Chaque année, de nombreux jeunes décident de s’engager en parallèle d’un cursus à l’université. Paris 1 Panthéon-Sorbonne compte ainsi de nombreux étudiants décidant de s’élancer dans des engagements divers et variés : politique, citoyen, associatif, sportif, bénévole voire humanitaire pour les plus téméraires. Thomas*, étudiant de 21 ans actuellement en licence 2 à l’Ecole de droit de la Sorbonne, décrit ainsi en quoi consiste son engagement au sein de la réserve opérationnelle de l’Armée de l’Air.
Pourquoi avoir fait ce choix d’un engagement au sein de l’Armée de l’Air en tant que réserviste ?
"J’ai toujours été attiré par l’idée de "servir", de participer à quelque chose de plus grand que moi, une cause, un idéal. C’est surement très utopiste de ma part de penser comme cela. Notre armée, à l’image de l’homme, n’est pas parfaite, mais elle est la garante de valeurs que j’apprécie : l’altruisme, la persévérance, un certain sens du devoir et de la loyauté. Ce sont des valeurs aujourd’hui délaissées et que l’on a du mal à retrouver chez les "civils". Il s’agit donc avant tout des idées qui m’ont poussé "à signer" et à m’engager, avant même l’expérience humaine que l’armée permet de m’apporter."
Quelles qualités faut-il déployer pour devenir réserviste ?
"Plusieurs qualités doivent être développées comme un sens du devoir élevé, savoir accepter l’autorité sans pour autant lui obéir aveuglement, du courage, de l’abnégation et de la probité. La qualité de militaire s’accommode mal à de possibles "dérapages". Sur ce point, l’institution est très exigeante. A titre d’exemple, si jamais je perds six points sur mon permis de conduire pour "alcoolémie au volant", l’armée doublerait la sanction, m’enlevant ainsi six points supplémentaires et donc mon permis. En matière pénale, l’armée double systématiquement la sanction prévue, estimant que la faute commise est préjudiciable à l’image de l’institution et à l’exemplarité que le militaire est censé inspirer auprès des populations."
En matière de recrutement, comment intègre-t-on la réserve ?
"Cela dépend. Les anciens militaires bénéficient d’un accès de droit, voir même obligatoire dans certains cas, à la réserve opérationnelle de leur armée d’attache. Les civils, eux, doivent passer par un circuit différent qui est celui des préparations militaires spécifiques à chaque armée (préparation militaire Gendarmerie, Air, Terre, Marine). L’accès à ces préparations est ouvert aux jeunes âgés de 16 à 27 ans, satisfaisant aux conditions physiques, sans aucune condition de diplôme. La sélection se fait sur dossier après entretien. Elle est plutôt ouverte dans le sens où il n’est pas très "difficile" d’être sélectionné. A l’issue des périodes de préparations militaires de deux semaines consécutives, qui se font sous statut civil, les "PMistes" se voient attribuer un diplôme du ministère de la Défense. Si la note obtenue est supérieure ou égale à 12/20, qui est la moyenne à l’armée, il est possible d’accéder à la "FMIR", Formation Militaire Initiale du Réserviste. Cette formation se fait sous statut militaire, au grade d’aviateur (soldat), ce qui implique de signer un contrat. L’accès à la FMIR est ouvert au candidat ayant au moins 17 ans au jour de la signature du contrat. A l’issue d’une troisième semaine de formation et de quatre semaines de stage, le réserviste obtient son CAER, le Certificat d’aptitude à l’emploi du réserviste, qui lui permet de postuler à tous les emplois de réservistes ouverts dans l’armée dans laquelle il a effectué son cursus de formation. Pendant ces cinq dernières semaines de formation, le militaire réserviste touche une solde (appellation du salaire dans l’armée) de 42 euros par jour travaillé."
Quels métiers peut-on exercer en tant que réserviste ?
"Les militaires réservistes exercent les mêmes fonctions que les militaires d’active sur un même poste, sans différence de statuts entre les deux. Ils apportent un renfort, un appui ponctuel, en fonction des besoins de l’armée. En ce moment, beaucoup de réservistes de l’armée de Terre sont mobilisé sur l’Opération Sentinelle - déployée au lendemain des attentats de janvier dernier pour faire face à la menace terroriste et protéger les "points" sensibles du territoire - pour relayer leurs camarades qui commencent à être fatigués. Par exemple, au SRA (Sécurité, Renforcement et Appui), qui est une unité composée uniquement de réservistes, ces derniers participent aux BasEX (exercice base) où ils tentent de déjouer la sécurité pour y révéler ses failles. Mais ils peuvent aussi bien être envoyés en renfort gendarmerie sur une battue ou aller assister les populations victimes d’une inondation, par exemple."
Est-il possible de monter en grade ?
"Oui, tout à fait ! Dans l’armée de Terre, il "suffit" d’effectuer, sous réserve d’avoir un diplôme de niveau baccalauréat, une Préparation Militaire dite "supérieure" pour accéder au grade de sergent (sous-officier). Dans l’armée de l’Air, la montée en grade ou l’obtention d’un grade supérieur à celui donnée par la FMIR (aviateur) se fait via la chancellerie, qui effectue les démarches. Un niveau bac permet l’obtention du grade de sergent, un bac+3 de lieutenant, etc."
N’est-ce pas compliqué de cumuler le statut de réserviste avec des études supérieures à l’université ?
"Parfois, ça l’est… Cette année, cela a été particulièrement difficile, puisque j’ai effectué mes périodes de réserve avant mes deux sessions de partiels et je n’ai pas eu de vacances d’été ! Mais c’était un choix : je n’étais pas tenu d’y aller, les réservistes étant appelables suivant leurs disponibilités, sauf cas de force majeure. La seule chose à savoir est que, pour rester réserviste, il faut au minimum faire cinq jours de réserve par an, et en moyenne la durée du service varie entre 20 et 30 jours par an. Mais cela peut aller, dans certains cas très rares et exceptionnels, jusqu'à 180 jours par an. Pour autant, le jeu en vaut vraiment la chandelle !"
Conseillerais-tu aux étudiants de l’université de se lancer dans cette "aventure" d’être réserviste militaire ?
"Oui, sans hésiter ! Il s’agit d’une expérience vraiment enrichissante sur tous les plans. La réserve militaire est également très appréciée des employeurs, de manière générale. Néanmoins, ce n’est pas fait pour tout le monde : l’armée exige une certaine rigueur et une discipline de l’esprit qui peuvent être difficiles à supporter. Il y a d’autres moyens de servir son pays : l’humanitaire et le service civique en sont un bon exemple, tout comme le service volontaire européen !"
*Le prénom a été changé pour des raisons de sécurité
Une journée nationale du réserviste (JNR) est organisée une fois par an. En 2016, elle se déroulera sur la période allant du 7 mars au 2 avril sur le thème : "Une nouvelle réserve militaire pour de nouvelles menaces" et l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne est partie prenante de cet évènement.
Propos recueillis par David Peyraud pour #LeSorbonnute
© Photo/ Ministère de la Défense
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