Dans le public du cours magistral d'Histoire ancienne, le vendredi matin, la figure de Tommaso se détache très nettement… A côté des visages juvéniles d'étudiants pour qui le lycée est un souvenir encore récent, le sien contraste, marqué par les années et la diversité des expériences traversées !
Les obstacles du début de carrière
S'il est aujourd'hui titulaire du baccalauréat, c'est sans la possession du fameux diplôme qu'il a surmonté la majorité des épreuves qu’il a rencontrées. Ses études ont été étouffées dans l'œuf par un grave problème de poids… Rien, toutefois, qui n'ait pu se mettre en travers de son courage et de sa détermination. Après en avoir triomphé, grâce à une activité sportive régulière et disciplinée, il obtient rapidement un emploi dans un magasin dans le quartier de Pont de Sèvres, à Boulogne-Billancourt. Son dynamisme né de son activité physique lui permet de gravir les échelons, au cours d'une carrière d'une huitaine d'années. Mais le climat de tension régnant dans son quartier en marque toutefois la fin abrupte. En 1992, la production industrielle des usines Renault-Billancourt est interrompue, destinant les commerces environnant à mourir à petit feu… Le magasin de Tommaso est alors racheté, avant d’être fermé. La quarantaine dépassée, Tommaso se retrouve au chômage, rempli de questions et d’interrogations sur les conditions qui l’ont mené dans une telle situation.
De la grande enquête aux menaces
C'est cette quête de réponse qui conduit Tommaso vers le journalisme. Désireux d'apprendre les méthodes d'investigation propres à la profession, il suit une rapide formation dans une école qu'il finance en partie avec ses propres économies. Après un bref stage dans une rédaction, il entreprend ce pourquoi il a commencé son apprentissage : une enquête, à son propre compte, sur le quartier de Pont de Sèvres. Celle-ci s'étend sur cinq ans, et lui permet de réunir une colossale documentation. Muni d'une carte de presse provisoire, il est en mesure d'interroger les responsables locaux comme le commissaire de Boulogne, voire d'enquêter auprès des membres du gouvernement de l'époque. Il croise notamment la route de l'ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement. Mais, en dépit de l'application de son travail, Tommaso ne parvient pas à faire publier son projet… Pire encore : il affirme avoir reçu des menaces et des violences en conséquence de celui-ci ! En 2005, confronté au plus dramatique échec de son existence, dépouillé de tout soutien, il perd tout courage et se laisse rattraper par son problème de poids.
La marche à pied avant l’entrée à l’université
Au même problème, l’application de la même solution ! C'est par une détermination à la limite de l'obsession et une pratique intensive d'une activité sportive que Tommaso surmonte son surpoids. Rejetant l'éventualité de se retrouver immobilisé dans un lit d'hôpital, il se met à marcher, marcher, et encore marcher, en ne s'arrêtant que pour manger et dormir, jusqu'à ce que ses jambes deviennent aussi solides que la pierre. En trois mois et demi, il déclare avoir parcouru pas moins de 4 000 kilomètres, et avoir retrouvé une forme physique exemplaire.
Il ne lui reste alors plus que sa formation intellectuelle à compléter. Après avoir passé son baccalauréat en candidat libre, en 2012, il se tourne vers une discipline qu'il avait boudée par le passé : l'Histoire. Fasciné par ses enjeux et ses liens avec l'actualité, il franchit les portes de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour y étudier. Actuellement en deuxième année de licence, il ne se lamente guère d'être entouré de personnes plus jeunes que lui. Au contraire, dans cet environnement vivant et plus que jamais dynamique, il se sent bel et bien chez lui.
Adrien Pflug
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