C’est à couteaux tirés que le système a bel et bien perdu son sang-froid, jeudi 9 mars, dans l’amphithéâtre Turgot de la Sorbonne. Le premier Petit-Déjeuner Débat de l’année organisé par les étudiants du master 2 Communication politique et institutionnelle a attiré près de 150 personnes levées aux aurores pour passer au crible le discours antisystème, décortiqué, analysé, mis à nu par des experts renommés.
Des intervenants rompus à l’exercice
Malgré l’absence remarquée de Richard Richard, Secrétaire général du mouvement ‘En marche’, Sophia Chikirou, Directrice de la communication de ‘La France Insoumise’, Nicolas Framont, sociologue et co-rédacteur de la revue ‘Frustration’, et Grégoire Kopp, directeur de la communication d’Uber France ont rapidement su se positionner au cours de ce petit déjeuner mené à la baguette par Denis Pingaud, enseignant en communication à Sciences Po et chef d’orchestre d’un plateau tout désigné à convaincre son auditoire. Un débat de fond et avec forme a ainsi pris à bras le corps la rhétorique antisystème : échanges vifs, argumentés et concrets mettant à jour différentes stratégies communicationnelles et politiques.
Un débat d’idées et de stratégies
« Pour moi, Emmanuel Macron n’est pas antisystème, mais il est sur-intégré dans la vie publique et le système politique. (…) Quand on qualifie Emmanuel Macron d’antisystème, ça veut vraiment dire qu’on a perdu complètement le sens de ce qui était le système », a tout d’abord affirmé Nicolas Framont. Tandis que ce dernier s’efforçait de définir l’anti-systémisme sous ses différentes facettes, Sophia Chikirou en a démontré une certaine mise en pratique en exposant, avec force, la stratégie de communication adoptée pour la campagne de ‘La France Insoumise’. « On ne dit pas qu’on est le candidat antisystème ! Nous, on défie l’oligarchie. C’est le mot qu’on a choisi pour nous positionner. Et, face à l’oligarchie, nous sommes le peuple. C’est le 1 % contre le 99 % : c’est ça notre positionnement en terme de communication et c’est notre façon de définir les choses », a-t-elle expliqué. Avant d’ajouter : « J’ai une vision de la communication qui est plus ‘David contre Goliath’ à chaque fois. C’est ce qui permet aussi d’organiser sa stratégie de communication en pensant tous les obstacles à l’avance ! »
Une rhétorique usée ou désabusée ?
Les prises de parole de Grégoire Kopp ont, elles, pu permettre de dessiner la place de la rhétorique antisystème dans le champ économique tel un véritable storytelling pour Uber France, œuvrant et innovant par-delà les règles du système et sous l’égide du rêve. « On peut utiliser le capitalisme tout en sortant du système et c’est ce qu’il se passe aujourd’hui avec deux phénomènes : la mondialisation et le numérique. Si on veut réinventer le monde, il faut rêver : c’est ce qu’a fait Uber ! (…) Je ne vous dis pas qu’Uber est dans ou en-dehors du système : ce qui est important, c’est que quand on veut proposer quelque chose de nouveau, il faut sortir du système », a détaillé Grégoire Kopp. Ou du cauchemar pour d’autres : « Utiliser des signifiants vides, c’est un moyen de communication facile. Tout à l’heure Grégoire Kopp, vous avez fait le storytelling d’Uber, c’était bien fait. (…) C’est un truc facile : Uber c’est du rêve ! Le rêve c’est tout et rien », a ironisé, de son côté, Nicolas Framont.
Analyse de la pertinence des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux, accélérateur de la mouvance dite « antisystème », ont également été analysés à travers la stratégie de communication de Jean-Luc Mélenchon. « La chaine YouTube est beaucoup plus qu’un gadget ou un outil de communication, comme l’hologramme d’ailleurs. Ce sont des choses qui nous permettent de ne pas disparaître du champ de la campagne, et de faire passer nos idées, de façon illustrée extrêmement forte, applicative aussi, et de manière ajustée à l’action ! », a souligné Sophia Chikirou.
Après quelques questions/réponses passionnées avec le public, le débat s’est terminé, laissant apparaître toute la complexité du langage antisystème à concevoir, remanier et défendre dans une stratégie politique ou corporate…
Plus d’infos : www.sorbonnecommunication.fr/
Hanaé Crémazy et Marina Offel de Villaucourt
© Photo / Sorbonne Communication
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