Aristide Barraud est un joueur professionnel de rugby et un grand amoureux de la vie. Une forte tendance développée depuis des années, et qui s’est démultipliée depuis novembre dernier. Il a ainsi tenté et réussi, avec volonté et ténacité, à allier des études supérieures avec la pratique d’un sport de haut niveau. Après un bac ES, il a débuté des études d’ostéo jusqu’en troisième année avant de se réorienter et d’intégrer l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. "Je m’entraînais déjà avec le groupe professionnel du Stade Français et voyais ma carrière pro me passait sous le nez… J’ai de ce fait décidé de changer de club sans pour autant arrêter les études. J’ai ainsi fait ce que j’ai toujours voulu faire : une licence d’histoire !", explique le jeune homme de 27 ans.
Un passionné de recherche et d’histoire
Malgré une rentrée décalée de quelques mois, Aristide est accepté grâce à son statut de sportif de haut niveau, après avoir joué avec l’équipe de France des -20 ans et remporté le tournoi des Six Nations. Il intègre ainsi l’université en décembre 2010. "J’ai très vite été fasciné par les amphithéâtres, les professeurs, les cours d’histoire incroyables… Je me suis mis à visiter les églises, les musées, à découvrir vraiment Paris. Cela m’a donné la passion de la recherche et de l’histoire !", précise-t-il. Il rattrape aussi ses trois mois de retard et valide ses deux premières années de licence, grâce à une meilleure organisation suite à son retour à Massy, son club formateur, en Pro D2, entraîné alors par Jeff Dubois, qui est désormais entraîneur des arrières du XV de France. L’année suivante, Aristide décide de tenter une année complètement rugby et d’arrêter les études. "Cela a été un échec total : ça devenait hyper aliénant et complètement machinale… La recherche, les heures passées à la bibliothèque, de faire les devoirs et d’être en cours… Tout cela me manquait !"
L’opportunité d’un nouveau départ en Italie
Sollicité par plusieurs clubs de qualité, en France comme à l’étranger, Aristide décide alors de profiter d’une opportunité pour partir évoluer en Italie. Il rejoint les Rugby Lyons de Piacenza, en 2013-2014, est élu meilleur joueur et bat le record de points inscrits dès sa première saison. L’année suivante, il rejoint le club de Mogliano, le champion en titre. « En parallèle, dès que j’ai signé en Italie, j’ai tout de suite cherché à faire des études. Etant un grand passionné, j’ai opté pour une licence de cinéma, toujours à la Sorbonne, via le CNED. J’ai vraiment dû batailler pour intégrer la formation souhaitée : je n’étais pas prioritaire mais j’ai montré ma volonté et ma ténacité. Depuis, j’ai réussi à valider tous mes examens, malgré le peu de temps que je peux consacrer aux études. Je devrais valider ma licence en juin ! », souligne le talentueux demi d’ouverture.
Grièvement blessé lors des attentats de Paris
Aristide Barraud se veut être positif et confiant, surtout après les terribles "événements". En effet, le 13 novembre dernier, lors des attentats de Paris, il a été grièvement blessé devant Le petit Cambodge. "J’étais avec ma sœur et trois amis. Nous étions à hauteur de la rue Bichat quand cela est survenu… Fort heureusement, j’ai très rapidement compris ce qu’il se passait, et j’ai instinctivement mis à l’abri ma sœur derrière moi. Acrobate professionnelle, elle a tout de même été touchée au bras… De mon côté, j’ai reçu trois balles : au sternum, à la cuisse gauche et au pied gauche. Nous avons été très chanceux et c’est miraculeux que je sois encore en vie, après avoir perdu énormément de sang, été opéré en urgence et placé en réanimation pendant une semaine à l’hôpital Saint-Louis !"
La volonté de tirer les bonnes leçons
De ces événements, Aristide Barraud tire plusieurs enseignements afin d’aller de l’avant. "Je commence tout juste à réaliser… Je veux voir en cela une chance pour la suite, pour la vie, afin de vivre encore plus fort pour réaliser tout ce que j’ai envie de faire, sans barrière. Ca a également encore plus renforcé mon amour pour Paris et son histoire : j’avais avec cette ville un lien sentimental et psychologique : il est désormais physique depuis que j’ai failli mourir sur son béton. Mon amour pour le peuple parisien a aussi été renforcé, car il n’est pas tombé dans la haine, la violence, la méfiance des autres, les amalgames… J’étais déjà vraiment fier de dire, en Italie et à l’étranger, que j’étais parisien et étudiant à la Sorbonne. C’est encore plus vrai désormais !"
Marquer physiquement et psychologiquement
Aristide marche désormais sans béquilles. Il a retrouvé une mobilité correcte, même s’il sait que beaucoup d’efforts vont devoir être encore effectués. "Physiquement, je suis en train de retrouver mon corps et une posture normale. Mais, sur le plan moral et psychologique, il s’agit d’un état vraiment étrange, qui varie tout le temps… J’ai l’impression d’être tombé à la fin de l’automne et de me relever au printemps, après avoir laissé passer l’hiver. J’ai désormais envie de continuer à vivre car l’amour est plus fort que la mort !" Il développe ainsi plusieurs projets, en parallèle de sa rééducation intensive. En plus de l’obtention de sa licence, il souhaite terminer deux documentaires en cours et, au niveau sportif, il entend retrouver rapidement son équipe de Mogliano, son niveau, et même devenir international italien dès l’année prochaine !
Julien Pompey pour #LeSorbonnaute
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