« Tout blanc ! » C’est ainsi que le diplomate qatarien, actuellement doctorant à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Nasser Al Henzab, décrit sa venue en France en 2004. Telles les pages d’un cahier qui attendent d’être remplies, Nasser est arrivé en France sans connaître un seul mot français. Aujourd’hui, le cahier est bien rempli et il jongle facilement entre Molière, Richelieu, la Révolution française… Mais tout n’a pas été facile pour le jeune étudiant, notamment à son arrivée en France. Lorsqu’on lui demande de se remémorer ses premiers mois dans l’Hexagone, il n’hésite pas à décrire ses difficultés ainsi : « C’était psychologiquement et moralement difficile car, en 2004, il n’y avait pas les moyens de communication que nous avons aujourd’hui. J’ai senti un certain choc culturel ! » Nasser fait néanmoins remarquer que cette distance culturelle a été allégée par les traits communs qui rapprochent la France et le Qatar. « Les sociétés française et qatarienne partagent l’attachement au vivre-ensemble, à l’hospitalité, à la générosité et au respect de la diversité. Ces choses facilitent vraiment l’intégration ! »
Du sud-ouest de la France à la capitale
C’est à Royan que le jeune étudiant qatarien entame son long et riche parcours pédagogique en France. Sous le soleil accueillant du sud-ouest, Nasser commence à apprendre la langue française. « J’y suis resté deux ans, dont une année en famille d’accueil. Là-bas, j’ai pu apprendre sereinement le français et m’imprégner de la culture française » rappelle-t-il. Son diplôme d’étude en langue française acquis, Nasser entame une licence de droit à Rouen, qu’il obtient en 2008, avant de quitter la Normandie pour aller à Sciences Po, plus précisément au Campus Moyen-Orient Méditerranée de Menton. Un an plus tard, le jeune homme décide d’aller étudier le droit à Paris. Il s’inscrit à Paris Descartes pour se lancer dans un un master 1 en droit public. « Je suis retourné vers le droit parce que j’aime beaucoup cette discipline. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis venu en France ! »
L’intégration dans un master très sélectif
En effet, le droit qatarien est inspiré par le droit égyptien et le droit libanais. « Ils sont eux-mêmes inspirés par le droit français », confie le diplomate qatarien. « Notre système juridique, fondé principalement sur le droit musulman, a également incorporé le droit positif français. Notre ordre judiciaire comme notre ordre administratif s’inspirent du système juridique français, tout comme pour le droit public et le droit pénal », ajoute-t-il. En 2010, Nasser est accepté en master 2 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. « C’était mon rêve d’être accepté à Paris ! Ça s’est fait, en plus, dans un master très sélectif en droit public des affaires ! » Puis il précise immédiatement : « J’ai été le seul et le premier qatarien à faire ce master 2 en droit public des affaires ! »
Des sacrifices pour accomplir des prouesses
Nasser Al Henzab fait partie de ces étudiants étrangers qui ont réalisé certains sacrifices, et se sont éloignés de leurs familles et amis pour accomplir des prouesses. « Le master 2 à Paris 1 Panthéon-Sorbonne était un grand défi pour moi », affirme-t-il. Défi relevé et réussi grâce, entres autres, au soutien qu’il a reçu de la part de ses camarades de classe, avec lesquels il a noué de solides liens d’amitié. A l’issue de son master 2, le juriste qatarien décide de poursuivre ses études, en entamant un cycle doctoral. Il amorce ainsi une réflexion autour de la protection des investissements étrangers, dans une perspective comparative entre le droit français et le droit qatarien, et est aujourd’hui dans sa dernière année.
La chaire d’entreprise, la grande réalisation
Mais ce qui reste la grande réalisation de Nasser est le rapport sur l’éthique du sport. « A la fin de mon master, en 2011, je voulais faire quelque chose d’innovant pour Paris 1 Panthéon-Sorbonne, pour mon pays et pour le monde entier. » L’étudiant était conscient que l’université pouvait lui permettre de porter un grand projet grâce aux chercheurs de qualité dont elle dispose. De plus, l’éthique du sport est un domaine qui soulève beaucoup de défis en termes de protection juridique. « D’autant le sport joue un rôle important dans le domaine économique, politique et social », ajoute-t-il. Son idée a alors été de porter une réflexion sur l’éthique du sport en élaborant des normes sur le plan international, une meilleure protection juridique du sport étant nécessaire. Le juriste qatarien a ainsi présenté le projet de faire une chaire d’entreprise entre l’International Center for Sport Security et Paris 1 Panthéon Sorbonne. L’idée a pris forme et, quelques années plus tard, le comité scientifique de cette chaire a rédigé un rapport de 1600 pages avec 70 experts du monde entier sur l’éthique du sport. « C’est un projet unique sur le plan international. Il est devenu le complément de la convention européen du sport et il est aujourd’hui une référence pour toutes les organisations internationales, y compris l’Unesco et le Conseil de l’Europe », conclut fièrement Nasser Al Henzab.
Shathil Nawaf Shathil #LeSorbonn@ute
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