Plus qu'une simple parisienne, Aissa est une citoyenne du monde. Cette touche-à-tout se définit elle-même comme une "activiste". Insatiable, elle ambitionne de faire découvrir au monde entier son pays d'origine, la Guinée Conakry. En janvier dernier, la jeune femme a décidé de mettre à l'honneur la capitale du pays, Conakry, dans une vidéo invitant les Conakryka à dire au monde : "Welcome to Conakry". La vidéo est remarquée et atteint 60 000 vues sur les réseaux sociaux ! "Je ne m'attendais pas à autant d'engouement !", confie Aissa. Forte du soutien des médias nationaux guinéens, des ministères de la Culture et du Tourisme, son ambition de promotion prend encore plus forme lorsque le consulat de la République de Guinée Conakry à Los Angeles lui envoie ses félicitations. "J'ai reçu une invitation pour participer à une réception à UCLA, une des meilleures universités au monde ! Elle dispose d’un partenariat avec Conakry, et une réception était organisée pour célébrer la nomination de Conakry en tant que capitale mondiale du livre par l'UNESCO. C'est la première fois qu'un pays de l'Afrique francophone reçoit ce titre !" A cela s’ajoute l’annonce, par Sansy Kaba Diakité, le directeur général de Conakry capitale mondiale du livre, de sa nomination de vice-commissaire de l'évènement. "Je n'ai pas hésité un seul instant pour accepter cette mission", avoue-t-elle. Désormais en charge de la communication de Conakry capitale mondiale du livre, elle doit promouvoir l'évènement, organiser des rassemblements, s'occuper des relations-presse,… "Cela va être un évènement international réunissant des intellectuels, des écrivains primés, des professeurs du monde entier qui vont se rendre dans une capitale africaine ! Ça me fait un peu bizarre de travailler d'un coup dans le monde des grands. C'est une vraie responsabilité qui m'est donnée !" Pour autant, elle déclare ne pas avoir peur car elle aime les défis, mais ne nie pas la pression qui accompagne sa mission.
Une vie associative déjà bien remplie
Au cours et en parallèle de ses études, Aissa s'est spécialisée dans l'Afrique et a développé une véritable passion pour ce continent. En 2015, elle a fait partie de l'association Teddungal, qui vise à promouvoir la culture africaine en France. Aissa est aussi responsable et porte-parole du Collectif du 10 mai, créé suite à un échange avec Christiane Taubira au cours duquel l'étudiante lui avait fait remarquer le manque de visibilité de la commémoration de l'abolition de l'esclavage. L'ancienne ministre de la Justice lui avait alors répondu qu'elle n'était pas commémorée parce qu'elle était taboue, et qu'il fallait fédérer les gens autour d'un évènement populaire. En cinq semaines, elle se lance, avec des amis, le défi d'organiser une exposition, un débat et un concert. Le succès est total !
Elle a également été membre de l'Association des Jeunes Guinéens de France, de 2012 à 2015, en tant que responsable de communication de l'élection de miss Guinée France. Sensible quant à ce qui se passe dans son pays d'origine, elle n'hésite pas à s'impliquer même à des milliers de kilomètres. Par exemple, lorsqu'elle apprend que la Guinée est touchée par le virus Ebola, elle a l'idée d'un grand flash mob. "Il a été diffusé sur France 24 et utilisé par le président Alpha Condé dans sa campagne de lutte contre Ebola afin de montrer qu'il y avait un soutien de la diaspora française." Avec l'Association des Jeunes Guinéens de France, Aissa a aussi récolté des dons pour envoyer des gels antibactériens en Guinée.
En France comme à l'étranger, Aissa est sur de nombreux fronts. Ainsi, au cours des quatre mois qu'elle a passé au Canada, elle a eu l'occasion de rencontrer des jeunes du monde entier et en a profité pour découvrir l'Amérique du Nord et du Sud afin de faire des portrait des jeunes issus de la diaspora africaine dans le monde. "Je trouve que, dans les autres pays, au niveau de la double culture, il n'y a pas ce problème d'identité. En France, on est soit français, soit africain, mais il est difficile d'assumer cette double identité !" A l'aise avec sa nationalité comme avec ses origines guinéenne, Aissa a de nombreux projets.
Donner une nouvelle image de l’Afrique
Selon elle, l'Afrique est vue, en général, comme un lieu lointain, pauvre, miné par la misère et la guerre. "Pour d'autres, c'est un pays !" Ce manque de connaissance et d'intérêt pour ce continent, auquel elle est tant attachée, la déconcerte. "L'Afrique est en pleine mutation et les gens ne comprennent pas cela : des villes sont deux fois plus développées que certains pays occidentaux, qui ont un taux de croissance économique flagrant." Aissa regrette également le manque de visibilité de la Guinée Conakry, un pays très peu connu, souvent confondu avec la Guinée Bissau ou la Guinée Equatoriale. L'image du pays a d'autant plus été détériorée à cause de l'épidémie du virus Ebola, en 2014. Mais la jeune étudiante n'est pas pour autant découragée. "Les gens entreprennent, l'Afrique bougent, le continent est dynamique, les Africains sont en marche vers la modernité tout en gardant leur culture et leur identité. Il y a de véritables opportunités ! De plus, en décembre 2015, un nouveau gouvernement s’est formé en Guinée avec des jeunes, des femmes, et l'OMS venait de déclarer que le virus Ebola avait déserté le pays. C'était un nouveau départ et je voulais faire partie de cette nouvelle vague. Je veux donner une nouvelle image de l'Afrique parce c'est le continent de demain !", affirme Aissa. Elle explique aussi que la Chine et la France se battent pour avoir les marchés africains, et espère réveiller les esprits, notamment ceux de jeunes issus de la diaspora africaine car, d'après elle, ils ont un rôle à jouer. "Certains ont peut-être peur de franchir le pas, mais j'ai vu des gens créer des entreprises en Afrique, et cela marche très bien ! L'Afrique, c'est aussi des intellectuels, des écrivains, des jeunes avec pleins de rêves !"
De l’ambition à revendre
En dépit du succès de sa vidéo et de son mandat de vice-commissaire à Conakry, capitale mondiale du livre, Aissa ne compte pas s'arrêter là. En septembre, elle lancera un guide touristique officiel pour que les potentiels touristes puissent s'informer sur la vie là-bas et trouver des bons plans. "Je souhaiterais faire découvrir la ville à travers les Conakryka. Je vais lancer une campagne de crowdfunding et, dès le mois de septembre, je lancerai ma web-série baptisée "Welcome to Conakry", de cinq épisodes. Chaque jour, je vais faire découvrir un nouveau quartier aux côtés d'un Conakryka."
Si ses projets professionnels sont multiples, Aissa aspire à travailler dans les organisations de relations internationales. Elle a effectué un stage, en décembre, en Guinée, au ministère de l'Administration et de la Décentralisation, ce qui lui a permis d'apprendre sur le terrain. "Je n'ai pas de métier en perspective, mais j'ai des rêves. L’un d’eux est de travailler pour l'Afrique. J'ai envie d'être un élément moteur de l'avancée du continent africain ! Pour la suite, je verrais en fonction des opportunités. Je fais ce que j'aime mais je n'ai pas envie d'abandonner mes études. On ne sait pas de quoi la vie sera faite, et j'adore l'université : j'ai soif d'apprendre !", confie Aissa.
Emilie Mendy
Photo / Emilie Mendy
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