A soixante-sept ans, le journal télévisé de 20h, ‘le grand rendez-vous quotidien de l’information’, voit ses audiences chuter sérieusement. Comment y remédier et de quelle manière enrayer cette tendance ? Cela a été l’une des thématiques abordées lors du petit-déjeuner de la Sorbonne organisé le 26 mai par le master 2 Communication politique et Sociale, en présence de plusieurs intervenants de renom : Marie-Eve Malouines, journaliste, auteure et spécialiste de la politique intérieure française à Radio France ; Philippe Moreau-Chevrolet, président de MCBG Conseil, chroniqueur associé pour Le Nouvel Observateur et le Huffington Post ; Isabelle Veyrat Masson, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de communication médiatique ; et William Irigoyen, journaliste, ancien présentateur du journal d’Arte, auteur de l’essai Jeter le JT. Réfléchir à 20h est-il possible ? (Broché).
Le journal télévisé ne fait plus l’actualité !
Malgré une baisse de son audience, le 20h de TF1 réunit, en moyenne, quelque 6,5 millions de téléspectateurs chaque soir. Véritable institution depuis le début des années 1950, le journal télévisé reste un moment temporel important : il est devenu, en lui-même, un instrument de communication disposant d’une très forte symbolique. Lorsque l’on passe au 20h, que l’on soit particulier, une entreprise, un politique ou dans le cadre d’un sujet du journal, on le revendique et cela représente un véritable sentiment de fierté et de légitimité. Pour autant, Isabelle Veyrat Masson considère que le JT ne fait plus l’actualité ! "Depuis les années 50 quasiment, on n’a pas révolutionné le journal télévisé !", estime la directrice de recherche du CNRS. Pour perdurer, le JT se doit de muter, surement changer de formats, miser sur des reportages créatifs et exclusifs. Il doit prendre des risques, se moderniser et enfin se diversifier pour attirer une nouvelle cible de téléspectateurs !
Les critiques de l’interview politique
En parallèle du journal télévisé, l’interview politique a également été abordée par les intervenants invités. "Il y a une nouvelle façon de faire l'interview politique, à l’image par exemple de Léa Salamé, dont le modèle est Jean-Jacques Bourdin. Ce dernier cherche à faire en sorte que quelque chose se passe sinon il n’y a aucun intérêt, ce qui est un vrai problème", explique Philippe Moreau-Chevrolet. Et d’ajouter : "On a coupé toutes les opportunités de faire de la communication politique. Les hommes politiques n'ont pas le choix : ils ont une toute petite fenêtre de tir. Il faut qu’il se passe quelque chose de différent car il n'y a pas d'autres moyens pour un politique d'exister." De son côté, Marie-Eve Malouines insiste sur le fait que le monde politique est à l’aise sur le JT de 20h. Les hommes et les femmes conviés savent comment cela va se dérouler, il n’y a pas d’effet de surprise. « Aujourd’hui, l’authenticité reste l’élément indispensable pour capter les téléspectateurs en quête de réponses », ajoute-t-elle.
La question de l’indépendance des journalistes
Autre point abordé : l’indépendance politique et financière des journalistes. "Ce qui me frappe, c'est la question qui a hanté les journaux télévisés durant 30-40 ans, à savoir l'indépendance des journalistes par rapport au pouvoir politique. Il faut se battre contre la multiplication de l'offre. Il y a un progrès de la part des journalistes dans cette bataille, je pense", estime Isabelle Veyrat Masson. "Il faut oser et prendre des risques. Tout est en train de bouger. C'est l'occasion ! Il faut aussi utiliser la diversité de tout ce qu'on a", précise-t-elle encore.
La bataille de l’indépendance semble loin d’être gagnée car le grand problème des consommateurs de télévision est le manque de confiance vis-à-vis des journalistes. L’information est en effet relayée sur de nombreuse chaines comme TF1, France Télévision, M6 et les chaines d’informations en continue comme BFMTV ou LCI, mais le public retrouve la même info sur toute ces chaines, et bien souvent les mêmes images. "Pour apporter de l'information, il faut aller chercher de la réalité. Il n'y a pas meilleur exercice que le reportage. Le récit est très souvent fait depuis les rédactions… Aujourd’hui, quel est le pourcentage du JT de 20h tourné par les équipes ? Je serai curieux de savoir ! On diffuse tous les mêmes images car on s'abreuve à la même fontaine, alors il y a un problème ! Il faut qu'on puisse se singulariser !", insiste William Irigoyen.
Carla Martin pour #LeSorbonnaute
© Photo / France Télévisions
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