Institut d'Histoire de la Révolution Française (IHRF)
IHRF-IHMC
(UMR8066, CNRS/ENS/Paris 1)
Fondé en 1937 à l’initiative de Georges Lefebvre, l’Institut d'Histoire de la Révolution Française est rattaché à l’UFR d’Histoire (09) de l’Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne.
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JE 27/05/2016 L’Irlande et la France à l’époque de la « République atlantique »
Journée d’étude
L’Irlande et la France
à l’époque de la « République atlantique »
Vendredi 27 mai 2016
Alors que l’Irlande s’apprête à célébrer le centenaire de l’Insurrection de Pâques et avec elle la proclamation de la République d’Irlande, un peu plus de quinze ans après le Bicentenaire de la « Rébellion » de 1798 et de 25 ans après celui de la Révolution française, et plus de trente ans après la publication de l’ouvrage fondamental de Marianne Elliott, Partners in Revolution, il semble opportun et utile de revenir sur les liens qui ont existé entre la France révolutionnaire et l’Irlande dans les années 1790 lorsqu’émerge un premier républicanisme irlandais encore mal défini.
Si l’historiographie de langue anglaise est pléthorique sur l’Irlande pendant la Révolution française, l’historiographie française est particulièrement lacunaire voire quasiment inexistante. Ainsi, le débat historiographique sur l’Irlande des années 1790 – et ses liens avec la France – a eu lieu quasiment uniquement outre-Manche et outre-Atlantique. L’historiographie anglo-saxonne s’est, par ailleurs, concentrée sur la « Rebellion » de 1798, sur ses origines et sur ses conséquences, c’est-à-dire l’Union entre l’Irlande et l’Angleterre, et la division entre le républicanisme catholique, séparatiste et nationaliste et le loyalisme protestant et unioniste (situation en partie inverse par rapport à l’avant-1790 lorsque le catholicisme était identifié au jacobinisme monarchique et le presbytérianisme au républicanisme).
Les débats historiographiques furent d’autant plus vifs que les différents mouvements républicains et/ou indépendantistes aux XIXe et XXe siècles – mouvements Young Ireland et Fenian au XIXe siècle, le soulèvement de Pâques en 1916, la guerre d’Indépendance irlandaise de 1919-1921 puis la Guerre civile irlandaise de 1922-1923, la partition de l’ile et la fondation de l’Irlande du Nord en 1920 – contribuèrent à accentuer ces divisions, associant républicanisme à catholicisme et unionisme/ loyalisme monarchique à protestantisme. Avec les « Troubles » de 1968 à 1998, les historiens irlandais, notamment ceux de l’« école révisionniste » ont porté un regard sévère sur les premiers républicains des années 1790 et sur le caractère « sectaire » de la « Rébellion » de 1798. Même si ce n’est pas rendre justice à leurs conclusions en les simplifiant, et tout en reconnaissant le dilemme moral qui se présentait à eux face à l’écriture de l’histoire du premier républicanisme irlandais dans un contexte de guerre civile en Irlande du Nord, l’image qui émergea lors de cette période de l’historiographie fut celle d’Irlandais Unis républicains chimériques et opportunistes. Quant aux Defenders, présentés comme arriérés et catholiques fanatiques, peu nombreux furent les historiens qui s’y intéressèrent. Aucun historien français ne participa au Bicentenaire en 1998 pour analyser le « glorieux échec » des expéditions françaises de 1796 et 1798 qui, dans le récit consacré, n’eurent lieu que grâce au talent diplomatique de Theobald Wolfe Tone face au Directoire. A ce propos, la politique et la stratégie militaire françaises vis-à-vis de l’Irlande furent souvent dépeintes comme naïves, inconséquentes et inefficaces, ne consistant qu’en expéditions qui échouèrent ou arrivèrent trop tard.
