'ai proposé une augmentation de l’amendement « Coluche » pour les dons aux associations qui luttent contre le chômage. Enfin, j’ai mis en avant qu’il est du devoir de l’Etat de s’assurer que tous les employés bénéficient régulièrement de formations, qui leurs permettent de s’adapter à l’évolution de leurs métiers. Cette troisième idée était d’instituer un « contrôle technique » obligatoire et indépendant permettant d’accompagner les besoins des entreprises et surtout de limiter les risques de perte d'emploi. Il est extrêmement délicat et réducteur de faire un tel article. Ces trois idées avaient pour simples objectifs d’ouvrir un peu le débat et d’imaginer de nouvelles solutions pour lutter plus efficacement contre ce fléau qu’est le chômage et qui empoisonne notre pays depuis tant d’années. »
Lors d’un sondage effectué l’année passée pour la rentrée universitaire, les U-Reporters ont déclaré majoritairement que l’enseignement supérieur, sous sa forme actuelle, ne permet pas de bien s’insérer dans la vie professionnelle. Que faudrait-il améliorer ou réformer selon vous ?
« Il faudrait sans cesse adapter l’enseignement aux besoins de la société et des entreprises. Il est du devoir de l’éducation nationale de préparer beaucoup plus les jeunes au monde du travail et de renforcer la collaboration avec les recruteurs. En lisant le rapport de l’OCDE sur la position catastrophique de la France sur le taux d’emploi des jeunes, il est impossible de rester immobile. Le système mis en place dans l’enseignement supérieur doit être entièrement revu pour offrir de nouvelles opportunités aux jeunes et intégrer beaucoup plus leurs futurs métiers dans leurs formations. J’ai la chance d’être président délégué de l’Ecole Polytechnique d’Assurances. Nous souhaitons mettre en place de nouvelles formations de data scientist en assurance avec Telecom Paris Tech. Le chemin est long et compliqué alors qu’aujourd’hui le secteur de l'assurance a un besoin vital de ce type de compétences. Par ailleurs, lorsque je vois que, depuis tant d’années, nos campagnes sont devenues des déserts médicaux et que le nombre de médecins formés n’a pas augmenté pour compenser ce problème alors, comme tous les citoyens, je m’interroge sur les raisons de ce blocage. Les cas pourraient être multipliés à l'infini malheureusement. Quel que soit le secteur, quelles que soient les compétences, l’analyse de tous ces déficits devrait amener à une réorientation de nos formations. Pourtant, le système semble toujours sclérosé et les progrès ne sont pas significatifs car le taux de chômage des jeunes reste toujours beaucoup trop haut ! »
A travers votre initiative #i4emploi, vous démontrez le pouvoir des réseaux sociaux et du numérique pour faire changer les choses. Pensez-vous que les réseaux sociaux puissent permettre une plus grande mobilisation des jeunes, en ligne et hors ligne ?
« Le collectif #i4emploi est le reflet de cette société bienveillante de citoyens, qui essaye d'apporter de l’aide aux personnes qui en ont besoin. Les réseaux sociaux sont de formidables amplificateurs et un moyen extraordinaire d’accompagner des mouvements collaboratifs et collectifs. #i4emploi fonctionne sur le principe de la bouteille à la mer, sauf qu’en ‘donnant des RT’, les twittos démultiplient les bouteilles et augmentent la probabilité qu’un recruteur découvre le talent mis en avant. Depuis septembre 2015, #i4emploi a permis à de nombreuses personnes en recherche d’emploi de reprendre confiance en elles, de valoriser leurs compétences et, pour certaines, de retrouver un travail grâce à leur présence sur Twitter. Cependant, #i4emploi est un complément des méthodes traditionnelles et ne doit en aucune façon être vu comme un remplacement. Je crois énormément à la puissance de ces manifestations virales, qui utilisent les outils virtuels pour avoir de l’impact dans le monde réel. Avec #i4emploi, nous utilisons la ‘pièce secrète de Twitter’, qui permet de communiquer entre nous et surtout de nous prévenir quand des personnes doivent être soutenues. La méthode utilisée par le collectif #i4emploi est transposable à beaucoup de causes qui deviennent ainsi plus visibles sur Twitter, grâce à la puissance de frappe des twittos ‘influenceurs’. »
Vous parlez beaucoup du numérique et des réseaux pour ‘apporter des gouttes d’eau’. Pensez-vous que les outils numériques soient suffisants pour générer de véritables changements ?
« Les outils numériques représentent aujourd’hui de formidables opportunités. Lorsqu’une personne est en recherche d’emploi, elle peut ainsi mieux valoriser ses compétences. Plus largement, ces outils facilitent la possibilité de faire passer des idées et d’essayer de faire évoluer notre système. Comment expliquer aujourd’hui que de simples citoyens soient invités par les plus hauts représentants de l’Etat ? Comment expliquer que des personnes qui, à la base, ne sont pas des communicants deviennent soudainement les porte-paroles de causes ? Les réseaux sociaux ouvrent une infinité de solutions et nous sommes très loin d’en avoir trouvé les limites. Ils deviennent une nouvelle forme d’agora qui, si elle est bien utilisée, peut avoir un impact sur notre vie réelle. »
Pour en savoir plus : U-Report est un outil numérique de mobilisation sociale développé par UNICEF international qui encourage et engage les jeunes (13 à 30 ans) à la participation citoyenne grâce à des sondages envoyés sur leurs smartphones, via Facebook Messenger ou Twitter.
Céline Thomas, volontaire en service civique à l’UNICEF
© Photo /DR
Inès Picaud-Larrandart, étudiante en master 2 recherche art et création internationale, s’est...
Entre la performance et l’installation, l’artiste Christian Jaccard revendique son statut de...
L'équipe du Master 2 Banque-Finance - Université Paris I Panthéon-Sorbonne est montée sur la...
Trois docteures de l’université ont été récemment récompensées pour leurs travaux. Retour sur ces...