Chloé Capel est une post-doctorante affichant une sacrée ténacité pour accéder à ses souhaits et intégrer le milieu dans lequel elle a toujours voulu évoluer, à savoir l’archéologie médiévale du Sahara. Pour y arriver, elle a tout d’abord suivi l’intégralité de son cursus en archéologie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, du DEUG au master, en intégrant notamment des doubles cursus, en plus de l’indispensable formation sur le terrain avec l’apprentissage de la fouille, tous les étés, sur des chantiers bénévoles. « J’ai ensuite opté pour un doctorat, toujours à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en raison de l’opportunité rare d’y travailler dans le domaine qui m’intéresse et qui, aujourd’hui, n’est plus enseigné à l’université, ni titulairement représenté dans les institutions de recherche françaises, à savoir l’archéologie médiévale du Sahara », explique la jeune femme.
Les difficultés pour mener à bien sa thèse
Malheureusement pour Chloé, le déroulement de sa thèse a été beaucoup plus compliqué qu’elle ne l’avait imaginé… « Ma thèse s’est déroulée de manière sinueuse et un peu chaotique par moments, mais sans temps mort, et en surmontant successivement tous les obstacles. En l’absence de financement, j’ai mené mes recherches en parallèle d’un emploi de chargée de cours à l’Ecole du Louvre, d’où une thèse relativement longue… De plus, mes trois premières années de thèse, de 2006 à 2009, ont été consacrées à un travail sur un site archéologique du Sahara mauritanien, avec une équipe de recherche, avant que le chantier ne soit annulé pour des raisons de sécurité… Par conséquent, j’ai dû recommencer de zéro avec un changement radical de sujet et une réorientation de ma recherche sur un site archéologique du Sahara marocain pour lequel j’ai eu besoin de sept années pour collecter les données, les étudier, les interpréter et rédiger le manuscrit. Les quinze derniers mois ont été consacrés à la rédaction intensive », se remémore Chloé.
L’accès très délicat au Sahara
Chloé a dû remédier, entre-temps, à plusieurs autres difficultés pour mener à bien ses recherches. « La principale a été la question de l’accès au terrain. Séjourner au Sahara est difficile pour un occidental depuis une dizaine d’années. Après la « fermeture » du site mauritanien, en 2008, il a fallu accepter de repartir de rien, en reportant mon travail dans une région marocaine inconnue. J’ai dû faire mes preuves au Maroc, avec la participation là-bas à deux programmes scientifiques non-sahariens, avant d’obtenir l’autorisation de travailler sur le site choisi pour ma thèse. Ce parcours explique à lui seul la longue durée de ma thèse, qui s’est déroulée sur près d’une dizaine d’années… A cela s’est ajouté l’isolement scientifique, en raison de l’absence d’études sahariennes médiévistes en France. Rattachée à un laboratoire de préhistoriens, j’ai beaucoup appris de mes collègues, mais je me suis retrouvée très isolée d’un point de vue des thématiques de recherche. Je me suis alors rapprochée d’un laboratoire de recherche de médiévistes islamisants, plus proches culturellement et chronologiquement de mes thèmes d’études, ce qui m’a beaucoup aidé dans la maturation de ma réflexion », se souvient-elle.
La fierté d’être aujourd’hui récompensée
Malgré toutes ces difficultés, Chloé Capel a pu finaliser et soutenir sa thèse, portant sur « Sijilmassa et le Tafilat (VIIIe-XIVe siècle) : éclairages sur l’histoire environnementale, économique et urbaine d’une ville médiévale des marges sahariennes ». Un travail qui lui a même valu un prix de Paris 1 Panthéon-Sorbonne dernièrement. « J’ai été très agréablement surprise que l’archéologie soit à l’honneur du prix de thèse de notre université, qui est avant tout réputée pour ses départements juridiques et économiques. Je suis donc très heureuse que mon domaine d’étude soit ainsi mis à l’honneur et soutenu par Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Je dois aussi reconnaître que je suis très fière qu’au sein de la vaste "maison archéologique", l’archéologique et l’histoire africaines soient ainsi mises en valeur. Un tel prix est une marque réellement importante de reconnaissance de ce champ disciplinaire. Enfin, à titre plus personnel, je suis très honorée que Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui m’a déjà beaucoup aidée dans le cadre de mes études (Prix de la Chancellerie 2007, plusieurs bourses de mobilité délivrées par le Collège des Ecoles Doctorales…), reconnaisse la qualité scientifique de mon travail, ce qui représente un énorme encouragement à poursuivre dans la voie que j’ai choisie », met en avant Chloé.
Continuer la recherche archéologique au Sahara
Chloé Capel a, certes, aujourd’hui, soutenu avec succès sa thèse, il n’en reste pas moins qu’elle rencontre toujours des difficultés pour exercer l’activité souhaitée. « Il n’existe pas, en France, dans l’état actuel des choses, de postes d’archéologue médiéviste travaillant sur l’Afrique saharienne. Il m’est donc difficile d’imaginer un recrutement correspondant exactement à mon profil académique. Mon objectif est pourtant de continuer la recherche archéologique au Sahara, quel que soit mon statut, même si je dois pour cela vivre d’un travail alimentaire et poursuivre mes recherches à titre bénévole. C’est d’ailleurs ma situation actuelle puisque je travaille comme guide touristique pour des agences de voyage américaines pour l’accompagnement de circuits culturels au Maroc. Ce statut me permet ainsi de financer une partie de mes déplacements au Maroc, où je codirige désormais un important chantier de fouilles dans la région de Marrakech, et de me laisser disposer de temps libre pour les recherches. Je n’abandonne pas l’idée, bien sûr, de décrocher un poste dans mon domaine, et travaille donc dans le même temps à des candidatures dans le milieu de la recherche », précise Chloé, qui souhaite également développer dans un futur plus ou moins proche des programmes archéologiques en direction de la Mauritanie et du Niger.
Julien Pompey
© Photo : Pascal Levy, Direction de la communication
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