Qu’est-ce que les soft skills ?
"Imaginez un groupe d’étudiants sortant tous de la même université, avec le même diplôme et la même spécialité. Lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, qu’est-ce qui les différencie véritablement ? Au-delà de leur diplôme, c’est sur certaines compétences transverses et relationnelles, telles que la confiance en soi, la créativité ou encore l’adaptabilité, que le recruteur pourra apprécier la singularité du jeune diplômé. Ce sont ces compétences que l’on appelle ‘soft skills’. Nous les avons tous en nous, de façon plus ou moins développées. Elles nous permettent d’être qui nous sommes. En apprenant à les développer grâce à des entraînements spécifiques, il est possible d’évoluer plus sereinement dans son environnement professionnel, tout en fluidifiant ses relations interpersonnelles. Qu’il s’agisse de la gestion de ses émotions, de la capacité d’écoute, ou bien de la prise de décision, les soft skills permettent de surfer sur les imprévus, dans un monde professionnel exigeant et complexe. Elles permettent ainsi de devenir pleinement acteur de son aventure professionnelle."
Quelles sont les soft skills indispensables pour un jeune diplômé ?
"Une façon a priori simple de répondre serait de dire que les soft skills indispensables d’un jeune diplômé sont celles qu’il n’a pas encore suffisamment activées. Cette réponse implique, en réalité, une prise de recul sincère sur l’état des lieux des soft skills que l’on possède véritablement. Connaissez-vous, par exemple, précisément votre niveau d’aisance pour prendre la parole en public ? Si vous n’en avez pas souvent l’occasion, il vous sera difficile de mesurer cette compétence, et encore plus difficile de pouvoir en parler à un recruteur. Dans notre ouvrage, Le Réflexe Soft Skills (Dunod), mes co-auteurs et moi-même parlons d’une soft skill essentielle qu’est la conscience de ses propres soft skills. Être conscient de ses propres compétences n’est pas forcément chose aisée et nécessite un véritable travail sur soi-même et une expérience des différents contextes où l’on peut être amené à activer ses compétences. En arrivant sur le marché du travail, certaines personnes ont, par exemple, développé une aisance orale suffisante pour ne pas avoir à explorer davantage cette compétence. Elles savent qu’elles la possèdent, et n’ont pas besoin de s’inquiéter à la développer plus que cela. Ces personnes sont prêtes à la mobiliser. Mais qu’en est-il pour elles des autres soft skills ? Avec le Journal du Net et Fabrice Mauléon, co-auteur du livre Le Réflexe Soft Skills, nous avons exploré vingt soft skills essentielles en entreprise. Je pense qu’il peut être intéressant pour les jeunes diplômés de clarifier leur positionnement par rapport à chacune d’entre elles. Ai-je, par exemple, la sensation de bien gérer mon temps ? Et, si oui, pourrais-je être encore plus efficace dans cette gestion ?"
Comment développer puis valoriser ses soft skills ?
"De nombreuses voies et pratiques permettent de les développer. Mais, à mon sens, pour développer ses soft skills, il faut avant tout être capable de se remettre en question et d’avoir envie de progresser. Que ce soit par le biais de MOOC, de SPOC ou de formations présentielles, pourquoi de plus en plus de personnes continuent de se former une fois arrivées sur le marché du travail ? Car les cursus traditionnels de l’éducation, et même les cursus d’enseignement supérieur, ne suffisent pas pour développer ce type de compétences. Cette envie de progresser va placer la personne dans une dynamique d’entraînement et de perfectionnement permanent. Une situation habituellement stressante qui place une personne dans un sentiment d’inconfort peut, avec ce nouvel état d’esprit, être une formidable opportunité d’apprendre à gérer son stress. Quoi de mieux que de passer par une situation de stress pour apprendre à le surpasser ? D’où la nécessité d’avoir une réelle volonté de progresser. Certaines pratiques, comme la méditation, utilisée notamment par certains sportifs de haut niveau, permettent d’accélérer considérablement le développement des soft skills. La méditation, pratique à laquelle j’initie de nombreux étudiants, invite à réactualiser en temps réel la perception que l’on a de soi, de ses ressources, de ses modèles de fonctionnement, qu’ils soient positifs ou négatifs. Grâce à cette pratique qui a fait ses preuves, il est par exemple possible d’identifier clairement ce que l’on nomme dans le sport de haut niveau ‘nos pensées parasites’ (‘ je ne vais pas y arriver’), qui freinent notre dynamique, et ‘nos pensées parades’ (‘je ferai de mon mieux’), qui peuvent booster notre potentiel. La méditation est un fabuleux entraînement mental, et c’est justement notamment sur cet aspect que nous pouvons développer, entre autres, notre concentration, notre motivation ou notre confiance en nous.
