Start'in Sorbonne organisait, lundi 15 février dernier, une grande table ronde au CNAM, en partenariat avec Essec Initiatives, sur le thème "Fonder sa startup : se financer pour décoller". Quatre invités étaient présents pour répondre aux questions des animateurs et du public : Boris Golden, principal dans le fond d'investissement Partech Ventures ; Bruno Humbert, fondateur de la Ruche et de la Social Factory ; Sylvain Forté, président et co-fondateur de SESAMm, la startup de FinTech qui analyse les réseaux sociaux pour prévoir des tendances boursières ; et Damien Morin, président et co-fondateur de Save, une startup en plein essor réparant les smartphones. "J'ai été positivement surpris par cet événement. Je m'attendais à une énième conférence barbante sur les solutions de financement, et j'en suis sorti enthousiasmé par l'entrepreneuriat ! Deux grandes qualités sont à porter au crédit de cette réussite : des interventions vivantes et des propos percutants. Les invités ont apporté des informations concrètes et utiles, tirées de leurs propres expériences - parfois contradictoires - dans une ambiance détendue, qui a permis d’instaurer une certaine complicité", se félicite ainsi un étudiant de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ayant assisté à cette conférence.
Une recherche de financements à différents stades
Il en est ainsi ressorti de cet événement que la recherche de financements peut se faire à différents stades du projet. Boris Golden conseille de ne pas attendre le moment où on cherche de l'argent pour rencontrer des investisseurs. Il s'agit en effet de nouer une relation, d'apprendre à se connaître en amont et surtout de se rencontrer dès qu’on se sent prêt à présenter le projet, c'est-à-dire à les impressionner par un bon pitch. Partech Ventures investit ainsi typiquement quand il y a une bonne première version du produit, et qu'elle rencontre un certain succès. Quant à la Ruche de Bruno Humbert, ce sont en général des personnes qui ont déjà du chiffre qui se joignent au projet pour le développer. Au contraire, la Social Factory est faite pour "encourager de très bonne idées qui manquent de moyens", avec une prospection se faisant bien en amont. Sylvain Forté conseille, de son côté, de s'intéresser aux concours en early stage, leurs prix permettant de tenir la route et de finaliser le produit. En revanche, les gros concours sont très compliqués, car très courus. Selon lui, une levée de fonds peut s'avérer plus pertinente à ce moment, sans oublier les aides publiques telles que celles de la Banque Publique d'Investissement (BPI).
La nécessité de faire attention à l’aspect financier
Quant à la question de l’argent, les intervenants ont été unanimes sur ce point. Il est vivement conseillé d’être très méfiant : une très grosse rentrée d'argent peut déstabiliser, avertit ainsi Bruno Humbert. Damien Morin abonde dans son sens : "Quand tu annonces que tu as levé beaucoup, une dynamique peut se casser dans la structure (…) car une boîte en tension de cash, c'est une boîte efficace !" Ce que Boris Golden appelle une "leçon de frugalité" : "quand on a peu d'argent, chaque euro est dépensé intelligemment. On a tendance à aller à l'essentiel quand on a peu d'argent". Sans déconseiller la recherche de financement, sachez qu'un budget serré est garant d'ingéniosité, et qu'un soudain afflux de fonds peut pousser à l'oisiveté, et empêcher - paradoxalement - de "décoller".
La bonne manière de convaincre les investisseurs
Enfin, une question importante peut se poser : que faut-il présenter aux investisseurs pour les convaincre ? Pour Boris Golden, le business plan de 50 pages est à proscrire. Il faut lui préférer un deck, une carte d'identité de la startup comprenant des chiffres et surtout une "vision" et un "horizon". Quand une startup cherche des fonds, elle ne peut pas tout à fait convaincre de manière comptable : il s’agit d’un pari pour les investisseurs. C'est donc sur la dynamique d'entreprise et la personnalité de l'équipe qu'il est possible de jouer. Damien Morin renchérit : "les investisseurs cherchent les futurs Google, Facebook… Des empires en somme ! La vision doit refléter des tailles de marché très larges, de grandes ambitions." Sylvain Forté pose, tout de même, un bémol : "attention, avec certaines structures, comme la BPI par exemple… Cela reste traditionnel. Moi on m'a demandé de faire un teaser, et un business plan de 60 pages !" Dans ces cas, pas question d'arriver avec un slide épuré. Selon Boris Golden, il faut "faire croire", à la fois par un argumentaire data-driven, mais aussi par une présentation émotionnelle, un storytelling. Un slide de 10 à 40 pages correspond bien à ces projets portés par une poignée de personnes, à un moment où la data peut encore mentir. Il faut croire au marché, au business model, certes, mais aussi à la personne !
Louis de Bonnault
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