Quel est votre métier, et en quoi peut-il intéresser les étudiants pour créer une société ?
"Mon métier consiste à aller dans les universités de Paris afin de montrer aux étudiants qu’ils peuvent soit monter leur entreprise, soit rejoindre une entreprise existante. Je travaille également avec les associations étudiantes souhaitant sensibiliser les jeunes au sujet de l’entrepreneuriat. Enfin, je propose aux enseignants de faire des projets tutorés sur des cas concrets de start-up : les étudiants sont ainsi mis dans le bain et, si cela se passe bien, ça peut leur donner envie de continuer."
Justement, si les étudiants envisagent de se lancer et de créer leur propre entreprise, quelles précautions doivent-ils prendre ?
"Il s’agit d’un sujet très vaste. Suivant les types de société et les activités, les risques ne vont pas être les mêmes, tout comme les précautions. Mais il faut savoir qu’il existe pour les étudiants un ‘statut d’étudiant-entrepreneur’ depuis plus d’un an, délivré par des pôles « Pépite », pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat. En théorie, tout étudiant est rattaché à un pôle Pépite : il peut donc prendre contact avec le référant entrepreneuriat de son établissement pour pouvoir intégrer le dispositif et solliciter ce statut."
A quoi sert ce statut d’étudiant-entrepreneur ?
"Ce statut permet à l’étudiant de bénéficier d’un double tutorat. Un enseignant va le suivre pour vérifier qu’il ne passe pas plus de temps sur son projet que sur ses études, et un tuteur professionnel va être là pour s’assurer que l’étudiant reste motivé sur son projet entrepreneurial et lui donner des conseils professionnels. Ce statut sert aussi à intégrer une communauté d’étudiants entrepreneurs, et donc d’accéder à un réseau gratuitement : cela s’appelle le « co-working ». Il permet aussi d’avoir un diplôme complémentaire, le diplôme d’étudiant entrepreneur, permettant d’avoir des compléments de formation. Quand on a fait des études de lettres, par exemple, on n’a pas forcément entendu parler de certains modèles économiques. L’idée est donc d’apporter un complément de formation à l’étudiant pour qu’il puisse parler sereinement avec un banquier quand il doit négocier un prêt."
En parlant de financement, comment et où le trouver ? Que pensez-vous du "crowfounding", le financement participatif ?
"Malheureusement, le premier financement va être personnel : l’argent de nos économies et du cercle proche est très souvent la première ressource mobilisable. Il faut toujours des fonds propres pour amorcer son projet. Si on crée, par exemple, une application mobile, pour commencer à la développer, il va falloir qu’on la développe sur nos ressources personnelles. Et si on n’est pas soi-même développeur, il est nécessaire de trouver un associé, c’est-à-dire quelqu’un capable de faire de la programmation pour la développer. Autre objectif : créer un MVP (« Minimum Viable Product »), un produit de base avec un minimum de ressources financières, qui va pouvoir commencer à intéresser et donc à participer à une campagne de financement participatif, en allant voir les premiers niveaux d’investisseurs… Une fois que le « Lobbe Money » nous a aidé, on peut se diriger vers les « Business Angel », qui vont pouvoir financer un petit peu plus avec des sommes comprises généralement entre 50 000 et 100 000 euros. Il va y avoir ensuite des financements publics. Mais, pour les obtenir, il faut être certain de son projet : on ne va pas aider une personne qui ne s’investit pas à 100 %, par exemple. Cela à l’avantage d’être assez séduisant même si c’est très complexe à terme de mener une campagne de financement participatif. Il faut dès le départ identifier un bon nombre de personnes disposant d’une capacité de financement avant de l’annoncer publiquement."
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants ou des jeunes diplômés qui veulent se lancer dans la création de leur société ?
" La première chose importante est de choisir le statut d’étudiant-entrepreneur. Je les encourage aussi à s’entourer parce qu’on a tendance à garder notre projet pour soi : ce n’est pas la bonne chose à faire. Le partager avec des personnes permet d’identifier les compétences complémentaires dont nous avons besoin pour mener à bien son projet. L’entrepreneur n’est jamais seul ! Il faut aussi savoir s’entourer et, une fois qu’on a notre équipe, on peut utiliser le réseau. C’est par lui que le projet va progressivement prendre vie !"
Pour plus de renseignements : http://incubateurs.parisandco.com
Propos recueillis par Manon Lepesme
© Photo/DR
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