Nivôse an CCXXIV
Paru l’année d’après les mouvements ouvriers et étudiants de mai 1968, le titre de cet opuscule rassemblant près de sept cents citations résonne aujourd’hui particulièrement.
« La liberté ou la mort » - devise nationale clamée par le peuple grec après la révolution de 1821-1829 contre l’Empire ottoman (peinte par Delacroix) puis lors de la révolte crétoise des années 1866-1869, est également le titre d’ouvrages d’historiens spécialistes de la Révolution, comme ceux de Michel Biard ou Sophie Wahnich.
L’auteur (disparu en septembre dernier) a rassemblé de nombreuses maximes, de façon trompeusement anarchique, dans ce petit livre de format italien, avec une préférence marquée pour Robespierre, - « La vertu est au-dessus de tous les évènements, comme elle est au-dessus de toutes les calomnies », Marat – « La Convention nationale doit être sans cesse sous les yeux du peuple, afin qu’il puisse la lapider si elle oublie ses devoirs » ou Saint-Just – « Armez le peuple, c’est lui qui doit régner ».
A une présentation sur stylistique et révolution succèdent cinq parties suivant un fil directeur commun : « Nous sommes devenus invincibles » ; « La Révolution commence quand le tyran finit » ; « L’insurrection est la garantie des peuples » ; « La douceur des maximes républicaines » ; « La guerre ouverte des riches contre les pauvres ».
Cri de ralliement ou ultimatum impérieux, c’est ici la référence à la nécessité, sinon l’obligation, de trancher son opinion sous peine de perdre la tête, ce que Manon Roland comprit en montant sur l’échafaud : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ».
Car d’autres républicains, célèbres acteurs d’une Révolution française qu’ils soutinrent avec ferveur, y laissent l’empreinte de leurs aphorismes : Vergniaud disant « On a cherché à consommer la révolution par la terreur, j’aurais voulu la consommer par l’amour », ou Camille Desmoulins avertissant que « quand on ne fait pas justice au peuple, il se la fait lui-même », retrouvent dans ce recueil un Danton affirmant le 2 septembre 1792 à l’Assemblée nationale que « (…) contre les ennemis de la patrie (…) il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace (…) ».
Denis Roche, La liberté ou la mort : réfléchissez et choisissez. Paris : Tchou, 1969. Cote S 1026
[Marilyne Alexandra Delbès, janvier 2016]
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