Séminaire de Master 1 : Nancy L. Green a présenté son livre sur « Les Américains de Paris » (compte-rendu)
Le mardi 2 décembre 2014, Nancy L. Green (EHESS) a présenté son livre sur Les Américains de Paris: Hommes d’affaires, comtesses et jeunes oisifs, 1880-1941, Belin, 2014, au séminaire de M2, de 16h à 18h.
Compte-rendu rédigé par Allison Covarrubias, avec les contributions d’Iris Barghon-Pons, Zeynep Ozbey et Marion Pelouard.
Le mardi 2 décembre 2014, le CRHNA a reçu Nancy L. Green, née à Chicago et directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, où elle est membre du Centre de Recherches Historiques, spécialiste de l’histoire des femmes et de l’immigration. L’historienne est venue présenter au séminaire de master 1 son dernier ouvrage, Les Américains de Paris , publié chez Belin en octobre 2014.
Dans son livre, Nancy Green retrace l’histoire des Américains installés à Paris au début du XXème siècle notamment à travers des figures d’hommes d’affaires, de juristes, de soldats démobilisés, d’Américaines très riches prêtes à épouser des aristocrates français, sans oublier d’autres personnages plus célèbres, écrivains et peintres de la « Lost generation » comme Gertrude Stein, Francis S. Fitzgerald ou Ernest Hemingway.
C’est avant tout le sujet de l’immigration qui a intéressé les élèves du master, du fait de leurs travaux similaires menés sur l’immigration française de Chicago à cette même époque (1930/1940). L’intervention de Nancy Green a permis d’évoquer certains concepts propres à l’immigration comme celui de « colonie » américaine. Cette notion semble plus adéquate que celle de « communauté » puisque, comme nous le montre l’exemple de la colonie américaine, une colonie s’efforce de s’intégrer au pays d’accueil par l’adoption de certaines coutumes tout en gardant ses particularités propres. En l’occurrence ici, on a vu que les Américains venus à Paris s’approprient certaines valeurs françaises notamment la mode, mais se distinguent des Français en créant leurs propres institutions comme des églises, une cathédrale, des hôpitaux, des librairies, dont la célèbre Shakespeare Library fondée en 1921 par l’Américaine Sylvia Beach. Ainsi l’immigration américaine à Paris, à cette époque, est ce que l’on peut appeler une « immigration des élites » selon l’auteur, une façon de rappeler à quel point la classe sociale des immigrants joue un rôle central pour leur intégration dans le pays d’accueil.
D’autre part, cette étude a permis de complexifier la vision que nous avons de ces Américains venus vivre à Paris avant la Seconde Guerre mondiale, sans la restreindre aux seuls artistes américains. Plusieurs raisons poussèrent les Américains à franchir l’Atlantique pour s’installer à Paris, des raisons économiques, politiques et sociales : souvent pour échapper à la prohibition et aux impôts, mais aussi pour le travail, le commerce, l’éducation des jeunes filles et le divertissement. Cette immigration paraît d’autant plus remarquable qu’à cette même période les États-Unis sont encore dans une période d’isolationnisme vis-à-vis de l’Europe. Afin d’enrichir ses recherches, Nancy Green a utilisé diverses sources comme les archives du consulat des États-Unis ou celles de la Chambre de Commerce Américaine, une institution fondée en 1894 et dont les documents portent la trace de l’installation des Américains à Paris. Elle a aussi pu avoir accès aux archives du cabinet juridique S. G. Archibald.
Ainsi, nous avons beaucoup appris sur ces Américains de Paris. Si certains venaient en quête de civilisation « européenne », d’autres, nombreux, ont contribué à diffuser la modernité américaine. Nancy Green nous a éclairés sur la manière dont ils ont ancré leur présence et établi des relations avec les Français. Les Américains de Paris nous renvoient avant tout à cette éternelle question : « qu’est-ce qu’être Américain? »