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Michel Journiac
Le travestissement est le moyen de manifester une identité transitoire, toujours autre et insoumise. L'artiste désigne et déjoue tous les modes de conditionnement sociaux, économiques, culturels, et historiques collectifs qui définissent les identités et, notamment ici, le clivage entre féminin et masculin.
24 heures de la vie d'une femme ordinaire
, La Galerie, Noisy le Sec, 2001. Curator : Hélène Chouteau. Communiqué de presse
Nous avons besoin de remèdes politiques, visuels, sensoriels, culturels. Soit des propositions qui ne guérissent pas seulement mais redistribuent les circulations, élargissent notre champ. Nous avons besoin d'un contrat qui n'administre pas seulement des formes, mais donne des formes à la vie. [...] Nous avons besoin d'oeuvres qui ne se contemplent plus mais nous convoquent, nous contraignent, nous conduisent aux termes de ce pacte exposant la vie. Nous avons besoin d'oeuvres à la hauteur de ce que nous vivons. [...]
Cosmos, des fragments futurs
, Grenoble, Magasin CNAC, 1995. Frank Perrin.« Section des urgences et des objets de survie » - S'exposer. Catalogue
[...] Avec l'amie Marcelle nous l'accompagnâmes dans ses achats, d'abord aux Galeries Lafayette pour choisir des vêtements féminins, chaussures à talons et dessous compris. Sa mère lui prêta la perruque qu'elle portait et qu'il avait déjà empruntée pour les photos de l'
Hommage à Freud
. L'appartement familial servit de décor à toutes les représentations de la vie quotidienne, la table de la salle à manger, la cuisine et même le lit conjugal de ses parents, aucun détail n'échappa à sa vigilance. [...]
Michel Journiac
, MAMCS, Strasbourg, 2004. Jacques Rougemont. Catalogue
Sept lieux communs en forme de parti pris (à l'usage de qui me trouve déraison).
1er lieu commun : dresser le constat de la mise en accusation du corps : par les flics de l'art, les flics de la morale, les flics des mots. 2e lieu commun : reconnaître que toute création est politique, en ce qu'elle est irrémédiablement anarchiste. Elle est ce qui dit NON, ce par quoi s'assume la négation, la distance, l'approche du désir. 3e lieu commun : vouloir la création comme situation critique, vérité vécue de l'ambigüité sociologique. 4e lieu commun : accepter comme origine existentielle, nécessaire de la création, jeu commun des contradictions : le corps, réel insurmontable. 5e lieu commun : saisir le corps comme viande consciente, donné à lui même par le réel sociologique dans le geste, le mot, l'objet et cependant détruit, mutilé, nié, par ce qui lui accorde provisoirement la survie. 6e lieu commun : se donner comme projet « l'objet du corps et le corps de l'objet » et accepter comme sous titre ironique « tentative de création d'une sémantique objectale et objectante ». 7e lieu commun : donner le réel sociologique, contesté par le corps comme lieu de rencontre, dans la création, de soi et de l'autre.
Michel Journiac. Texte publié pour la première exposition des
24 heures
en 1974, repris dans le journal de la Galerie en 2001.
The strategy of appropriating and disordering gender roles is visible in the cycle of staged photographs
24 Hours in the Life of an Ordinary Woman
(1974-94). [...] These portrayals of Journiac in drag in scenes based on stereotypes from women's magazines retain their ability to upset the hegemonic discourse of class, gender and identity.
What Keeps Mankind Alive?
, 11e biennale d’Istanbul, 2009. Site Internet
[...] pas plus que le boudin, ces travestissements ne sont de provocations. Même femme, Journiac n’est pas un travelot sorti tout droit de
Chez Michou
ou une
crockette
agressive la perruque en bataille. Il traite de la norme et des mimétismes, pas d'apparence, fusse celle qui renverrait à des pulsions plus profondes. Ceci est mon corps, ceci n'est pas mon corps.
Michel Journiac
, MAMCS, Strasbourg, 2004. Arnaud Labelle-Rojoux. Catalogue
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