Après avoir parcouru la France durant son enfance, aguerrie et déterminée, Jézabel Couppey-Soubeyran voulait réaliser son rêve d’étudiante : intégrer un jour la Sorbonne, "le Panthéon de la connaissance". Déjà diplômée de l’Université de Montpellier en économie, elle décide de poursuivre ses études à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Intéressée par les travaux de Laurence Scialom, elle oriente son choix de DEA en monnaie finance. Elle a par la suite soutenu une thèse fondée de questions peu présentes dans le débat public, à cette période, concernant la surveillance prudentielle des banques. Le goût pour la recherche émerge alors véritablement. "Venant d’un milieu assez modeste, j’aurai pu rechercher un emploi plus rémunérateur. Cela étant, j’avais un gros intérêt pour la recherche et je n’étais peut-être pas, à l’époque, très preneuse de risque… Pour moi, le doctorat, c’était aussi continuer, aller jusqu’au bout et je ne regrette pas mon choix !"
Peu de temps après ses débuts professionnels en tant que maître de conférences, elle accepte de travailler comme conseillère scientifique pour l’encyclopedia Universalis. Elle décrit aujourd’hui cette expérience comme "une façon à la fois d’élargir ma représentation de la discipline et de relativiser sa portée. Mais également la possibilité de comprendre que l’on est peu de choses au niveau de la connaissance pour les représentants des autres disciplines." Confrontée à la nécessité de trouver des articles économiques pertinents et de transmettre clairement ses connaissances économiques à des interlocuteurs peu convaincus par la fiabilité de cette science, elle développe alors son sens pédagogique. "Ce travail m’a obligée, je pense, à être plus exigeante sur le plan pédagogique et didactique", confie-t-elle.
La connaissance, une arme mobile et bienveillante
Déchiffrer Jézabel Couppey-Soubeyran nécessite la prise en compte d’une valeur clef : la bienveillance. Cette valeur humaine correspond au moteur de son engagement à traduire le plus justement possible la complexité de la finance, afin d’armer les citoyens de connaissances face à un monde abstrait et intrusif. Attachée à contribuer au bien commun à son échelle, elle confie : "J’aime bien cette légende du colibri. Il s’agit d’un petit colibri qui passe au-dessus d’un feu de forêt, puis va à la rivière et prend une goutte dans son bec et la verse sur le feu de forêt. Il croise un gros oiseau qui lui dit : ‘Mais colibri, t’es pas fou ? Ça ne sert à rien ce que tu fais !’ Il répond : ‘je fais à ma mesure.’" A l’image de son lieu d’ancrage, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Jézabel Couppey-Soubeyran considère que le savoir ne déploie l’ensemble de son artillerie que lorsqu’il est transmis. Sa qualité de pédagogue ainsi que sa persévérance dans la recherche économique sont mis à profit pour verser le mieux possible cette connaissance sur les flammes curieuses qui submergent nos esprits d’étudiants. C’est alors comme des citoyens à avertir et comme les fondateurs du système financier de demain, idéalement plus sain, qu’elle perçoit ses élèves économistes.
De l’importance des échanges avec les étudiants
Cependant, Jézabel Couppey-Soubeyran ne se contente pas de ce périmètre d’action. En effet, elle affirme son engagement et élargit la portée de son discours grâce à la publication de nombreux ouvrages, de plus en plus destiné à un public large et diversifié, à l’image de L’économie pour toutes (Editions La Découverte, Prix Lycéens Lire L’Economie, 2014), qui s’adresse plus particulièrement aux femmes et soulève la question de l’intégration féminine dans un domaine "en costard cravate". C’est également le cas de son dernier livre, Blablabanque (Editions Michalon), publié en septembre 2015, qui dénonce le discours réactionnaire du lobby bancaire.
En parallèle, elle a également été conseillère scientifique au Conseil d’Analyse économique, puis conseillère éditoriale au Cepii, et n’hésite pas à intervenir médiatiquement dans le débat public. Toutefois, à une échelle plus fine, Jézabel met l’accent sur les échanges avec ses étudiants. "Lors de mon tout premier cours en amphi, j’étais relativement stressée, au centre Sorbonne. Etant un peu en avance, je suis allée m’installer sur les marches et une étudiante est venue s’installer à côté de moi, engageant la conversation. Elle pensait que j’allais suivre le cours avec elle. Quand le cours a commencé, elle s’est aperçue que c’était moi qui enseignait… Cela m’a fait rire ! Elle aussi j’imagine. C’était il y a longtemps, et, si j’apprécie toujours autant de discuter avec mes étudiants, la confusion n’est plus possible aujourd’hui… " A l’écoute et hospitalière, elle fournit de multiples recommandations.
La volonté d’incarner un petit colobris
"Engagée, passionnée, pédagogue, concise, sûre d’elle…" Voilà le portrait que dessinent ces étudiants. Pourtant, Jézabel Couppey-Soubeyran considère le doute comme son moteur, voire parfois son frein. Amusée, elle répond : "Je suis plus dans le doute qu’ils ne le pensent !" Néanmoins, la gentillesse, l’écoute et la bienveillance de chacun symbolisant les gouttes, qui affaiblissent un des feux troublant nos relations aujourd’hui, notre protagoniste vise un but avec certitude : incarner ce colibri. L’heure tourne et cette rencontre s’achève. Cependant, une autre découverte à venir est certaine. En effet, l’automne ne fait que commencer et les colibris ne sont pas encore partis.
Amélie Dakoure pour #LeSorbonnaute
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