RODE Antony, Bêtes, monstres et sang dans l’imaginaire politique de la Révolution française l’exemple du Père Duchesne, dir. Jean-Clément Martin, 2004.

Les bêtes et les monstres intéressent depuis longtemps les historiens, par leur existence, leur importance dans l’imaginaire des époques étudiées, leur persistance dans les folklores. La Révolution française ne fait pas exception dans ce foisonnement imaginatif de créatures diaboliques. Pour une époque où l’on prône la déesse raison, l’irrationnel est pourtant au cœur de tous les esprits. La maladie, le sang, les animaux, tout est soumis à l’imagination de la foule.

Par cette étude, il a été tenté de faire un relevé et une analyse de l’utilisation, dans le langage courant, d’insultes animales et de dénominations monstrueuses. Le choix du Père Duchesne comme base de travail fut pertinent, étant donné l’importance de ce journal révolutionnaire et l’utilisation par Hébert (son créateur) de ce type de dialogue qu’il appréciait particulièrement, si grande était son efficacité.

C’est une réflexion sur la violence dans son ensemble qui est produite finalement, sur les raisons de ces agressions verbales, sur leurs racines et sur leur sens, mais aussi sur la violence physique, les exutoires choisis par les contemporains de la Révolution. Ce travail est le premier jalon d’une longue recherche qui doit être menée sur l’imaginaire par nous autres, historiens, car il met en lumière de nombreuses pistes qui n’ont, à ce jour, pas encore été explorée et qui pourrait nous surprendre concernant la justification des grands événements de notre histoire.