Alors que les récents travaux sur la Révolution française témoignent d’un renouvellement et d’un dynamisme porteur de nouvelles interprétations, et que les débats entre « révisionnistes » et « post-révisionnistes » en Irlande, après avoir atteint leur pic dans les années 1990, semblent s’être éteints depuis une décennie en Irlande sur un statu quo, décloisonner les historiographies nationales semble d’autant plus nécessaire que les regards comparés et croisés peuvent permettre d’aborder ces questions en effectuant un pas de côté, en renouvelant les problématiques.
L’objectif principal de cette journée est donc de faire connaître l’historiographie en langue anglaise au public français mais aussi de revenir sur les débats historiographiques concernant les liens entre la France et l’Irlande dans la période révolutionnaire en décentrant le regard de l’historiographie en langue anglaise, en les traitant dans un contexte chronologique et géographique large, celui des révolutions atlantiques voire de la « République atlantique », des années 1770 (avec l’émergence du mouvement des Volontaires) aux premières décennies du XIXe siècle (insurrection d’Emmet en 1803, campagnes de Daniel O’Connell dans les années 1820-1830). L’objectif est également de décentrer le regard de l’historiographie française sur la Révolution en interrogeant les liens entre les républicanismes français et irlandais et leur rapport avec la matrice américaine. Les travaux s’inscriront ainsi à la fois dans une perspective d’histoire comparée et d’histoire connectée. Il s’agira d’interroger les origines multiples, les sens divers et la postérité contrastée de ce premier républicanisme irlandais, qui a émergé dans cette « île de la mer de Virginie », entre l’Amérique, les Trois Royaumes et la France.
Programme / program
Les communications et échanges auront lieu en français et/ou en anglais
Proceedings will be conducted in English and/or in French
Des résumés des communications seront disponibles en français et en anglais
Abstracts will be circulated in both French and English.
9h00 : accueil/ welcome
Matin/ Morning:
9h30 : Ouverture : Thomas Bartlett (Aberdeen University & Royal Irish Academy) : General introduction: ‘Writing the history of the revolutionary 1790s during the “Troubles”: historiographical and moral dilemmas’ (in English).
10h-12h30 : Atelier 1 présidé par Thomas Bartlett : L’Irlande en France, la France en Irlande : transpositions, délocalisations, comparaisons, confrontations / Workshop 1 : Ireland in France, France in Ireland : transpositions, relocations, comparisons & confrontations
10h : Rachel Rogers (Université de Toulouse-Jean-Jaurès) : “Their cause then and ours is the same”: The British and Irish in the Paris-based Society of the Friends of the Rights of Man, 1792-94’ (in English).
10h30 : Timothy Murtagh (Hertford College, University of Oxford): ‘Dublin’s Journeymen – Irish Sans-Culottes?’ (in English).
11h : Sylvie Kleinman (Trinity College, Dublin) : « Rhétorique et conception de la souveraineté irlandaise dans les négociations et les préparations militaires entre Theobald Wolfe Tone et le Directoire (1791-1798) » (en français)
11h30-12h30 : Discussion, introduction par Mathieu Ferradou
Après-midi/ Afternoon
14h-17h : Atelier 2 présidé par Pierre Serna : Circulations transnationales : connexions (contre-)révolutionnaires et (anti-)républicaines / Workshop 2 : Transnational circulations : (counter-) revolutionary and (anti-) republican connections
14h: John Donoghue & Anthony Di Lorenzo (Loyola University, Chicago): ‘Transatlantic Abolitionism and Radical Republicanism over the Longue Duree, 1650-1800’ (in English)
14h30 : Niklas Frykman (Pittsburgh University): ‘The conspiracies of 1798 in Britain’s Royal Navy’ (in English)
15h : Pascal Dupuy (Université de Rouen) : « Le républicanisme « maudit » aux Etats-Unis, en France et en Irlande d’après les images anglaises » (en français)
15h30 : Laurent Colantonio (Université de Québec, Montréal): « Les nationalistes irlandais et les républicains français au début du XIXe siècle : l’impossible rencontre » (en français)
16h-17h : Discussion introduite par Yevan Terrien (Pittsburgh University)
17h : Concluding remarks : Hugh Gough (University College, Dublin) (in English)
17h20 : Conclusion : Pierre Serna (Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, IHRF) (en français)
Programme / program
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