Maîtrise Manuel COVO
COVO Manuel, La Minerva et l’année 1792. L’invention d’un jacobinisme allemand, dir. Jean-Clément Martin, 2003.
Avant même les conquêtes et la domination napoléonienne, le Saint Empire Romain Germanique a été d’emblée exposé à l’idée révolutionnaire, à sa symbolique, à ses conflits internes. La presse, dont l’essor s’accélère au lendemain de la prise de la Bastille, joue un rôle crucial dans la « contamination » des esprits en Allemagne ; elle contribue à la cristallisation des courants de pensée qui traversent la vie politique d’un pays fractionné en de multiples territoires.
Les recherches historiques actuelles ont permis d’appréhender ce phénomène massif sous un angle quantitatif et synthétique. Nous nous proposons de produire une « étude de cas » et d’insister au contraire sur la singularité d’une revue, qui s’avère la plus importante d’Allemagne à la fin du XVIIIe siècle : la Minerva de J.W. von Archenholz.
L’analyse de ce périodique montre combien le transfert culturel est le produit de multiples croisements : croisement de sensibilités nationales incertaines, de parcours individuels, de stratégies commerciales et d’options politiques. Il s’agit dès lors de repenser la question du jacobinisme allemand, problème qui avait alimenté les débats des années 1970 et 1980. En 1792, la Minerva invente en quelque sorte un jacobinisme hybride, non suelement idéologique mais aussi médiatique. Moins programme politique qu’objet de fantasme, encensé ou diabolisé, il participe à la constitution d’une culture politique en gestation.
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