Annonce du Xe colloque Mexico-Francia, 3-6 avril 2019
Xe Colloque International «México Francia…» Mémoires et sensibilités : Regards sur les migrations franco-mexicaines. Du 3 au 6 avril 2019
Comité d’organisation
Annick Foucrier, Université Paris-I Panthéon-Sorbonne
Jean-Marie Lassus, Université de Nantes
René Ceceña, UNAM-France
Javier Pérez Siller, Benemérita Universidad Autónoma de Puebla
Informes y contacto:
E-Mail: Xcoloquemexicofrancia@gmail.com
Ce Xe colloque « México Francia » s’articulera autour des regards sur les migrations franco mexicaines à partir de trois axes :
– Nouveaux regards
– Construction des regards
– Dialogues avec l’historiographie mexicaine
Comité Scientifique
Claude Bataillon
Jacqueline Covo-Maurice
Annick Lempérière
Jean Meyer
Benemérita Universidad Autónoma de Puebla
Centro de Estudios Mexicanos, UNAM-Francia
Université de Paris-I Panthéon-Sorbonne
Université de Nantes
Cet événement permettra d’établir un bilan sur la construction d’un objet d’étude – le sens des migrations franco mexicaines dans l’histoire et la culture -, sur l’utilisation d’une perspective – la mondialisation – et sur l’utilité d’une problématique – la sensibilité générée par le phénomène de migration. En même temps, il offrira l’opportunité de situer les productions du projet « México Francia » dans l’univers de l’historiographie mexicaine – diffusée aux États-Unis, au Mexique et en Europe – afin d’évaluer ses apports, d’identifier ses limites et d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche. Cette démarche apparaît nécessaire afin de rénover et de poursuivre une aventure intellectuelle qui fédère actuellement une cinquantaine d’historiens et d’étudiants issus d’universités mexicaines, françaises et étasuniennes.
Nous lançons un appel à la communauté scientifique pour réfléchir sur les regards, qu’ils soient endogènes ou exogènes, construits dans le champ de l’étude des migrations franco mexicaines et, ainsi, identifier leur contribution et leur sens, du point de vue de l’historiographie. Nous vous invitons à proposer vos communications pour le Xe Colloque International «México Francia» qui aura lieu du 3 au 6 avril 2019 dans les locaux de l’UNAM-France et Paris-I Panthéon-Sorbonne, à Paris.
Nouveaux regards
Il ne suffit pas de décrire ou de reconstruire le passé, il faut également s’efforcer de le penser, de l’interroger et de mettre en lumière les problèmes qu’il pose (L.Fevbre), de réfléchir sur la stratégie ou la poétique (G.Bachelard) de l’écriture pour transmettre ses résultats. Depuis quelques années l’étude sur les migrations franco mexicaines a trouvé sa place dans le vaste champ de l’historiographie et elle est considérée aujourd’hui comme un élément constitutif de l’histoire et la culture mexicaines.
Ce constat apparaît également chez les collègues européens et étasuniens dont l’intérêt pour les phénomènes migratoires en général (G.Noriel) ou plus particulièrement pour les migrations françaises vers les Amériques (Y.Frenette, H.Otero) se focalise sur des périodes déterminées – Intervention, Porfiriato, Révolution, Première Guerre mondiale – et sur des thèmes spécifiques comme la circulation des savoirs et des modèles (F-X. Guerra), les acteurs des migrations (Passeurs culturels, S. Gruzinski), les mécanismes de métissage et la citoyenneté (N. Green), les communautés, les associations et la vie quotidienne (A.Foucrier).
Ce colloque sera l’occasion d’explorer l’ensemble de ces perspectives, de révéler de nouvelles sources, de mettre en avant des problématiques de questionnement et, surtout, d’engager une vaste réflexion sur la construction des regards. Comment penser l’histoire des migrations franco mexicaines ? Quelles sources utiliser ? Quels éléments sélectionner pour son étude ? Á quelles échelles d’analyse ? Quelle place, quel rôle ont les migrations dans l’histoire et la culture franco mexicaines ?
Il nous importe de connaître des propositions de recherche et de réflexion sur les migrations au sens général qui utilisent différentes échelles d’analyse – flux migratoires, collectivités, entreprises, institutions, capitaux, objets, technologies, idées, modes, modèles – et proposent des approches novatrices afin d’alimenter une réflexion collective.
Grille d’analyse ou construction du regard ?
