Hugo Bréant est un docteur de l’université dont les orientations ont évolué au fil du temps. Après avoir passé toute sa scolarité en Normandie et obtenu un bac ES, il a rejoint la capitale et a intégré une double licence en histoire-science politique à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. « Il s’agissait de mon choix n°1, mais j’ai finalement abandonné l’histoire pour me diriger, toujours au sein de cette université, vers des masters 1 et 2 en science politique, option relations internationales puis spécialité études africaines. Autant dire qu’avant de débuter ma thèse, j’avais déjà été formé et déformé à la Sorbonne », sourit aujourd’hui Hugo.
Le plaisir de passer de l’autre côté du bureau
Le jeune homme a en effet décidé de s’élancer dans un doctorat, ayant obtenu un contrat doctoral en science politique en 2010. « Après mon master 2, j’avais plusieurs projets professionnels en tête, tous plus ou moins flous… En réalité, j’avais surtout envie de poursuivre mes études et de continuer à creuser les sujets qui m’avaient plu en master. De plus, en tant que major de promotion du M2, j’ai eu l’opportunité d’avoir un contrat doctoral. J’ai alors plongé vers le doctorat, sans savoir réellement ce que cela voulait dire au départ ! Finalement, je me suis rapidement pris au jeu. J’ai commencé à communiquer, à refaire du terrain, à publier, et à voyager grâce à mes recherches. Surtout, j’ai découvert, dès ma première rentrée, le plaisir de passer de l’autre côté du bureau, et j’ai bien compris que je voulais devenir enseignant-chercheur », explique-t-il.
Plusieurs circonstances à la base du sujet de thèse
Dans le cadre de son doctorat, Hugo a décidé de partir sur un sujet de thèse original portant sur ‘Les chemins internationaux de la mobilité sociale : expériences de mobilité et d’immobilité sociale dans les parcours migratoires comparés d’émigrés comoriens et togolais’. « A la suite de plusieurs concours de circonstances, que je ne m’explique pas toujours d’ailleurs, je me suis mis à travailler sur les migrations togolaises puis comoriennes. Il faut dire que, au moment où j’ai choisi ces thèmes, nous étions en pleine montée des tensions politiques autour des migrations internationales, avec l’élection de Nicolas Sarkozy et la création du ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale notamment. Plus ou moins consciemment, j’ai eu envie de comprendre ce qui se jouait dans ces phénomènes, qui sont si souvent simplifiés. J’avais envie d’observer de plus près les vies de ces migrants aux trajectoires a priori extraordinaires, qui suscitent tant de rhétoriques xénophobes mais qui, au fond, vivent des expériences bien ordinaires. J’avais envie de remettre un peu d’analyse sociologique au cœur des fantasmes de la société », détaille-t-il.
Les doctorants, des ‘super-héros’ sans pouvoir…
Hugo Bréant a ainsi mené sa thèse sous la direction de Jérôme Valluy, maître de conférences en science politique. « Ma thèse s’est déroulée dans d’excellentes conditions grâce à l’école doctorale de science politique, au collège des écoles doctorales de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et au Centre Européen de Sociologie et de Science Politique (CESSP). Il faut bien l’avouer, je fais partie des doctorants ayant une expérience clairement privilégiée. J’ai pu être encadré et soutenu financièrement. Je me suis retrouvé au cœur de la vie universitaire, j’ai pu ouvrir des portes, voir d’autres laboratoires, discuter avec des chercheurs et des apprentis-chercheurs de différentes disciplines… C’est malheureusement loin d’être le cas pour tout le monde ! », souligne Hugo Bréant. Et d’ajouter : « Du fait des dernières réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche, je fais partie de la première génération de doctorants à qui l’on a demandé d’être sur tous les fronts à la fois. Il faut mener des enquêtes, communiquer, publier, s’intégrer dans les réseaux universitaires, en France et à l’étranger, enseigner. En quelque sorte, on nous pousse à devenir des ‘super-héros’, mais sans pouvoir. Et tout cela avec la pression grandissante qui vous encourage à faire bien, tout en vous obligeant à faire vite. Pendant ces années de doctorat, j’ai donc constaté l’accélération de la précarisation des conditions de fonctionnement de l’université, mais aussi à la faible reconnaissance des sciences sociales dans la société… »
La quête du Graal d’un poste d’enseignant
Malgré ces conditions, Hugo Bréant a remporté un prix de thèse de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. « En règle générale, je suis assez peu attiré par le prestige des distinctions. Mais, au moment d’apprendre que j’avais reçu ce prix, je dois confesser que j’ai été extrêmement ému et honoré. Ce prix clôt une sacrée histoire avec Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à qui je dois beaucoup. Plusieurs de mes proches, mes amis, ma femme, sont passés par les couloirs de la Sorbonne. Ce prix est, pour moi, d’abord une récompense pour mon travail de thèse, mais aussi une jolie manière d’achever 11 années de bons et loyaux services auprès de cette université ! », affirme Hugo qui est, depuis 2016, enseignant vacataire à Paris Dauphine, mais aussi auprès d’étudiants américains, dans le cadre de l’Academic Program Abroad (APA-Paris). « Pendant que je faisais ma thèse, je n’avais qu’un seul objectif professionnel en tête : devenir maître de conférences à l’université. Depuis ma soutenance, je me suis donc lancé dans ma première campagne officielle de recrutement, comme on se lance dans la quête du Graal, en sachant bien que les postes sont rares et que la tendance est à la réduction des effectifs… mais avec l’envie constante d’y croire, parce que j’aime ce métier que j’ai appris ces dernières années ! »
Julien Pompey
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