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Enseignement » Mémoires et thèses » Maîtrises et DEA (avant 2006) » Maîtrise Christophe CHAPPEE

Maîtrise Christophe CHAPPEE

CHAPPEE Christophe, Opéra et propagande révolutionnaire (1790-1794), dir. Jean-Clément Martin, 2002.

 

La Révolution française ne va pas faire du théâtre chanté une activité étrangère à sa propagande, et cela, en dépit de l’origine monarchique du genre, comme du socle aristocratique de son public. Cette instrumentalisation ne relevait guère de l’évidence : devant la menace d’une proscription, de nombreux artistes et hommes de lettres avaient dû prendre publiquement sa défense. Son utilisation ne fut envisagée qu’au prix de nombreuses réformes, visant à faire de cet art « corrompu » un divertissement didactique, populaire et pleinement national. La scène lyrique bénéficia momentanément de conditions inédites (baisse du prix des places, spectacles gratuits, création d’un répertoire « civique »). Ces premières années de la Révolution voient aussi la récupération politique de l’ancienne Académie royale de musique. Loin d’abandonner cette « ruineuse » institution, les révolutionnaires choisissent de l’élever au rang « d’école du patriotisme », cette dernière n’entrant qu’en 1793 dans une pleine « entente » avec les nouvelles autorités, dont elle obtient la bienveillante protection. Nous avons également voulu étudier cette propagande lyrique à l’appui des textes, considérant le livret d’opéra comme une source historique à part entière, tant sur le plan de l’étude des stratégies politiques (promotion de parti, dénigrement des adversaires), que pour l’analyse des représentations. Ces créations, fortement marquées par l’actualité, permettent parfois de déceler des changements de conjoncture (évolution de la popularité royale). Les librettistes s’employaient à condamner les attitudes anti-patriotes, en même temps qu’à stimuler les énergies nationales autour d’exemples vertueux (sacrifice au combat, effort de guerre, poursuite des ennemis). Par la restitution « documentaire » des batailles contemporaines, et en entretenant le souvenir des héros tombés pour la France, ils participaient activement à la diffusion des informations et de la « liturgie » officielles.