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SocExtra

Sociétés africaines et activités extractives : adaptations, opportunités, résistances (SocExtra Afrique, projet heSam Université ; partenaires : IRD, UMR PRODIG, Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo, 2014 - 2016)


Projet porté par Sylvie Capitant (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR D&S).

Les ressources minières extraites d’Afrique représentent 10% de la production mondiale. L’Afrique héberge 30% des matières premières minières mondiales. Alors que le cours de l’or flambe depuis dix ans, plusieurs pays africains se placent dans les 15 premiers pays producteurs d’or dans le monde. Parmi eux, se trouvent de nombreux pays sahéliens en voie de développement. Chez ces derniers, le secteur extractif s’installe non seulement comme le premier secteur d’exportation, mais aussi comme une source majeure de budget public. Il mobilise une main-d’œuvre industrielle modeste mais encourage de fait l’explosion du secteur artisanal. Des millions de travailleurs espèrent trouver fortune dans ce secteur en pleine explosion mais celui-ci va plutôt nourrir une élite économique et politique de plus en plus influente. Loin d’être tous positifs, ses effets se révèlent avant tout multiformes sur les territoires locaux (impacts environnementaux, mais aussi migrations, recompositions politiques et économiques). Surtout, ce « boom » minier provoque des mobilisations sociales plurielles et radicales (destructions, affrontements physiques, marches) qui interfèrent avec les processus politiques (par exemple en Guinée, au Burkina Faso, au Soudan ou en Tunisie).

La recherche et nombre d’associations, d’ONG, d’organismes de développement et d’institutions multilatérales se sont saisis de ces questions depuis une dizaine d’années. Cela a donné lieu majoritairement à des approches macro-économiques et juridiques s’inquiétant des normes et des cadres réglementaires et qui ont mis l’accent sur les États, les institutions multilatérales, les multinationales et le système d’exploitation globalisé. Selon cette approche, l’exploitation est perçue comme une nécessité qu’il convient de réguler, et les conséquences négatives comme des effets collatéraux à juguler. Les ressources minières ou pétrolières peuvent devenir une opportunité de développement  à condition que l’accent soit mis sur l’amélioration des cadres réglementaires, sur la transparence et la diffusion de bonnes pratiques.

Le groupe SocExtra, sans remettre frontalement cette approche en cause, propose une autre entrée. Il s’est fixé comme objectif scientifique d’étudier et d’analyser les processus d’extraction à l’œuvre en adoptant un point de vue local, empirique et comparatif. Le local étant compris non comme un archipel isolé, mais comme un lieu situé d’observation du monde. Ouvrir la boîte noire de « la rhétorique du boom minier » permet de prendre en compte des acteurs rendus invisibles par l’approche globale (les orpailleurs, les autorités décentralisées, les villages, les syndicats) mais aussi des problématiques cruciale, comme la légitimité de ces processus extractifs, les capacités d’adaptation et de créativité des acteurs locaux, les enjeux politiques nationaux, le coût social et environnemental de tels processus, les violations de certains droits fondamentaux, ou encore la capacité du contrôle citoyen.

Redonner une place à ces questions, aux acteurs et à leurs mobilisations constitue l’objectif principal du projet SocExtra. Pour cela, il s’agit non seulement de documenter de manière fine ce qui se passe concrètement dans les sociétés confrontées aux activités extractives mais également de produire des savoirs scientifiques utiles au-delà du monde académique, c’est-à-dire qui permettent de trouver des solutions justes et durables pour les sociétés africaines. Aux côtés d’une production scientifique classique, le projet propose ainsi d’organiser un dialogue entre chercheurs et acteurs concernés par ces problématiques grâce à la constitution d’un réseau international, de réaliser des documentaires et une production radiophonique pour sensibiliser les publics et également de capitaliser ses résultats dans un enseignement numérique et des écoles thématiques.