La proposition de recherche du projet «México Francia» s’appuie sur une conception à la fois singulière et élargie de «l’autre» (S.Todorov) : passé, individu et mémoire. Elle prend également ses racines dans des propositions méthodologiques complémentaires : la perspective de la mondialisation (F.Braudel, I. Wallerstein) et la problématique qui résulte de la construction des sensibilités (A.Farge, A.Corbin). Cet horizon conceptuel est naturellement alimenté par le cortège des nouveaux objets historiques qui se sont révélés ces dernières décennies – représentations, sentiments, passions – soulevant ainsi de nouveaux questionnements tels que : «affecter et être affecté» (M.Moroña, I.Sánchez Prado), les émotions (G.Vigarello), la relation entre les émotions et la mémoire (E.Traverso) ou encore la sagesse génératrice de plaisir et de douleur (J.Moscoso)…qu’il s’agisse des migrants qui arrivent avec de nouvelles aspirations ou de la communauté de réception qui se voit impactée par les étrangers.
Avec une intensité variable, l’ensemble de ces outils sont devenus un guide pour la recherche, une boussole qui oriente les réflexions et une stimulation pour écrire et transmettre les résultats de notre aventure intellectuelle. Le colloque sera une opportunité pour pratiquer une sorte d’«auto-histoire» (M.Agulhon) et s’interroger, à la lumière de sa production historiographique personnelle, sur l’usage de ces outils dans la construction d’un regard – une sorte de voyage intérieur – que chacun de nous a généré tout au long de ces deux décennies. Á quelle échelle appliquons-nous la perspective de la mondialisation? Quels indices, signes, causes ou conséquences pouvons-nous identifier dans cette perspective? Quelles sont les articulations observables entre migrations et mondialisation, entre tradition et modernité? Quelles hypothèses historiques soulèvent ces binômes? Comment pouvons-nous comprendre les affects, les émotions et les passions que les migrants ressentaient avant leur départ et comment percevaient-ils leur rencontre avec la communauté de réception? Comment ces sentiments et ces attachements étaient-ils représentés et quelle était leur signification?
La problématique de la construction des sensibilités, complexe pour ce qui est de sa définition, imprévisible quant à sa portée, créative dans ses propositions, pose beaucoup de questions. Comment l’utiliser pour l’histoire des migrations? Sous quels aspects se convertit-elle en guide pour la recherche, en prisme pour l’analyse, en stratégie d’écriture du passé? Jusqu’à quel point contribue-t-elle à expliquer les aspirations à la modernité induites par la francisation de la société mexicaine? Quels conflits d’interprétation provoque-t-elle? En d’autres termes, quelles pratiques mettons-nous en oeuvre pour construire un regard sur l’histoire des migrations? Et surtout, quel fut le parcours de ces pratiques historiques – entre permanences, transformations et déconstructions (J.Derrida) – qui ont produit ces regards?
Les sources : limites de la recherche ou enrichissement du regard ?
La majorité des membres qui animent le projet «México Francia» conçoit les sources comme une construction dans laquelle s’ordonnent les traces laissées par les hommes – authentiques ou non – avec les interrogations formulées par l’historien à partir du présent dans un horizon culturel déterminé (L.Febvre).
L’esprit qui anime le projet est de créer une communauté coopérative qui partage les sources et les questions dans le but de faire progresser la recherche. Dans cette perspective, il apparaît essentiel de promouvoir la collaboration avec le Centre des Archives Diplomatiques de Nantes (CDAN), les Archives Historiques et Diplomatiques de Mexico (AHDM) ainsi qu’avec les musées et les associations de descendants de migrants qui conservent des traces inestimables de leurs mémoires familiales. Dans le même temps, l’équipe de « México Francia » assure la diffusion de précieux documents à travers des publications – par exemple le Registre de la population française au Mexique de mai 1849, L’album d’honneur de tous les Français résidant au Mexique partis pour la France, 1914-1918 – ou en les proposant gratuitement en ligne sur le site du Laboratoire virtuel México Francia (www.mexicofrancia.org). Depuis son ouverture au public, en novembre 2009, le module Testimonios (témoignages) de notre laboratoire virtuel propose des documents sonores, des images, des textes et des vidéos qui ont été visionnés ou téléchargés plus de 80 000 fois.
Cependant, si les documents constituent toujours la base de la reconstruction du passé (Langlois et Seignobos), après vingt ans de pratique historique, il semble opportun de s’interroger: Quels types de documents avons-nous utilisés pour nos recherches ? Quels procédés – de critique et de méthode – avons-nous appliqués pour identifier et valider ces documents ? Quels outils utilisons-nous ou construisons-nous pour extraire et exploiter les informations que contiennent ces documents ? Comment les faisons-nous «parler» ? En d’autres termes, quelles sont les «recettes» que nous suivons pour transformer une trace du passé – document authentique ou non – en une source pour nos recherches ?
Ce colloque sera l’occasion d’évaluer la construction des sources, d’en révéler certaines encore inexplorées et de réfléchir sur les relations complexes entre les pratiques de l’historien dans la construction des sources et son rôle, quelquefois déterminant, dans l’écriture du passé (R.Chartier).