Il y a bien entendu d’autres pratiques qui permettent de développer les soft skills, notamment la simple attitude consistant à observer attentivement les personnes qui incarnent pleinement les soft skills que l’on souhaite développer. Ces personnes de référence, exemplaires dans certaines soft skills, pourront nous donner la force et l’inspiration nécessaire pour progresser dans les domaines voulus. C’est, pour moi, en incarnant pleinement ses soft skills qu’il est possible, voire même facile de les valoriser. Valoriser ses soft skills, c’est avant tout les vivre pleinement. Si vous souhaitez qu’un recruteur détecte votre capacité à gérer votre stress dans les situations délicates, cultivez cette compétence au quotidien, au point que celle-ci transparaisse naturellement dans votre façon d’être."
Ces soft skills sont-elles prises en compte par les recruteurs, dans le cadre du processus d’embauche ?
"La volonté de les prendre en compte est bien présente, oui. Mais la difficulté pour les recruteurs consiste à avoir les réflexes qui permettent de les prendre en compte. Là aussi, les recruteurs doivent développer certaines soft skills précieuses telles que l’observation et l’empathie pour être à-même d’identifier et de mesurer les soft skills des candidats. Par ailleurs, nous n’avons pas pour habitude de mettre ces compétences sur un CV. Aussi, le recruteur doit faire preuve de méthodologie pour déterminer le ‘profil soft skills’ des candidats. Dans mon métier de coach, j’interviens de plus en plus dans l’enseignement supérieur justement pour accompagner les futurs diplômés à développer et à mettre en avant leurs soft skills. Je ne connais pas ou peu de postes qui ne nécessitent pas de savoir déployer des compétences transverses. L’une des astuces que l’on travaille avec les étudiants consiste à démontrer en quoi leurs soft skills permettent de sublimer leurs hard skills (compétences techniques présentes naturellement sur le CV). Par exemple, le candidat peut expliquer en quoi sa soft skill ‘capacité de concentration’, développée consciemment grâce à la pratique du sport en compétition, lui permet d’être plus performant dans la création de ses reportings mensuels."
Quelles sont les plus recherchées à l’heure actuelle ?
"Cela dépend du secteur d’activité et du poste visé. Je pense cependant que des soft skills telles que la gestion du stress, la gestion du temps, la créativité ou encore l’adaptabilité sont et seront de véritables atouts pour répondre aux attentes des recruteurs. Sans oublier de vivre sereinement les exigences du monde professionnel actuel et futur."
Quelles sont les compétences des leaders de demain selon vous ?
"Pour répondre à cette question, il peut être intéressant d’observer les compétences des leaders passés et actuels. Certains dirigeants d’entreprise affirment aujourd’hui travailler ‘à l’intuition’. Bien qu’elle puisse être encore une notion obscure pour beaucoup de gens, l’intuition est, je pense, une véritable soft skill, qui sera portée et incarnée par les leaders de demain. Dans son ouvrage Ces décideurs qui méditent et qui s’engagent (Dunod), Sébastien Henry, lui-même dirigeant d’entreprise, explique que les décideurs qui n’utilisent pas leur intuition passent à côté d’une aide précieuse, notamment pour ce qui est de la prise de décision. Einstein disait de l’intuition qu’elle est la seule chose réellement valable. Certaines de ses plus grandes découvertes auraient d’ailleurs été faites grâce à son intuition.
J’aime aussi prendre l’exemple des sportifs de haut niveau, qui se situent au sommet de leur discipline. Comment en sont-ils arrivés là ? Pourquoi Novak Djokovic, l’un des meilleurs joueurs de tennis au monde, pratique-il régulièrement la méditation ? Parce qu’elle lui permet notamment de développer une concentration, une gestion de ses émotions et une confiance inébranlable pour exceller dans son sport. C’est aussi, pour lui, un excellent moyen pour canaliser son énergie. Dans notre ouvrage Le Réflexe Soft Skills, nous avons identifié quatre grandes soft skills essentielles pour être, selon nous, les leaders de demain. Il s’agit de la conscience (en référence à la conscience de ses soft skills notamment), de l’esprit d’entreprendre, de la confiance et de la synergie. Cette dernière, qui illustre la capacité à coopérer et à fédérer les richesses humaines et talents de chacun, permet aussi de s’inspirer des soft skills d’autrui pour développer les siennes."
Julien Bouret est coach en bien-être professionnel et co-auteur de Le Réflexe Soft Skills (Dunod). Enseignant en pratiques méditatives, il intervient en entreprise et dans l’enseignement supérieur pour accompagner les personnes dans l’activation de soft skills telles que la gestion du stress, la confiance en soi, la gestion du temps ou encore l’intuition. Il anime aussi des stages de préparation mentale et donne des conférences sur ces divers sujets.
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