Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, le CNRS a lancé un appel à la communauté scientifique pour l’exploration des voies inédites dans la lutte contre le terrorisme. Parmi les sélectionnés, le projet "TESDEM" - Terrorisme et Séries TV en démocratie - proposait d'étudier le réalisme des représentations fictionnelles et leur impact sur les politiques de sécurité dans les régimes démocratiques à partir de deux séries télévisées : Homeland (Showtime, 2011-) et Le Bureau des Légendes (Canal +, 2014-).
L'ambition était aussi d'interroger les dimensions formatrice, éthique et politique de l'objet série télévisée, dans une démarche comparative entre les Etats-Unis et la France. Quel est le rôle de ces productions au sein des espaces publics français et américains dans le contexte de la lutte contre le terrorisme et de la "guerre de l'information" ? Quel est l'impact des images de fiction dans la pratique du contre-terrorisme contemporain ? Comment les trois domaines - divertissement, agences de sécurité, et universités - peuvent-ils converger, à quel(s) risque(s) et pour quel(s) bénéfice(s) ?
Le rôle politique joué par les séries télévisées
Cette journée d’étude ‘Terrorisme et séries TV en Démocratie’ s’est déroulée le 21 janvier 2017 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, salle Halbwachs (UFR de philosophie). Elle a été l’occasion de rendre compte des travaux menés depuis mars 2016 sur ces thématiques par les porteurs de TESDEM, Pauline Blistene (Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ISJPS) et Olivier Chopin (Sciences Po/CESPRA), et de leurs enquêtes de terrain auprès des concepteurs des séries Homeland, Le Bureau des Légendes et des acteurs de la sécurité, CIA et DGSE. Les débats ont également réuni producteurs de séries, spécialistes du renseignement, chercheurs américains et français, en vue d’examiner le rôle des séries télévisées et des représentations fictionnelles de la menace djihadiste et du renseignement, à l'heure de la lutte globale contre le terrorisme. "Il a notamment été abordé la façon dont les séries télévisées ont une influence sur le public, et jouent un véritable rôle politique. Cela est clairement le cas depuis le 11 septembre 2011 et, en France, c’est un peu plus récent. Deux questions se posent : celle de l’influence morale et politique sur le public, et comment les réalisateurs vont travailler avec des acteurs de la sécurité pour valider leur contenu, développer leurs idées… Il s’agit en effet d’une association un peu inédite !", explique Sandra Laugier, professeure à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Le bon exemple du Bureau des Légendes
L’enseignante-chercheuse poursuit : "En France, il y a un modèle qui commence à être vraiment connu, à savoir le Bureau des Légendes, qui imagine un bureau du département de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), et qui implique dans sa réalisation toute sorte de consultations. Il s’agit en effet d’une série très consciente des enjeux sociaux de la radicalisation. De cette manière, l’idée est vraiment de susciter la réflexion chez les spectateurs." Et de conclure, en ouvrant le débat : "Une façon d’améliorer encore les choses serait de mieux faire connaître ces interactions et qu’il y ait plus d’études sur le sujet en France, car on ne prend pas suffisamment au sérieux les séries TV comme objet de recherche académique. J’insiste sur le fait qu’on doit considérer les séries télévisées comme un sujet académique dit ‘normal’, car il y a un grand enjeu de ce côté-là, même si quelques tabous sont en train de tomber. En la matière, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a énormément de compétences, et il n’y a pas de raison pour qu’on ne s’en empare pas !"
Louis Bertrand pour #LeSorbonn@ute
© Photo / Xavier Lahache, Canal+
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