Dialogues avec l’historiographie et nouvelles perspectives
Durant presque deux décennies les membres du projet «México Francia» ont contribué à la publication de plus d’une vingtaine d’ouvrages. Certains sont le fruit d’un effort collectif et furent inspirés par des journées d’études ou bien des colloques internationaux: en premier lieu, la série Mexico Francia : memoria de una sensibilidad común, siglos XIXe-XXe vols. I-VI (1998, 2004, 2010, 2014, 2016) ainsi que Les Français au Mexique : Migrations et absences vol.I (2015), également Savoirs, réseaux et représentations, vol.2 (2015). D’autres sont le fruit de colloques nationaux sur des thématiques plus précises comme les études régionales ou les histoires de vie : Eugène Latapi (2004), Los Barcelonnettes en México (2008), El sueño inconcluso d’Émile Bénard (2009), Franceses del México colonial al contemporáneo (2011). D’autres, encore, sont le résultat de discussions ayant eu lieu pendant des journées d’études organisées avec la collaboration de différentes institutions : Le Mexique terre de migration (Cahiers de l’ALHIM, Paris-8, 2009), Enfermedad, epidemias, higiene y control social (2013) ou bien sont issus de thèses d’étudiants élaborées en cotutelle sur L’image de la France au Mexique (2011), sans oublier les ouvrages individuels et les nombreux articles.
Il s’agit d’une riche et abondante production scientifique – basée sur des sources de première main et des documents iconographiques exceptionnels – traitant d’aspects et de problèmes qui mettent en lumière le sens des migrations franco mexicaines dans l’histoire. Si la majorité des travaux apporte des connaissances nouvelles et repousse les frontières du passé, nous n’avons pas encore réalisé de bilan sur leur pertinence, leur impact ou leur influence sur l’historiographie et les sciences humaines. Quels ont été les apports du projet «México Francia» ? Quelles connaissances ont été produites et comment ont-elles influencé l’étude de nouveaux thèmes dans l’histoire mexicaine ou française ? Enfin, de quelle manière et jusqu’à quel point, cette production a-t-elle contribué à la transition de la «vieille» histoire nationale (F.Florescano) vers une histoire interconnectée (S.Subrahmanyam) ou mondiale (P. Boucheron) ?
Ce colloque lance un appel à la communauté académique afin de réaliser, ensemble, un bilan minutieux et critique des forces et des limites du projet de recherche «México Francia» dans le paysage de l’historiographie mexicaine diffusée aux États-Unis, au Mexique et en Europe. C’est sur cette base que s’établira un dialogue comparatif avec les chercheurs qui travaillent sur les migrations françaises vers d’autres latitudes – Canada (Y.Frenette), États-Unis (N.Green), Argentine (H.Otero), Brésil (L.Vidal), Pérou (P.Riviale), Indochine, Algérie et Tunisie – pour identifier les thèmes et les perspectives connexes et ouvrir de nouvelles pistes de recherche qui contribueront à la connaissance des migrations. Cette confrontation permettra d’explorer le sens de ce phénomène dans l’histoire et la culture et de déterminer ses apports et ses enseignements pour faire face aux défis générés par le nomadisme actuel.
Méthodes de travail
L’instauration d’une dynamique favorisant le plus vaste échange d’idées renforcera ces perspectives. Les différentes communications seront réparties par axes d’analyse, auxquels seront consacrées une ou deux sessions pendant les journées du colloque. Elles seront présentées sous forme de synthèses et ne devront pas excéder 20 minutes de temps de parole, afin de donner la priorité au débat.
C’est pourquoi les communications seront accessibles aux participants sur le site du laboratoire virtuel www.mexicofrancia.org quelques jours avant le colloque afin que leur lecture puisse nourrir la discussion ; elles seront enrichies par cette réflexion collective, donnant ainsi la possibilité à leurs auteurs de les affiner en vue de leur publication dans les chapitres du VIIIème ouvrage du projet «Mexico Francia». La qualité des communications et la participation active des chercheurs et du public pendant les journées du colloque assureront son succès et la notoriété de notre publication.
Les langues du colloque sont : français et espagnol
Dates à retenir
12 octobre 2018
Les personnes intéressées envoient le titre de leur communication, avec un résumé de 250 mots, ainsi qu’un bref CV.
31 octobre 2018
Après examen des propositions, le Comité d’organisation envoie les lettres d’acceptation, ainsi que le programme prévisionnel.
14 février 2019
Réception des communications par courriel électronique.
21 mars 2019
Les communications seront disponibles sur le site du Laboratoire virtuel México Francia: www.mexicofrancia.org