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Brumaire an CCXXIV

Avant que 2015 ne s’achève, et plus de cent jours après le bicentenaire de la fin du règne du premier Empereur de France, s’impose le souvenir de ce personnage, tantôt haï, tantôt  révéré, et dont l’un des historiens spécialistes de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Jean-Paul Bertaud, a récemment été nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Si le nombre de recherches récentes sur Napoléon fleurissent depuis 2012, le livre de Roger Peyre mérite que l’on s’y replonge à plus d’un titre.

 

 

 

De l’extérieur, la reliure rouge de cet exemplaire, ornée des motifs dorés d’abeilles et de quatre aigles avec le monogramme N dans chaque coin, et ses tranches dorées attirent l’œil, rappelant la magnificence voulue lors du sacre de 1804.

 

          

 

Passée la page de titre, en frontispice, le lecteur est accueilli par  l’icône équestre du premier consul franchissant les Alpes, fine reproduction en lithographie couleur du tableau de David par Mauler.  

 

On y remarque les citations, en bas à gauche, des noms de ses illustres prédecesseurs : Annibal et Carolus Magnus.

 

 

Puis la gravure par Monnet et Helman d’un Hommage à l’empereur  présenté par Vivant-Denon, aux colonnes « Unité » et « Hérédité » énumérant chacune dans des médaillons les actions accomplies et traités de paix signés, entérine le mythe.

 

 

Les riches illustrations - portraits officiels, scènes de genre, paysages ou tableaux militaires - reproductions de gravures, miniatures ou peintures,  retracent, en noir et en couleur, le destin du célèbre Corse ; certaines d’esprit et de composition romantiques (Mamelouck sabrant d’après Géricault, p. 329), d’autres au style résolument néo-classique ( les fameuses Sabines de David) mais aussi de caricatures surtout anglaises (fig. 199) et allemandes (fig. 333).

 

Aux chapitres concernant les campagnes militaires,  c’est le réalisme qui apparaît  dans les études de Raffet (Waterloo, fig. 368) Vivant-Denon (p. 538) ou de Charlet (Misères de la guerre, 1812, p. 729).

 

 

Enfin, le clair-obscur des gravures s’accentue au fur et à mesure que la fin approche : Waterloo (tableau de Turner, fig. 369), la retraite de Russie (fig. 306 à 311) puis une poétique Allégorie du rocher de Sainte-Hélène (Horace Vernet, fig. 385).

 

Ainsi, dans l’esquisse peinte par Charlet, le cavalier et sa blanche monture ne sont plus tournés vers l’avenir ni dominants  mais, regardant le passé, semblent tous deux abattus, le visage de Bonaparte à peine discernable dans l’ombre du jour tombant.

 

Un ouvrage « fin de siècle » d’autant plus intéressant à feuilleter qu’il fut édité sous la troisième République, après la formation du courant boulangiste mais avant la crise républicaine provoquée par l’élection du général-ministre Boulanger et avant le centenaire de 1789…

 

Roger Peyre, Napoléon Ier et son temps : Histoire militaire, gouvernement intérieur, lettres, sciences et arts. Paris : Firmin-Didot, 1888. 

(Cote 14581)

 

[Marilyne Alexandra Delbès, oct.-nov. 2015]

 

 

 

Allégorie de Brumaire. "Le Soleil entre au signe des Scorpions."
Personnification du mois de brumaire (octobre) : une jeune fille porte sur l'épaule droite un fagot de bois, son voile la protège du froid, et sous le bras gauche un agneau qu'elle regarde tendrement.