PORTE Erwan, Représenter la guerre : la peinture de bataille au Dépôt général de la guerre ; Le cas des aquarelles de Begetti sur la Campagne d’Italie de 1796 à 1797, dir. Bernard Gainot et Annie Duprat, 2004.

Le génie de Bonaparte réside aussi bien dans ses talents militaires que dans son sens de la propagande. Ainsi la première campagne d’Italie de 1796-1797 a été le sujet de nombreuses œuvres visant à flatter la bravoure de l’armée d’Italie et la gloire de son chef. La série d’aquarelle réalisé entre 1803 et 1807 par Bagetti sur cette campagne et qui constitue l’objet de notre étude n’échappe pas à cette démarche.

Pourtant ce n’est pas de la construction du mythe napoléonien dont il est question ici ; mais il s’agit plutôt d’établir les liens entre la mentalité d’une époque et les formes d’expressions qu’elle se donne. Les œuvres de Bagetti, bien que possédant une indéniable valeur artistique, ne peuvent être complètement assimilées à des œuvres d’art, car ce que le commanditaire, le Dépôt général de la Guerre, exige de l’artiste c’est qu’il lui livre une image exacte de la guerre. C’est peinture ne sont pas pour autant une image réelle des combats. Elles n’échappent pas à la subjectivité de toute reconstitution et aux formes esthétiques privilégiées par une époque. Ainsi ces œuvres à la charnière des XVIIIe et XIXe siècle entretiennent-elles des relations avec les courants de pensées, en particulier militaire, de cette époque.

C’est en suivant la réalisation des aquarelles de Bagetti, puis en les replaçant dans leurs temps que le témoignage des combats et le discours tactique qu’elles recèlent prennent toute leurs valeurs.