Lundi 13 juin, sur les eaux de la Seine, aux pieds du Palais Bourbon, s’est déroulée la finale du Championnat de France de Débat, organisée par la Fédération Française de Débat et d’Éloquence (FFDE). Un an après, les clubs de débat de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Révolte-toi Sorbonne (RVTS), et Paris 2 Panthéon-Assas, Révolte-toi Assas (RVTA), se sont à nouveau retrouvés face à face pour le dernier acte du championnat. Règne alors, dans la salle comble de la péniche Concorde Atlantique, une ambiance plus proche du match de boxe que du concours d’éloquence classique. On pouvait croire, à s’y méprendre, que l’on allait assister à un remake de la finale de l’année passée. Le lieu, les enjeux, les écuries en présence… tout semblait identique à la précédente finale ! Les équipes ont cependant bien changé, la relève admire encore ses brillants ainés, présents dans la salle, avec donc une double pression : il faut remporter le titre mais également faire honneur à l’association. Assas part favorite, son équipe étant marquée par l’affront de l’année passée. Ils sont ici pour laver l’honneur d’Assas devant les yeux du Président de Paris 2 Panthéon-Assas, Monsieur Leyte, venu en tant que Président du jury. Pour la Sorbonne, il fallait confirmer la domination d’une école du débat, et montrer que le renouvellement générationnel était une réussite.
Des règles à appliquer, un public agité et des joutes de qualité
La salle est remplie, les chaises manquent, la foule est agitée et acclame les orateurs lorsqu’ils sont annoncés : pas de doute, la passe d’arme s’amorce. Les piques envoyées sur les réseaux sociaux, à grands coups de punchlines, sont derrière nous, place à la joute ! Les règles du débat sont simples : deux équipes de quatre s’affrontent autour d’une motion. L’une d’elle représente le gouvernement, qui propose cette motion et doit convaincre l’auditoire de son bienfondé ; l’autre est à l’opposition et doit donc l’attaquer. La motion de cette finale est particulièrement appréciée par le public lors de son annonce, et fait sourire le jury : ce gouvernement rétablirait la monarchie absolue !
Les jouteurs commencent alors leurs plaidoiries. Chaque débatteur a droit à cinq minutes de temps de parole, précieusement décomptées par un personnage atypique : le maître du temps. De Booba à Voltaire, en passant par Games of Throne, les références sont multiples et alambiquées. Après le passage magistral de Tanguy Albertini pour Assas, Etienne Luneau puis Tristan Rochas envoient Assas dans les cordes. "Votre motion signifie non pas le décès de quelqu’un, mais la mort de quelque chose, un idéal nous rassemblant tous, celui de la liberté !", affirme ce dernier. Les Assasiens en nombre dans le public deviennent fébriles, les applaudissements deviennent moins fréquents. Esteban Georgelin arrive alors à la tribune et sonne le clairon de la révolte. « Ne nous en laissons pas compter par ces ‘babtous fragiles’ sorbonnards, la monarchie sera salvatrice ! » Haranguant la foule, il inverse la tendance. Le regard hagard des sorbonnards ne laisse pas de doutes : ils le savent, leur heure est passée. Les débatteurs sont jugés sur ce qu’ils apportent au niveau du fond de l’argumentation, mais bien évidemment aussi sur la forme, leur éloquence.
La possibilité de perfectionner ses prises de parole en public
Pour l’évènement, la FFDE a fait appel à un jury constitué de maître Ader, candidat au poste de vice-bâtonnier ; Clémentine Autain, femme politique ; au premier secrétaire de la Conférence 2011, Maître Etrillard ; au professeur Gregory Portais ; à un membre de la génération dorée du débat sorbonnard, Guillaume Chomette ; et à Guillaume Leyte, président de l’université Paris 2 Panthéon-Assas. Il rend ainsi son verdict : Assas prend sa revanche ! Les quatre débatteurs de ce gouvernement d’un soir ont joué à fond la carte de la forme, maniant le burlesque avec une aisance rare. Ils ont ainsi, de l’avis général, moins exploité le fond que la Sorbonne, cependant leur show a séduit le public et emporté le jury. Tanguy Albertini est nommé meilleur orateur de la soirée. Quand Assas citait le "philosophe Jean Jacques… Goldman", la Sorbonne s’appuyait elle sur Montesquieu. Cependant, tous se sont réunis par un amour du débat et, plus matériellement, par un cocktail offert par la Fédération.
Seul bémol à cette belle soirée, l’absence d’oratrices. Loin d’être une discipline ‘viriliste’, l’éloquence souffre actuellement de l’absence de la gente féminine ! Permettant d’acquérir de véritables compétences oratoires, les débats organisés par les Révolte-Toi sont de très belles occasions pour tout étudiant voulant perfectionner ses prises de parole en public !
Gauthier Maillot pour #LeSorbonnaute
© Photo / Fédération Française de Débat et d’Eloquence
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