Deja vu

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Tapis non pas volant mais flottant, le Rug rampe au sol, extrêmement lentement. Il en tire des vertus hypnotiques. Reptilien, le Rug fascine – et cette fascination est pour le moins paradoxale, émanant d’un objet, qui, à proprement parler, ne ressemble à rien. Tapi au sol comme une carpette, il n’inspire aucune déférence particulière ; son air de rien suscite une forme de sympathie, voire un apitoiement amusé. Dans le même temps, sa fragilité et sa brillance suggèrent une certaine préciosité. Le Rug a la tristesse et la beauté des papiers de Noël qui jonchent le sol après la fête – des papiers qui, plutôt que de se laisser porter par des courants d’air, auraient pris la liberté d’arpenter le monde à leur guise.
Films, Floats and Panoramas, Musée château d’Annecy, 2006.Curator et auteur : Juliette Singer. « Tout ce qui est mû est mû par quelque chose ». Catalogue

Ses sculptures, modules géométriques, sont une allusion ironique à l’art minimal. […] elles sont sonores, mais le bruit de leur moteur est presque inaudible, elles sont déterminées dans leur cheminement, mais leur projet reste hasardeux, elles sont là et ailleurs à la fois.
Robert Breer, gb agency, 2001. Communiqué de presse 

Ces pièces des années 60 activent l’espace autour d’elles et structurent le temps du spectateur. En effet, la lenteur excessive de leur mouvement provoque notre mémoire, leur présence devient une trace mentale, de l’ordre du déjà vu.
Robert Breer, gb agency, 2004. Communiqué de presse

Robert Breer | Rug (1966)

Aluminium et moteurs, 210 x 140 cm Collection Antoine de Galbert, Paris Courtesy Antoine de Galbert et gb agency, Paris
© laurent thion / ecliptique

Robert BREER

Robert Breer : né en 1926, il vit et travaille à Tucson (Arizona, USA). Après des études d’art à l'université de Stanford, il abandonne rapidement la peinture et dès 1952, crée des films et des sculptures en mouvements. Le prix Max Ernst lui est décerné en 1969, lors du Festival du Film de Oberhausen (Allemagne). Enseignant le cinéma à Cooper Union, une première rétrospective lui est consacrée au Whitney Museum en 1980.

Le Centre Georges Pompidou, Musée National d’Art Moderne le convie en 2001 à une rétrospective organisée en lien avec une exposition personnelle que lui consacre la galerie gb agency, Paris, qui le représente en France.

> www.gbagency.fr