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Prairial an CCXXIII

Dès le titre, cette déclaration d’ « amour pour les livres du passé » assume un penchant pour la rétrospection : depuis demain vers hier ou de l’utilité de remonter aux sources.

 

Le directeur de la bibliothèque d’Harvard pose le postulat que sonder l’avenir tout en affrontant les problèmes du présent doit se fonder sur l’étude du passé.

 

Le livre est ici envisagé dans son histoire sous ses trois aspects :

- le papier « comme ingrédient du livre »,

- la bibliographie, en ce qu’elle constitue un instrument essentiel pour prendre mesure des textes,

- la lecture, enfin, qui, - pour reprendre la locution allemande Fingerspitzengefühl citée en page 16 - , procède de réflexes humains profondément enfouis dans la mémoire cinétique.

 

 

 

 

 

Car Darnton a « la conviction chevillée au corps que l’histoire du livre est un des domaines majeurs des sciences humaines. »

 

Constatant que la parution annuelle d’ouvrages avoisine le million d’exemplaires, il rejoint en cela la fière revendication d’Umberto Eco*.

 

Désapprouvant encore les imperfections textuelles et inexactitudes bibliographiques de la « nouvelle espèce d’écriture » que nous apporte l’Internet, il admet toutefois que l’avenir sera numérique avec une position des bibliothèques au cœur du monde du savoir.

 

Car les recueils de citation de Francis Bacon, Ben Jonson, John Milton ou John Locke sont autant de façons de mettre en forme la matière du monde, et font apparaître que lecture et écriture sont indissociables.

 

Dans un article du New York Review of Books, Darnton rappelle que 1981 voit paraître le dernière anthologie de ce type, le Geoffrey Madan’s Notebook.

 

Drake et Harvey, hobereaux de second plan au XVIIe siècle, puisèrent aux mêmes sources classiques mais dans le sens de l’action plutôt que de la contemplation ; Harvey les considérant comme des munitions, alors que pour Drake, la lecture doit aider l’homme à aller de l’avant dans la vie.

 

Déclinant ensuite les notions de paratextualité et de sa « cousine, l’intertextualité », l’ancien président de l’American Historical Association, même « effrayé de se lancer dans le cyberespace », reconnaît les avantages des hyperliens si les bibliothèques de recherche numérisent leurs collections particulières, les rendant ainsi accessibles en libre accès.

 

L’avenir des établissements documentaires est évoqué au sujet des « coalitions » que devraient former les bibliothèques de recherche, qui elles, pour « échanger des documents de façon électronique » ou « préparer des métadonnées interactives » sont, contrairement à Google, capables de ne pas « privilégier le profit privé au détriment de l’intérêt public ».

 

Enfin, avant son annexe consacrée au projet Gutenberg-e, et terminant sur une note d’espoir, Darnton avoue avec humour et enthousiasme ne pas résister à la future expérience d’un livre numérique sur l’histoire du livre au siècle des Lumières.

 

Robert Darnton, Apologie du livre : demain, aujourd‘hui, hier. Paris : Gallimard, 2011 (cote 17464)

 

[ouvrage offert par un de nos lecteurs, Francis Fiszleiber].

 

 

*Umberto Eco et Jean-Claude Carrière, N’espérez pas vous débarrasser des livres. Paris : Grasset, 2009.

 

 

[juin 2015]

Allégorie de Prairial, « Le Soleil correspond au signe des Gémeaux »
calendrier républicain, révolution française