De manière globale et générale, quels sont les secteurs d'activité qui recrutent actuellement et qui recherchent des jeunes diplômés issus notamment de l'université ?
"Beaucoup de secteurs d’activité recrutent actuellement des jeunes diplômés d’université. En fait, ce sont davantage les compétences et les formations qui sont recherchées. En fonction, telle ou telle université ou école sera privilégiée. Par exemple, Paris 1 Panthéon-Sorbonne est notamment recherchée pour les jeunes diplômés en économie et en droit. Dans la fonction commerciale et marketing, les écoles de commerce sont souvent privilégiées."
Tout secteur confondu, quelles sont les grandes qualités recherchées par les recruteurs et qui permettent de faire la différence sur le marché du travail ?
"Pour les jeunes diplômés, il faut distinguer différents types de qualités recherchées par les recruteurs. Les qualités d’esthétique de la présentation du CV sont le premier moyen de communication et d’information du jeune diplômé vers le recruteur. Celui-ci doit être facile à lire : le recruteur doit avoir un document aéré, sans trop de cadres, de typologies de caractères différentes (gras, souligné, italique,…). Il y a ensuite les qualités de contenu de la présentation du CV : trop souvent, il est indigeste, rempli de termes généraux, sans aucune "valorisation". Le recruteur veut savoir la réalité des responsabilités exercées durant un stage, par exemple, et donc chaque responsabilité doit être quantifiée précisément. Concernant la motivation du jeune diplômé, les lettres de motivation qui circulent sur internet sont connues par les recruteurs et ne présentent que peu d’intérêt, voire aucun. Il est fondamental que le jeune diplômé sache montrer son intérêt pour l’entreprise. Cela démontre que le jeune diplômé est motivé car il s’est renseigné sur l’entreprise. Par ailleurs, la présentation en entretien, bien souvent catastrophique, se résume à "dire le CV". Ce qui n’apporte rien au recruteur… Enfin, il est très rare de voir un jeune diplômé ayant travaillé la définition de fonction du poste proposé, et qui a des réponses quant à sa formation et ses stages sur les points importants mentionnés dans cette description de fonction."
Disposer d'un réseau professionnel conséquent peut-il être un élément encore susceptible de faire la différence aujourd'hui ?
"Un réseau professionnel est bien entendu - et reste encore aujourd’hui - un élément important, capable de faire la différence. Quelques remarques me semblent néanmoins nécessaires. Au niveau de la constitution de son réseau, il ne faut pas confondre amis personnels et relations professionnelles. Son réseau doit être professionnel à travers les outils dédiés (LinkedIn, Viadeo,…) et amical avec d’autres (Facebook,…). Le mélange est à éviter ! Ensuite, le réseau doit se bâtir non par le nombre mais par l’intérêt professionnel. Il ne s’agit pas d’atteindre 500 ou 1000 contacts, mais d’avoir les bons contacts, ceux qui peuvent servir réellement au jeune diplômé et réciproquement. La prise de contact est à préparer en termes de message et d’explication pour que la personne contactée accepte la mise en relation. Enfin, encore faut-il « suivre » ses contacts ! Sur ce point, le jeune diplômé doit comprendre qu’aujourd’hui une bonne gestion et un bon suivi de sa base de contacts peut lui assurer une meilleure gestion de sa vie professionnelle."
Comment peut procéder un étudiant ou un jeune diplômé pour renforcer ses chances d'être recruté, si possible à un salaire élevé ?
"Il peut renforcer ses chances d’être recruté par différents moyens. Tout d’abord, ceux qui viennent d’être évoqués, à savoir les différentes qualités quant à la présentation, au curriculum vitae, l’explication de son parcours, la compréhension du poste et de l’entreprise… ainsi que la gestion de son réseau professionnel ! Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur les associations d’anciens, le bureau des anciens élèves, les associations d’aide à la recherche d’emploi (attention, elles sont nombreuses mais pas toujours très efficaces), les sites web spécialisés (Cadremploi, Keljob,… dont l’efficacité est plus que relative), les sites professionnels (LinkedIn, Viadeo), les associations professionnelles (avocats, juristes…) et groupements spécifiques (groupements patronaux dans la métallurgie, la chimie,…), les CCI, voire même les mairies (adjoint au maire en charge de l’emploi). Certains de ces moyens sont des " facilitateurs", c’est-à-dire des personnes qui peuvent introduire le jeune diplômé auprès d’une personne clé dans une entreprise ; ou des "informateurs", pouvant donner des informations sur des entreprises potentiellement en recrutement. Enfin, avoir un coach est certainement un moyen clé. Ce coach doit être ou avoir été à un poste qui lui a donné l’occasion de faire des recrutements. Compte tenu du manque de temps pour un "coach" en poste, s’il s’agit d’un professionnel, il faudra privilégier un coach à la retraite. Cette aide est souvent synonyme d’emploi trouvé plus rapidement et d’un meilleur poste.
Concernant la possibilité de percevoir un salaire plus élevé, cela est difficile à viser. En effet, les entreprises ont des "grilles de salaire", pour les postes et pour les jeunes, qui sont établies en fonction du niveau de diplôme et de l’université ou école. Il est donc peu probable qu’un jeune diplômé puisse "négocier" son salaire à la hausse très facilement. Cela n’est d’ailleurs pas utile : pour un premier poste, les grilles de salaire de l’entreprise vont s’appliquer. Ensuite, c’est au jeune diplômé embauché de faire ses preuves et c’est l’augmentation salariale annuelle qui fera la différence en fonction des résultats."
Propos recueillis par Louis Bertrand
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