Plus communément appelée "Les théâtreux de Paris I", la petite troupe de théâtre de Panthéon-Sorbonne s’est donnée en spectacle, le 10 avril dernier. Héraclès était à l’honneur, les étudiants-comédiens ayant effectué avec bravoure les travaux du grand Hercule. Allant du massacre du lion de Némée à la douceur de la biche de Cérynie, la représentation s’est déroulée en une soirée, et les applaudissements furent très nombreux.
Plusieurs mythes sociaux dénoncés
Baptisée "La retraite d’Eugène", la pièce jouée a été écrite par Philipe Delaigue. Cet auteur contemporain ne s’arrête pas à l’écriture, il développe ses talents à travers la mise en scène et le jeu. Sa pièce est non seulement un éloge à la mythologie, mais également une satire de notre époque. Plusieurs "mythes sociaux" sont ainsi cités, de la politique à la consommation, en passant par l’aliénation des masses. Le sanglier d'Érymanthe devient ainsi un être narcissique qui profite du peuple pour exhiber son corps et assouvir son immense soif sexuelle. L’hydre de Lerne est, quant à lui, un hymne au Front national, et cette tête blonde tombe et roule à terre sous les coups d’un Héraclès qui hurle sa haine contre la soumission collective.
Les 7 travaux d’Hercule
Tout au long de la représentation, il était également possible de voir que les acteurs ne sont qu’une masse hypnotisée par chaque leader qui s’élève. Dans le lion de Némée, Hercule propose aux habitants de donner une de leurs mains, afin de capturer le lion. Malgré un manque d’enthousiasme, le héros parvient à ses fins, et offre à la bête un panier de mains encore sanglantes… Même si les travaux sont ici réduits au chiffre de sept, les metteuses en scène - Youlia Zimina et Hélène Avice - se sont appliquées afin de les rendre tout aussi sulfureux que comiques. Ainsi, le taureau de Cnossos se clôture sur l’image pathétique d’un animal affublé d’un serre-tête avec un cœur lumineux et des petites cornes rouges de diablotin. Sa dernière réplique ? Un simple "Meuh" !
Un texte porté avec fierté
Durant deux heures, la représentation a navigué entre humour noir et ironie coupante. Sèches, rapides et sauvages, les répliques ne perdaient pas leur temps avec les humains, et se concentraient sur les animaux pourchassés. La performance des acteurs était juste, les voix fortes, le texte porté avec fierté. Le tout, pour un résultat explosif. La mise en scène était parfaitement étudiée pour nous donner l’impression que tous les acteurs n’étaient qu’un, qu’ils n’étaient que l’incarnation d’une seule et même personne complètement aliénée par ses supérieurs.
Enfin, si jamais vous l’avez ratée, tentez de plonger dans la plateforme "Youtube" afin d’explorer la dure personnalité d’un héros grec déchu de ses pères et à la furieuse recherche de l’immortalité : https://www.youtube.com/watch?v=Tx5974m22Jg&feature=youtu.be.
Céliende Lebon
© Photo / Céliende Lebon
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